Le Baal HaSoulam consacra sa vie entière à expliquer la sagesse de la Kabbale. Il développa une méthode unique pour l'enseigner, permettant à chacun d'analyser la réalité dans laquelle nous vivons, et de découvrir ses racines et son but.
Le Rav Yéhouda Ashlag (1884 - 1954) est plus connu sous le nom du Baal HaSoulam (Maître de l'Echelle) pour son œuvre Peroush HaSoulam, commentaire du Livre du Zohar.
«J'ai grand besoin de briser le mur de fer qui nous sépare de la sagesse de la Kabbale» écrit le Baal HaSoulam. De fait, il est le premier à avoir expliqué entièrement le Livre du Zohar, les Ecrits du Ari, le premier qui adapta cette sagesse antique à l'homme moderne, le premier qui publia un journal kabbalistique et le diffusa à un large public. Dans son cœur vibrait une inquiétude quant à l'avenir des hommes, un amour qui le guida continuellement tout au long de sa vie.
De Varsovie à Jérusalem
Le Baal HaSoulam est né en Pologne. A 19 ans, il fut ordonné rav par les plus grands rabbins de Varsovie et pendant 16 ans, il exerça en tant que juge aux affaires religieuses, et en tant que professeur. Son professeur fut Rabbi Yehoshoua de Poursov.
Une nuit de l'année 1921, tandis qu'un vent violent souffle au dehors, l'intérieur de la maison de la famille Ashlag tout le monde est silencieux. Le Baal HaSoulam rentre de son trajet habituel de chez son maître, cette fois-ci cependant, il semble plus préoccupé que jamais.
Il pose son sac de voyage dans le coin de la pièce et s'assoit sur le canapé, introverti, aucun mot ne sort de sa bouche. Dans quelques heures il annoncera à sa famille: «nous sommes au seuil d'une nouvelle période. J'ai reçu de mon maître tout ce que je pouvais, il ne m'est plus possible de rester en Pologne, le temps est venu de partir en Israël. »
Ce même jour de l'année 1921, n'était pas la première fois que le Baal HaSoulam exprimait son désir d'immigrer en Israël. Plusieurs années auparavant, il avait tenté d'organiser l'immigration d'un groupe d'une centaine de familles pour fonder en Israël une implantation commune. Il disait à toute personne intéressée «de sombres présages noircissent le ciel de l'Europe», «l'heure tourne, il ne nous reste plus beaucoup de temps».
Le groupe avait déjà commandé des cabanes de Suède et se préparait à immigrer, cependant, les rabbins de Varsovie découvrir le projet et par peur de l'influence des laïcs en Israël, interdirent au groupe de partir. Ils les menacèrent par différents moyens et finalement le groupe se dissous. Cependant le Baal HaSoulam ne renonça pas, et il continua sa préparation. Beaucoup plus tard, lorsqu'il se retrouva démuni, il immigra avec sa famille et s'installa à Jérusalem.
La nouvelle de son arrivée se répandit rapidement parmi les Juifs polonais et il devint vite une autorité dans la sagesse de la Kabbale. Petit à petit, un groupe d'étudiants se forma autour de lui et commencèrent à venir à son domicile aux petites heures du matin pour étudier la Kabbale. Puis le Baal HaSoulam quitta la Vieille Ville pour s'installer dans sa banlieue à Guivat Shaül où il officia pendant plusieurs années.
Son oeuvre
Le Baal HaSoulam vécut à Londres de 1926 à 1928, période pendant laquelle il écrivit les commentaires Panim Meirot ve Panim Masbirot sur l'Arbre de Vie du Ari et publié en 1927. Parallèlement, il entretint une importante correspondance avec ses étudiants qui fut publiée un peu plus tard sous le titre Pri Hacham (le Fruit d'un Sage). En 1933, il publia les traités de Matan Torah (le Don de la Torah), Arvout (la Garantie Mutuelle) et HaShalom (La Paix).
Ses deux travaux principaux, fruits de longues années de labeur, sont le Talmud Esser Sefirot (Etude des dix Sefirot), basé sur les écrits du Ari et Le Soulam (L'Echelle), commentaire du Livre du Zohar. La publication des 16 tomes du Talmud Esser Sefirot débuta en 1937. En 1940, fut publié son livre Beit Shaar HaKavanot (Le Seuil des Intentions), contenant des commentaires sur des écrits choisis du Ari. Le commentaire du Soulam du Livre du Zohar fut publié en 18 volumes entre 1945 et 1953. Un peu plus tard, le Baal HaSoulam écrivit trois volumes supplémentaires dans lesquels il commenta Le Nouveau Zohar. La publication de son dernier commentaire fut achevée après son décès, en 1955.
Voici ce qu'il écrivit dans son Introduction au Livre du Zohar (point 58); «Mon commentaire s'intitule Le Soulam (L'échelle) pour montrer l'analogie entre ce dernier et n'importe quelle échelle: « si vous disposez d'un grenier rempli de bonnes choses, vous n'avez besoin que d'une échelle pour y accéder et vous aurez toute l'abondance du monde entre vos mains.»
Le Baal HaSoulam rédigea également une série d'introductions qui préparent l'étudiant à étudier correctement les écrits de la Kabbale et qui expliquent la marche à suivre pour l'étude. Celle-ci inclut La Préface au Livre du Zohar, Introduction au Livre du Zohar, la Préface à la Sagesse de la Kabbale, la Préface au commentaire du Soulam. Une préface générale à l'Arbre de Vie, une Introduction au Talmud des dix Sefirot.
En 1940, le Baal HaSoulam publia un journal qu'il appela La Nation.
Les Écrits de la dernière génération qu'il écrivit sur la fin de sa vie, est une analyse de différentes doctrines de gouvernement et un descriptif d'un plan détaillé aidant à la construction de la société future réparée.
La promotion de ses idées
Le Baal HaSoulam ne s'est pas contenté que de mettre ses idées par écrit mais il a également oeuvré ardemment à les promouvoir. Il a même rencontré dans cette optique différents représentants de l'État d'Israël, tels que Ben Gurion, Chaim Nachman Bialik, Salman Shazar, Moshe Sharet, Chaim Arlozorov, Moshe Aram, Meir Yaari, Yaakov Hazan et Dov Sadan.
Il peut paraître surprenant que Baal HaSoulam ait cherché à se rapprocher du mouvement Travailliste hébreu, compte tenu de la divergence de mentalité et de culture entre eux. Cependant un examen minutieux et plus approfondi de ses écrits dévoile la personnalité complexe et fascinante d'un individu large d'esprit, doté d'une éducation solide et qui était très engagé dans les évènements du monde en général et ceux d'Israël en particulier.
Sur l'homme
Voici un article du journal Haaretz publié le 17 Décembre 2004: « Shlomo Shoham, criminologue et lauréat du Prix Israël, au début des années 50, entreprit un jour de rendre visite au kabbaliste Yéhouda Ashlag. [...] A l'époque Ashlag essayait d'imprimer «HaSoulam» traduction en hébreu du «Livre du Zohar» accompagné d'un important commentaire. A chaque fois qu'il récoltait un peu d'argent, en provenance de petites donations, il imprimait des parties de son commentaire. «Je l'ai trouvé dans une habitation délabrée, presque en ruine, abritant une vieille presse à imprimer. Ne pouvant pas se permettre de payer un typographe, il faisait lui même la composition, caractère par caractère, restant devant sa machine pendant des heures, bien qu'il fut proche de la fin de la soixantaine. Ashlag était visiblement un Tsadik, un homme humble avec un visage rayonnant, mais il était un personnage marginal et très pauvre. J'ai su plus tard qu'il avait passé tellement d'heures à composer que le plomb des caractères lui avait endommagé sa santé.»
Seulement 60 ans après son décès, il commence à être connu et reconnu par le monde académique. Aujourd'hui, la plupart des études contemporaines de la Kabbale, ainsi que l'approche des différentes sources de la Kabbale sont possibles grâce à son travail monumental.
Depuis quelques années, son enseignement attire l'attention de centaines de milliers de personnes à travers le monde, qui étudient et recherchent son enseignement dans de nombreuses langues. Le Baal HaSoulam mourut en 1954, et son fils aîné, le Rav Baruch Shalom Ashlag, continua son chemin.