J’ai entendu, 9 Nissan, 1948
À propos du verset « tout autour de lui n’est que tumulte », les sages ont dit que « le Créateur est méticuleux avec les justes comme un fil de cheveux » – et nous demandons pourquoi méritent-ils une si grande punition si, en général, ce sont des justes ?
Le fait est que toutes les limites dont on parle dans la réalité des mondes sont par rapport à ceux qui reçoivent. Autrement dit, puisque l’inférieur se limite et se restreint, il reste ainsi en bas. C’est pourquoi, on accepte en haut, tout ce que font les inférieurs, et c’est dans cette mesure que l’abondance est attirée en bas. Ainsi l’inférieur, avec sa pensée, ses propos et ses actes, attire l’abondance de haut en bas.
Il se trouve que si l’inférieur considère une pensée, une parole ou un petit acte comme une grande action – par exemple, s’il considère le fait de ne pas adhérer ne serait-ce qu’un instant au Créateur comme une infraction à la Torah, la plus grave possible –, alors en haut aussi, on est d’accord avec son appréciation et on considère qu’il a vraiment commis une grave infraction. C’est dans ce sens que le juste dit que le Créateur est méticuleux avec lui, et selon ce que dit l’inférieur, on est d’accord avec lui en haut.
Lorsque l’inférieur ne ressent pas qu’un léger interdit est aussi grave qu’un interdit sévère, en haut aussi on ne considère pas ses légères transgressions comme de grands interdits. Il se trouve qu’avec une telle personne, on agit comme si c’était une petite personne. C’est-à-dire que ses bonnes actions et ses infractions sont considérées comme petites, car les deux se voient attribuer un même poids, et cette personne est donc généralement vue comme quelqu’un de petit.
Par contre, celui qui soupèse les petites choses et dit que le Créateur est pointilleux avec elles, celui-ci est considéré comme un grand homme et ses infractions ainsi que ses bonnes actions sont grandes.
Selon le plaisir que ressent l’homme lorsqu’il effectue une bonne action dans la même mesure il peut ressentir les souffrances lors d’une infraction. Il y a à ce propos une histoire : un homme qui avait commis une grave infraction contre le royaume a été condamné à 20 ans de réclusion avec travaux forcés. Le lieu de détention était loin de son pays, dans un lieu isolé, son verdict fut aussitôt exécuté et il fut envoyé dans cet endroit isolé à l’autre bout du monde.
Là-bas, il trouva d’autres personnes condamnées comme lui par le royaume, mais il commença à souffrir d’amnésie et oublia qu’il avait une femme et des enfants, des amis et des proches. Il pensa alors que le monde entier n’était pas plus que ce qu’il voyait de ce monde isolé, avec les gens qui s’y trouvent, qu’il y était né et ne savait rien de plus que cela. Il se trouve que sa vérité est en fonction de ce qu’il ressent sur le moment et qu’il n’a aucune considération pour la véritable réalité, mais seulement d’après ce qu’il sait et ressent.
Là-bas, on étudie avec lui les lois et la jurisprudence afin qu’il ne transgresse plus les lois et se préserve ainsi de ne pas commettre toutes les infractions écrites dans les lois, et qu’il sache quoi faire pour corriger ses actes afin de sortir de cet endroit. Et lorsqu’il étudie les livres de droit du roi, il voit que celui qui commet cette infraction, par exemple, est expédié à l’autre bout du monde et il s’étonne d’une punition aussi sévère, et il est indigné du fait que l’on puisse donner des punitions aussi sévères.
Mais à aucun moment il ne se doute que lui-même a commis une infraction contre les lois de l’État et qu’il a déjà été jugé pour cela, et que son jugement a été exécuté, mais parce qu’il souffre d’amnésie, il ne ressentira jamais la vraie réalité.
Tel est le sens de « tout autour de lui n’est que tumulte », l’homme doit faire un examen de conscience à chaque pas, que lui aussi a transgressé les commandements du roi, et que ce dernier l’a déjà expulsé de son pays. Lorsqu’il multiplie les bonnes actions, sa mémoire commence à fonctionner et à ressentir combien il s’est éloigné de son lieu de résidence, et il commence à se repentir jusqu’à ce que le roi le sorte de là et le ramène dans son pays. Ce sentiment parvient à l’homme grâce à son travail, et il commence à ressentir combien il s’est éloigné de son lieu d’origine et de ses racines, jusqu’à qu’il soit récompensé d’adhérer au Créateur.