19 - Que veut dire que le Créateur hait les corps dans le travail ?
J’ai entendu, 1943, Jérusalem
Le Zohar dit que le Créateur hait les corps.
Il dit qu’il faut interpréter cette phrase comme le désir de recevoir, appelée Gouf [corps]. Puisque le Créateur a créé Son monde pour Sa gloire, comme il est écrit « Tout ce qui porte Mon Nom, Je l’ai créé pour Ma gloire, Je l’ai formé, oui, Je l’ai fait », donc, c’est en contradiction avec les arguments qu’avance le corps, que tout est pour lui, dans son seul intérêt. Le Créateur dit le contraire, que tout doit être en vue du Créateur. De là, les sages ont dit que le Créateur dit : « lui et Moi ne pouvons résider dans la même demeure ».
Il en résulte que le principal séparateur, qui empêche d’adhérer au Créateur, est le désir de recevoir. Cela se voit quand le méchant vient, c’est-à-dire que le désir de recevoir se présente et demande : « Pourquoi veux-tu travailler pour le Créateur ? » On pense qu’il parle comme le font les êtres humains, c’est-à-dire qu’il veut comprendre avec sa raison, mais il n’en est rien, puisqu’il ne demande pas pour qui il travaille, car c’est certainement un argument rationnel, car cet argument s’éveille chez celui qui est doté de raison.
A la place, l’argument du méchant est d’ordre corporel. Il demande : « Quel est le travail ? » En d’autres termes : Quel profit vas-tu tirer des efforts que tu fournis ? Cela veut dire qu’il demande : « Si tu ne travailles pas pour toi-même, quel avantage le corps, appelé “le désir de recevoir pour soi-même” va-t-il donc en tirer ? »
Puisqu’il s’agit d’un argument corporel, la réponse ne peut-être que corporelle : « il émoussa ses dents, s’il n’avait pas été là, il n’aurait pas été sauvé ». Pourquoi ? Parce qu’il n’y a pas de salut pour le désir de recevoir pour soi, même au temps de la rédemption. Car la notion de rédemption sera lorsque tous les bénéfices rentreront dans les récipients du don et pas dans ceux de réception.
Le désir de recevoir pour soi doit toujours être manque, car remplir le désir de recevoir équivaut vraiment à la mort. La raison en est, comme nous l’avons dit ci-dessus, que la création était d’abord pour Sa gloire (ce qui répond à ce qui est écrit que Son désir est de faire le bien à Ses créatures, non à Lui-même). L’interprétation sera que la quintessence de la Création, qui est de révéler à tous que le but de la création est de faire du bien à Ses créatures, est spécifiquement quand quelqu’un dit qu’il a été créé pour honorer le Créateur. À ce moment, dans ces récipients, le but de la création est révélé, qui est de faire le bien à Ses créatures.
C’est pour cette raison que l’homme doit toujours examiner le but de son travail, à savoir que le Créateur reçoive du contentement de chacun de ses actes, parce qu’il veut l’équivalence de forme avec le Créateur. Cela s’appelle « toutes tes actions seront pour le Créateur », c’est-à-dire que l’homme veut que le Créateur ait du plaisir de tout ce qu’il fait, comme il est écrit « procurer contentement à son Créateur ».
Alors il faut se comporter avec le désir de recevoir et lui dire : « J’ai déjà décidé que je ne veux recevoir aucun plaisir dont tu puisses te réjouir. À cause de ton désir, je suis obligé d’être séparé du Créateur, car la disparité de forme engendre la séparation et l’éloignement du Créateur. »
L’espoir devrait être que puisque l’homme ne peut se libérer de la domination du désir de recevoir, et qu’il se trouve en perpétuelles ascensions ou descentes, de ce fait il attend du Créateur qu’Il lui ouvre les yeux et lui donne la force de surmonter, de travailler uniquement pour Lui. Il est écrit : « Je n’ai demandé qu’une chose au Créateur et c’est elle que je demande ». « Elle » est la Shekhina. Et il demande « que je puisse m’assoir dans la maison du Seigneur tous les jours de ma vie ». La maison du Seigneur, s’appelle la Shekhina.
Maintenant, nous pouvons comprendre ce que nos sages ont dit à propos de ce verset : « Vous prendrez pour vous le premier jour, le premier pour le décompte des infractions. » Il faut comprendre quelle est la joie, s’il y a de la place pour le décompte des infractions.
Il dit que nous devons savoir qu’il est question de l’importance de l’effort, alors il y a un contact entre l’individu et le Créateur. Ce qui veut dire que l’homme ressent qu’il a besoin du Créateur, puisque lors de l’effort, l’homme voit qu’il n’y a personne au monde qui puisse le sauver de la situation dans laquelle il se trouve, sauf le Créateur. Alors l’homme voit « qu’il n’y a rien hormis Lui » qui peut le sauver de la situation où il est et de laquelle il ne peut s’échapper.
Ceci est appelé être en contact avec le Créateur. L’homme ne sait pas apprécier ce contact, c’est-à-dire que l’homme doit croire qu’il est alors en adhésion avec le Créateur, c’est-à-dire que toute sa pensée n’est que pour le Créateur, qu’Il lui vienne en aide. Sinon, l’homme voit qu’il est perdu.
Par contre, celui qui a été récompensé de la Providence individuelle, et voit que le Créateur fait tout, comme il est écrit, « Lui seul fait et fera toutes les actions », celui-là n’a rien à ajouter et il n’a pas de place pour prier pour que le Créateur l’aide, car il voit que même sans sa prière, le Créateur fait tout. C’est pourquoi, l’homme n’a pas de place pour faire de bonnes actions, car il voit bien que, de toute façon, tout se fait par le Créateur, sans lui. S’il en est ainsi, l’homme n’a aucun besoin du Créateur pour qu’Il l’aide à faire quoi que ce soit. À ce moment, l’homme n’a pas de contact avec le Créateur, qu’il ait besoin de Lui dans la mesure où il est perdu si le Créateur ne l’aide pas.
Il en découle que l’homme ne possède plus ce contact qu’il avait avec le Créateur pendant l’effort. Il donne l’exemple d’une personne qui se trouve entre la vie et la mort et qui demande à son ami de lui sauver la vie. De quelle façon va-t-elle demander cela à son ami ? Elle s’appliquera à demander à cet ami d’avoir pitié d’elle et de lui sauver la vie en utilisant toutes les forces à sa disposition. Et elle n’oubliera certainement pas de prier pour son ami, car, sinon, elle verra qu’elle mourra.
Cependant, si elle demande des choses superficielles à son ami, qui ne sont pas si nécessaires, le demandeur ne sera pas tant attaché à son ami afin que ce dernier lui donne ce qu’il veut, au point que son esprit cesse de lui demander. Il s’avère que s’il ne s’agit pas d’une question de vie ou de mort, celui qui demande n’est pas vraiment attaché à celui qui donne.
Donc, lorsqu’une personne ressent qu’elle doit demander au Créateur de lui sauver la vie, comme dans « les méchants durant leur vie s’appellent morts » alors le contact entre l’homme et le Créateur devient un contact étroit. C’est pourquoi, pour le juste, l’endroit du travail signifie avoir besoin de l’aide du Créateur, sinon il est perdu. C’est à cela que les justes aspirent, à un endroit pour travailler de façon à avoir un contact étroit avec le Créateur.
Il en ressort que si le Créateur leur donne un endroit pour travailler, alors ces justes sont très contents. C’est pourquoi il a été dit « le premier pour le décompte des délits ». Pour eux, c’est une joie d’avoir maintenant sur quoi travailler, c’est-à-dire qu’ils ont maintenant besoin du Créateur et qu’ils peuvent alors entrer en contact étroit avec Lui, car personne ne se présente au Palais du Roi sans en avoir besoin.
C’est ce qui est écrit : « Vous prendrez pour vous ». Il est précisé « pour vous » parce que « tout dépend du Ciel, sauf la crainte du Ciel ». En d’autres termes, le Créateur peut donner la lumière d’abondance, car c’est ce qu’Il possède. Mais l’obscurité et le lieu du manque ne sont pas dans Son domaine.
Étant donné qu’il y a cette règle que seulement où il y a un manque, il y a la crainte du Ciel, et l’endroit du manque s’appelle « le désir de recevoir », ce n’est qu’alors qu’il y a une place pour l’effort, par rapport à sa résistance, quand le corps vient et demande : « quel est le travail ? » Et l’homme n’a pas de réponse à cette question. Alors l’homme est obligé d’accepter le fardeau du Royaume des Cieux au-dessus de la raison, « tel un bœuf sous le joug et un âne sous sa charge », sans aucune discussion. Mais « Il dit et Sa volonté fut faite ». Ceci s’appelle « pour vous », à savoir que ce travail n’appartient qu’à vous et non à Moi, c’est-à-dire le travail que le désir de recevoir exige.
Mais si le Créateur lui donne une certaine illumination du Ciel, alors son désir de recevoir se soumet et il s’annule telle une bougie devant un flambeau. Et il n’a plus d’effort, car il n’a plus à accepter le fardeau du Royaume des Cieux par contrainte, « tel un bœuf sous le joug et un âne sous sa charge. » Comme il est écrit : « Vous qui aimez le Seigneur, haïssez le mal. » Ce qui signifie que l’amour du Créateur ne s’étend qu’à partir du mal.
C’est-à-dire dans la mesure où il hait le mal, qu’il voit que son désir de recevoir l’empêche d’atteindre l’intégralité de son but, dans cette mesure il a besoin d’être récompensé de l’amour du Créateur. Mais si l’homme ne ressent pas que le mal est en lui, il ne peut pas être récompensé de l’amour du Créateur, car il n’en a pas besoin, puisqu’il est déjà satisfait de son travail.
D’après ce que nous avons dit, l’homme ne doit pas s’énerver quand il travaille avec son désir de recevoir, quand il le dérange dans le travail. L’homme aurait certainement préféré que son désir de recevoir disparaisse de son corps, pour qu’il ne lui pose pas ses questions qui le dérangent dans le travail dans la Torah et dans les Mitsvot.
Mais l’homme se doit de croire que les interférences du désir de recevoir durant son travail lui viennent d’en-haut. Il découvre donc que son désir de recevoir provient d’en-haut et il y a de la place pour le travail précisément lorsque son désir de recevoir s’éveille. Alors l’homme a un contact étroit avec le Créateur, pour qu’Il l’aide à transformer son désir de recevoir pour qu’il soit en vue de donner.
Et l’homme doit croire que de là s’étend le contentement apporté au Créateur, du fait qu’il prie afin qu’Il le rapproche de la Dvékout, appelée « équivalence de forme », qui consiste à annuler le désir de recevoir pour qu’il devienne en vue de donner. Le Créateur a dit à ce sujet : « Mes fils m’ont vaincu. » Je vous ai donné le désir de recevoir et vous Me demandez de vous donner à la place le désir de donner sans réserve.
Nous pouvons interpréter la Guémara (Khoulin page 7) – que Rabbi Pinhas Ben Yaïr était en route pour racheter des captifs. Il arriva devant la Guinaï [nom de la rivière]. Il lui dit : « Guinaï, sépare tes eaux que je puisse te traverser. » Elle lui répondit : « Tu vas faire la volonté de ton Créateur et moi la volonté de mon Créateur. Toi, peut-être que tu la fais, peut-être que tu ne la fais pas, alors que moi, je la fais certainement. »
La signification est qu’il dit à la rivière, au désir de recevoir, de le laisser traverser afin qu’il arrive au degré pour faire le désir du Créateur, à savoir qu’il fasse tout avec l’intention de donner du contentement à son Concepteur. La rivière, le désir de recevoir, lui réplique que si le Créateur l’a créée avec cette nature – à savoir le désir de recevoir délices et plaisirs –, elle ne veut pas changer cette nature avec laquelle le Créateur l’a créé. Et Rabbi Pinhas Ben Yaïr lui fait la guerre, c’est-à-dire qu’il veut la transformer en un désir de donner. C’est ce qui s’appelle faire la guerre à la création que le Créateur a créée dans la nature, appelée le désir de recevoir, que le Créateur a créé, qui est toute la Création, appelée « ex nihilo »
Il faut savoir que durant le travail, quand le désir de recevoir se présente à l’homme avec ses arguments, les discussions et les raisonnements qui semblent être des arguments légitimes ne sont d’aucun secours et ne l’aideront pas à vaincre le mal. Mais, comme il est écrit, « il émoussa ses dents », ce qui signifie faire des actions et non des discussions. À savoir que l’homme doit accroître ses forces par contrainte, comme nos sages ont dit : « On le force jusqu’à ce qu’il dise “Je veux”. » En d’autres mots, avec beaucoup de persistance, l’habitude devient une seconde nature.
L’essentiel est de s’efforcer de vouloir intensément atteindre le désir de donner sans réserve et de vaincre le désir de recevoir. La volonté intense se mesure par le nombre de pauses et de repos, à savoir par les intervalles de temps entre chaque victoire obtenue. Parfois il reçoit une interruption en plein milieu, c’est-à-dire une descente. Cette descente peut durer une minute, une heure, un jour ou un mois. Ensuite, l’homme reprend le travail qui consiste à surmonter son désir de recevoir et s’efforce d’atteindre le désir de donner sans réserve.
La volonté intense signifie qu’une interruption ne dure jamais longtemps et qu’il se remet immédiatement au travail. C’est comme quelqu’un qui veut briser un énorme rocher. Il se sert d’un gros marteau et il frappe sans arrêt toute la journée. Mais ses coups sont faibles. En d’autres mots, il ne martèle pas la pierre à toute volée, mais il abat son gros marteau lentement. Ensuite, il se plaint que ce travail – briser le rocher – n’est pas fait pour lui. On aurait plutôt besoin d’un héros capable de briser un tel rocher. Il dit ne pas être né avec de telles forces pour être capable de briser le rocher.
Par contre, celui qui manie ce gros marteau et frappe le rocher à toute volée, pas doucement, mais avec efforts, ce rocher se rend immédiatement et se brise. C’est « tel un fort marteau qui brise le roc en éclats ».
De même, durant le travail, qui consiste à faire entrer le récipient de réception dans la Kedousha, même si nous disposons d’un gros marteau, c’est-à-dire les paroles de la Torah qui nous donnent de bons conseils, si l’homme ne s’y applique pas et fait de longs arrêts et de longues pauses, alors il fuit la bataille et dit qu’il n’a pas été créé pour ça, mais que ce travail est destiné à ceux qui sont nés avec des talents spéciaux à cet effet.
Néanmoins, l’homme doit croire que n’importe qui peut atteindre le but mais il doit s’efforcer de fournir de plus grandes forces. Alors, cet homme pourra briser le rocher en peu de temps.
Il faut encore savoir qu’il existe une condition très difficile. Pour que l’effort aboutisse à un contact avec le Créateur, il doit prendre la forme de décoration [Hidour], car la décoration est quelque chose d’important. S’il n’attribut pas d’importance à son effort, l’homme ne peut travailler avec joie, du fait qu’il a un contact avec le Créateur.
Ceci est insinué dans le Cédrat, qui est décrit comme « le fruit du cédratier » [agrume, sorte de citron] qui doit être propre au-dessus de son nez. Nous savons qu’il existe trois distinctions :
• Cédrat
• Odeur
• Goût
Le goût signifie que les lumières sont données d’en bas, à savoir, sous la bouche où se trouvent le palais et les papilles gustatives, cela signifie que les lumières viennent dans les récipients de réception.
L’odeur signifie que les lumières viennent de bas en haut, indiquant que les lumières viennent dans les récipients de don, sous une forme de recevoir et non pas de donner sous le palais et la gorge. Comme il est dit, « Il sentira la crainte du Seigneur » à propos du Messie. Nous savons que l’odeur se réfère au nez.
Le cédrat signifie la beauté, au-dessus du nez, quelque chose d’inodore, à savoir qu’il n’y a là ni goût ni odeur. Donc, qu’y a-t-il là pour pouvoir survivre ? Il n’y a que la décoration. C’est ce qui le maintient.
Nous voyons à propos du cédrat que la décoration est présente précisément avant qu’il ne soit comestible. Mais quand il est comestible il n’y a plus de décoration.
Cela nous indique, au sujet du travail du « premier pour le décompte des infractions », que c’est précisément pendant le travail tel que « et vous prendrez pour vous », c’est- à-dire qui accepte le fardeau du Royaume des Cieux, que le corps résiste à ce travail, qu’il y a de la place pour la joie de la décoration. C’est-à-dire que la décoration est connue durant ce travail. C’est-à-dire que si l’homme éprouve de la joie durant ce travail, c’est parce qu’il considère ce travail comme une décoration et non pas comme méprisable.
Car parfois l’homme méprise ce travail de porter le fardeau du Royaume des Cieux, car il ressent une sensation d’obscurité. Il voit que nul ne peut le sauver de la situation dans laquelle il se trouve, excepté le Créateur. Il accepte le fardeau du Royaume des Cieux au-dessus de la raison, « tel un bœuf sous le joug et un âne sous sa charge ». Et il devrait être heureux d’avoir quelque chose à donner au Créateur, et du fait qu’il a quelque chose à donner au Créateur, le Créateur se réjouit.
Cependant l’homme n’a pas toujours la force de dire que ce travail est beau, qui s’appelle une décoration ; mais il méprise ce travail. Cette condition est difficile pour l’homme, qu’il puisse dire qu’il choisit ce travail plutôt que le travail de « blancheur », c’est-à-dire un état où il ne ressent pas l’obscurité dans le travail. Alors il peut prendre goût à son travail. Ce qui veut dire qu’il ne doit plus travailler avec son désir de recevoir, pour que ce dernier soit d’accord d’accepter le Royaume des Cieux au-dessus de la raison.
Si l’homme parvient à se surpasser, et dire que ce travail est agréable par cela, il observe la Mitsva [commandement] de la foi au-dessus de la raison, et qu’il accepte ce travail comme beauté et décoration, ceci est appelé « la joie de la Mitsva ».
C’est le sens que la prière est plus importante que la réponse à la prière. Parce que dans la prière, l’homme a de la place pour l’effort et il a besoin du Créateur, c’est-à-dire il attend la clémence des Cieux. À cet instant, il a un contact réel avec le Créateur et il se trouve dans le Palais du Roi. Tandis que quand il reçoit la réponse à sa prière, il est déjà sorti du Palais du Roi, car il a déjà pris son dû et a quitté les lieux.
Il faut dès lors comprendre le verset « Tes huiles sont bonnes à sentir, Ton Nom est une huile jaillissante ». L’huile est appelée lumière supérieure lorsqu’elle abonde. « Jaillissante » veut dire pendant l’arrêt de l’abondance, quand il reste l’odeur de l’huile (l’odeur reste, car c’est un Reshimo – réminiscence – de ce qu’il avait.) En revanche, la décoration se réfère à une place où il n’y a aucune prise, et même le Reshimo ne brille pas.
C’est Atik et Arikh Anpin. Pendant l’expansion, l’abondance s’appelle Arikh Anpin, qui est Hokhma et aussi Providence révélée. Atik vient du mot hébreu « Va yeatek » (détacher) qui signifie le départ de la lumière, c’est-à-dire qu’elle ne brille pas et ceci est appelé dissimulation. C’est le moment de la résistance au revêtement, le moment de recevoir la Couronne du Roi, qui est considérée comme Malkhout des lumières ou le Royaume des Cieux.
Le Zohar nous dit à ce propos que la Shekhina a dit à Rabbi Shimon : « Il n’y a pas d’endroit où je puisse me cacher de toi. » Cela signifie que même dans la plus grande des dissimulations, il accepte quand même le fardeau du Royaume des Cieux avec grande joie.
C’est parce qu’il suit la ligne du désir de donner sans réserve et qu’il donne alors ce qu’il a dans ses mains. Et si le Créateur lui en donne plus, il donne plus. Et s’il n’a rien à donner, il se dresse et jacasse comme une grue, afin que le Créateur le sauve des eaux malveillantes. Ainsi, même de cette manière, il a un contact avec le Créateur.
Ce discernement s’appelle Atik, mais Atik n’est-il pas le plus haut degré ? La réponse est que plus une chose est éloignée du revêtement, plus elle est élevée. L’homme est capable de ressentir dans le lieu le plus abstrait qui s’appelle « le zéro absolu », car sa main ne peut le toucher. Cela signifie que le désir de recevoir peut s’accrocher seulement là où il y a quelque déploiement de lumière. Avant qu’il ne purifie ses récipients, afin de ne pas abîmer la lumière, l’homme est incapable de faire en sorte que cette lumière lui parvienne en se diffusant dans les récipients.
C’est seulement en marchant dans les voies du don sans réserve, à savoir là où le désir de recevoir est absent – de son esprit ou de son cœur –, que la lumière se présente dans son intégralité. La lumière lui vient comme une sensation et il peut ressentir la sublimité de la lumière supérieure.
Cependant, quand l’homme n’a pas encore réparé les récipients afin qu’ils soient en vue de donner alors quand la lumière se diffuse, elle est obligée de se restreindre et ne peut briller qu’en fonction de la pureté des récipients. Donc, à ce moment-là, la lumière est perçue comme étant d’une extrême Katnout [petitesse]. Par conséquent, quand la lumière est dévêtue du revêtement dans les récipients, la lumière peut briller dans toute son intégralité et toute sa clarté, sans aucun Tsimtsoum [restriction] pour l’inférieur.
Il en résulte que l’importance du travail est justement quand l’homme est au niveau zéro, quand il voit qu’il annule sa propre existence et son essence, et que son désir de recevoir n’a plus aucun pouvoir. C’est seulement à ce moment qu’il entre dans la Kedousha.
Il faut savoir que « Dieu les a fait l’un opposé à l’autre ». À savoir que selon la mesure de la révélation de la Kedousha, dans cette mesure la Sitra Akhra s’éveille. Et quand l’homme prétend « elle est entièrement à moi », à savoir que tout le corps appartient à la Kedousha, alors la Sitra Akhra réplique aussi que tout le corps doit servir la Sitra Akhra.
Donc, l’homme doit savoir que lorsqu’il voit que son corps prétend appartenir à la Sitra Akhra, et qu’il crie les fameuses questions de Qui et Quel de toutes ses forces, c’est signe qu’il marche sur la voie de la vérité, à savoir que sa seule intention est de donner du contentement à son Créateur.
Donc, tout le travail ne doit s’effectuer que dans cette situation. Car l’homme doit savoir que c’est un signe que son travail a atteint sa cible. C’est le signe qu’il se bat et qu’il décoche ses flèches dans la tête du serpent, qui hurle et argumente sur le Qui et le Quel, qui veut dire « Quel est ce travail ? » Autrement dit, qu’allez-vous gagner à servir le Créateur et non votre propre intérêt ? » Et l’argument du Qui est le même argument que celui de Pharaon qui disait : « Qui est le Seigneur pour que je L’écoute ? »
Il semblerait pourtant que le Qui soit un argument rationnel. Parce que généralement, quand on dit à quelqu’un « Va travailler pour lui », cet homme demande : « Pour qui ? » Donc, quand le corps demande « Qui est le Seigneur pour que je l’écoute ? », il s’agit d’un argument rationnel. D’après la règle, notre esprit n’est pas une entité autonome, mais plutôt le miroir de ce que se trouve dans nos sens, alors l’esprit le voit ainsi. C’est l’interprétation de « les fils de Dan sentent ».
C’est-à-dire que l’esprit ne peut juger qu’avec ce que les sens lui laissent voir et inventer des stratagèmes pour convenir aux demandes des sens. À savoir que ce que les sens revendiquent, l’esprit s’efforce de leur fournir. Cependant, l’esprit n’a pas besoin de revendiquer quoi que ce soit pour lui-même. Donc, s’il y a dans nos sens une revendication de donner, l’esprit travaille d’après la ligne du don sans réserve ; l’esprit ne pose pas de questions, car il ne fait que servir les sens.
L’esprit ressemble à celui qui se regarde dans le miroir pour voir s’il est sale. Et il lave et nettoie tous les endroits que le miroir lui montre comme sales, et comme le miroir a montré à l’homme qu’il y a des choses laides sur son visage il doit les nettoyer.
Cependant, le plus difficile est de savoir ce qui est considéré comme laid. Est-ce le désir de recevoir, à savoir la demande du corps à tout recevoir pour lui-même ? Ou est-ce le désir de donner sans réserve qui est laid, que le corps ne peut tolérer ? L’esprit est incapable de le déterminer, tout comme le miroir ne peut dire ce qui est laid et ce qui est beau ; cela dépend des sens, qui seuls le déterminent.
Donc, quand l’homme s’habitue à travailler par contrainte dans le don sans réserve, son esprit avance aussi d’après la ligne du don. Alors, il est impossible que l’esprit pose les questions de « Qui », car ses sens se sont déjà habitués à travailler pour donner sans réserve. En d’autres termes, les sens ne posent plus la question « Quel est donc ce travail ? », car ils travaillent déjà dans le but de donner, et l’esprit ne pose donc pas la question de « Qui ».
Il s’avère que l’essentiel du travail se situe dans « Quel est donc ce travail pour vous ? » Et si l’homme entend que son corps pose la question de Qui, la raison en est que le corps refuse de s’abaisser. C’est pourquoi il pose la question de Qui, comme s’il posait une question rationnelle, mais en vérité, comme nous l’avons dit ci-dessus, l’essentiel du travail se situe dans le « Quel ».