J’ai entendu, 15 Kislev, Shabbat
Dans la prière Shmona Esré [dix-huit] : « Car Tu entends la prière de chaque bouche de Ton peuple, Israël, avec miséricorde. » Cela semble déroutant : d’abord nous disons « car Tu entends la prière de chaque bouche », signifiant que même d’une bouche indigne, le Créateur entend aussi. Il est écrit « chaque bouche », signifiant même celle qui ne mérite pas d’être écouté. Ensuite il est dit : « Ton peuple, Israël, avec miséricorde », signifiant précisément une prière qui est dans la miséricorde, sinon, elle n’est pas entendue.
Le fait est que nous devons savoir que tout le poids dans le travail du Créateur est à cause de la contradiction qui se trouve à chaque étape. Par exemple, il y a une règle disant que l’homme doit être humble. Mais si nous suivons cette extrémité, même si nos sages ont dit « soit très, très humble », toujours est-il que cette extrémité ne signifie pas qu’elle devrait être une règle, car nous savons que l’homme doit aller contre le monde entier et non pas s’incliner devant la prolifération des points de vue qui abondent dans le monde, comme il est écrit : « son cœur fut élevé dans les voies du Seigneur ». Par conséquent, cette règle n’est pas une règle dont nous pouvons dire qu’elle est parfaite.
Et si nous allons à l’autre extrémité, qui est l’orgueil, cela aussi est faux, puisque « celui qui est fier », dit le Créateur, « lui et Moi ne pouvons résider dans la même demeure ». Et nous pouvons également voir la contradiction dans la question des souffrances. Si le Créateur envoie des souffrances à une certaine personne, et nous devons croire que le Créateur est bon et fait le bien, alors les souffrances qu’Il a envoyées sont nécessairement pour le bien de la personne. Alors pourquoi prions-nous pour que le Créateur nous retire les souffrances ?
En ce qui concerne les souffrances, il faut savoir que les souffrances ne viennent que pour corriger l’homme, afin qu’il puisse recevoir la lumière du Créateur. Le rôle des souffrances est de nettoyer le corps, comme nos sages ont dit : « comme le sel adoucit la viande, les souffrances nettoient le corps ». En ce qui concerne la prière, ils l’ont établie à la place des souffrances. Ainsi, la prière nettoie également le corps.
Toutefois, la prière est appelée « le chemin de la Torah ». C’est pourquoi la prière est plus efficace pour adoucir le corps que les souffrances. Par conséquent, c’est une Mitsva de prier pour les souffrances, puisqu’il en découle un avantage supplémentaire, pour l’individu et pour tout le monde.
À cause de cela, la contradiction engendre un poids et des interruptions dans le travail du Créateur. L’homme ne peut pas continuer le travail et se sent mal. Il lui semble qu’il est indigne d’assumer le fardeau du Royaume des cieux « comme un bœuf au fardeau et comme un âne à la charge ». Ainsi, à ce moment-là, il est appelé « indésirable ».
Toutefois, puisque sa seule intention est d’étendre la foi, appelée Malkhout, c’est-à-dire de relever la Shekhina [Divinité] de la poussière, l’intention de l’homme est de de faire grandir Son nom dans le monde, c’est-à-dire Sa grandeur, de sorte que la Shekhina ne soit pas pauvre ni maigre. Alors le Créateur « entend la prière de chaque bouche », même de celui qui n’est pas si digne, qui se sent encore éloigné du travail du Créateur.
C’est le sens de « car Tu entends la prière de chaque bouche ». Quand entend-Il chaque bouche ? Quand le peuple d’Israël prie avec miséricorde, c’est-à-dire simplement avec miséricorde. Quand l’homme prie pour relever la Divinité de la poussière, pour recevoir la foi.
Cela ressemble à quelqu’un qui n’a pas mangé depuis trois jours. Alors quand il demande à quelqu’un de lui donner quelque chose à manger, il ne demande pas des choses inutiles ou superflues, mais simplement qu’il lui donne quelque chose pour que son âme vive.
De même, dans le travail du Créateur, quand il se tient entre ciel et terre, l’homme ne demande rien de superflu au Créateur, mais uniquement la lumière de la foi, que le Créateur lui ouvre les yeux pour qu’il puisse recevoir la foi. Ceci est appelé « relever la Shekhina [Divinité] de la poussière ». Et cette prière est acceptée de « chaque bouche ». En fait, peu importe dans quelle situation l’homme se trouve, s’il demande que son âme vive par la foi, cette prière est exaucée.
Cela s’appelle « avec miséricorde », lorsque la prière est uniquement pour que d’en-haut on ait pitié de lui, pour qu’il puisse maintenir sa vitalité. Et c’est le sens de ce qui est écrit dans le Zohar, que la prière pour les pauvres est tout de suite acceptée, c’est-à-dire que quand elle est pour la Shekhina, elle est tout de suite acceptée.