1) Au commencement de mon discours, j’ai grand besoin de briser le mur de fer qui, depuis la destruction du Temple jusqu’à cette génération, nous a séparé de la sagesse de la Kabbale. Il repose lourdement sur nous et suscite une peur d’être oubliée d’Israël.
Cependant, quand je commence à parler au cœur de quiconque de cette étude, sa première question est « Pourquoi devrais-je savoir combien d’anges il y a dans le ciel et quels sont leurs noms? Est-ce que je ne peux pas observer l’ensemble de la Torah dans tous ses détails et ses complexités sans ces connaissances? »
Sa deuxième question sera « Les sages ont déjà déterminé que l’on doit d’abord remplir son ventre avec la Guémara et le Talmud. Alors comment quelqu’un peut-il se leurrer en pensant qu’il a fini toute la Torah révélée et qu’il ne lui manque que la sagesse cachée? »
La troisième « Comme il y a déjà eu des cas de déviation du chemin de la Torah à cause d’un engagement dans la Kabbale, il a peur de mal tourner à cause de cet engagement. Pourquoi aurais-je besoin de ce désagrément? Qui serait assez bête pour se mettre en danger pour rien? »
La quatrième « Même ceux qui favorisent cette étude ne la permettent seulement qu’à de saintes personnes, serviteurs du Créateur. Est-il donné à tous ceux qui veulent saisir le Seigneur de venir et de se servir? »
La cinquième et la plus importante « Nous avons une habitude, qui veut que lorsque nous doutons, nous suivions: « Fais comme les autres » et je vois que tous ceux qui étudient la Torah dans ma génération sont unanimes et s’abstiennent d’étudier ce qui est caché. De plus, à ceux qui le leur demandent, ne conseillent-ils pas de manière indubitable d’étudier une page de Guémara à la place de cet engagement? »
2) En effet, si on prenait à cœur de ne répondre qu’à une seule question très connue, je suis sûr que toutes ces questions et ces doutes disparaîtraient, comme s’ils n’avaient jamais existé. Ainsi la question pressante que tous les hommes se posent est : Quel est le sens de notre vie? En d’autres termes, ces nombreuses années de notre vie qui nous coûtent si chères, à savoir, les nombreuses douleurs et les nombreux tourments que nous souffrons à cause d’elle, et allons jusqu’au bout et demandons, qui en profite? Pour être encore plus précis, à qui est-ce que je fais plaisir?
Il est vrai que les historiens sont déjà las de la considérer, sans parler de notre génération, où personne ne veut même la soulever. En dépit de tout, la question même garde toute sa force et son amertume. Parfois elle nous rencontre, sans avoir été invitée, elle assaille notre esprit et nous rabaisse jusqu’à la poussière, avant que nous ne parvenions à retrouver le stratagème connu, c’est-à-dire, se laisser entraîner dans les courants de la vie, comme autrefois.
3) En effet, c’est pour résoudre cette énigme impénétrable que le verset dit: « Goûtez et voyez que le Seigneur est bon ». Ceux qui respectent la Torah et les Mitsvot suivant les lois sont ceux qui goûtent la saveur de la vie et ce sont eux qui voient et témoignent que le Seigneur est bon, comme nos sages disent, qu’Il a créé les mondes pour faire du bien à Ses créatures, puisque la voie de Celui qui est bon est de prodiguer le bien.
Mais il est évident que celui qui n’a pas encore goûté à la saveur de la vie en observant la Torah et les Mitsvot ne peut pas comprendre ni ressentir que le Seigneur est bon comme nos sages le disent, car toute l’intention du Créateur, en le créant, n’était que de lui faire du bien. Donc, il n’a pas d’autre conseil que d’aller pratiquer la Torah et les Mitsvot suivant les lois.
Il est écrit dans la Torah (Deutéronome 30:15): « Vois, J’ai mis devant toi aujourd’hui la vie et le bien et la mort et le mal ». Ceci veut dire qu’avant le don de la Torah, nous n’avions que la mort et le mal devant nous, comme nos sages disent, que « les méchants dans leur vie sont appelés morts », car leur mort est meilleure que leur vie, puisque les douleurs et les souffrances qu’ils endurent pour obtenir leur subsistance sont bien plus grandes que le peu de plaisir qu’ils ressentent dans cette vie.
Cependant, maintenant nous avons été récompensés de la Torah et des Mitsvot et en les observant nous sommes récompensés de la vie véritable, joyeuse et qui réjouit son propriétaire, comme il est écrit : « Goûtez et voyez que le Seigneur est bon ». Le texte dit à ce sujet : « Vois, J’ai mis devant vous aujourd’hui, la vie et le bien », ce qu’en réalité, vous n’aviez pas du tout avant le don de la Torah.
Le texte finit par (Deutéronome 30 :19): « Alors choisis la vie, afin de vivre, toi et ta descendance » et il y a apparemment une répétition « choisis la vie, afin de vivre ». Mais ceci fait référence à la vie où l’on observe la Torah et les Mitsvot, car alors on vit dans la vérité, alors qu’une vie sans Torah ni commandements est plus dure que la mort. C’est la signification des mots de nos sages: « les méchants dans leur vie sont appelés morts ».
Le texte a dit: « afin de vivre, toi et ta descendance ». Cela veut dire, non seulement qu’une vie sans Torah est sans joie aucune pour son propriétaire, mais aussi, que celui-ci ne peut pas non plus faire plaisir aux autres, c’est-à-dire qu’il ne trouve même pas de satisfaction dans les fils qu’il engendre, puisque la vie de ceux-ci aussi, est plus dure que la mort. Quel cadeau leur fait-il?
En fait, celui qui vit selon la Torah et les Mitsvot non seulement est récompensé de sa propre vie, mais il est heureux aussi de donner naissance à des fils et de leur léguer cette bonne vie. Ceci est la signification de « afin de vivre, toi et ta descendance », car il a un plaisir supplémentaire dans la vie de ses fils, dont il est la cause.
4) Par cela, vous comprendrez les mots de nos sages à propos du verset « Et tu choisiras la vie ». Il exprime: « Je vous indique de choisir la part de la vie, comme une personne dit à son fils: choisis pour toi-même une bonne part de mes biens. Il le place sur le bon lot et lui dit : choisis cela pour toi-même ». Il est écrit à ce propos « Le Seigneur est mon destin et ma chance, Tu assures mon sort. Tu as placé ma main sur le bon destin et Tu as dit: Prends cela pour toi ».
Ces mots sont en apparence déconcertants, car le verset dit : « et tu choisiras la vie », ce qui veut dire que l’homme choisit de lui-même. Cependant, ils disent « Il le place sur le bon lot ». N’y a-t-il donc plus de choix ici? Et de plus, ils disent que c’est le Créateur qui place la main de l’homme sur le bon destin. C’est très surprenant, car, si tel est le cas, où est alors le choix de l’homme?
Dans l’explication vous comprendrez la signification des leurs paroles. Car il est vrai et très exact que le Créateur Lui-même place la main de l’homme sur le bon destin, à savoir, en lui donnant une vie de satisfaction et de plaisir dans sa vie matérielle remplie de tourments et de douleurs et qui est vide de tout sens. L’homme forcément s’en détache et s’en échappe quand il lui semble même, qu’à travers les fentes, un endroit paisible apparaît à peine où s’évader de cette vie qui est plus dure que la mort. Car n’y a-t-il pas de plus grande patience du Créateur avec l’homme que celle-là?
Le choix de l’homme est seulement de se renforcer, parce qu’il y a certainement un grand effort et travail avant de purifier son corps et de pouvoir observer correctement la Torah et les Mitsvot, c’est-à-dire, non pour son propre plaisir mais pour contenter son Créateur, ce qui est appelé Lishma « en Son nom », car ce n’est que de cette façon, que l’homme est récompensé d’une vie de bonheur et de plaisir accompagnant l’observation de la Torah.
Avant d’arriver à cette purification, il a certainement le choix de se renforcer dans la bonne voie, par toutes sortes de moyens et de stratagèmes et il fera tout ce que sa main trouvera la force de faire, jusqu’à achever le travail de purification sans tomber à mi-chemin, sous le poids du fardeau.
5) On comprend alors les mots de nos sages dans le Traité des Pères (6:4): « Ainsi est la voie de la Torah: tu mangeras du pain avec du sel, boiras un peu d’eau, dormiras par terre, vivras une vie pénible et travailleras dur dans la Torah. Si tu agis ainsi, heureux es-tu, heureux dans ce monde et heureux dans le monde à venir ».
Il faut se demander : En quoi la sagesse de la Torah est-elle différente des autres enseignements dans le monde qui n’ont pas besoin d’ascétisme ni d’une vie pénible, mais pour lesquels le travail est suffisant pour en être récompensé? Bien que nous travaillions intensivement dans la Torah, cela n’est pas encore suffisant pour être récompensés de la sagesse de la Torah, sauf par l’ascétisme du pain avec du sel et une vie pénible etc.
La dernière phrase est encore plus surprenante car ils disent « Si tu agis ainsi, heureux es-tu, heureux dans ce monde et heureux dans le monde à venir ». Il en est ainsi, parce qu’il est possible d’être heureux dans le monde à venir. Cependant, dans ce monde, quand je me mortifie en mangeant et buvant et dormant et en vivant une vie très pénible, ils ont dit de cette vie « heureux es-tu dans ce monde»? Est-ce là, la signification d’une vie heureuse dans ce monde?
6) En fait, il vient d’être expliqué que l’engagement dans la Torah et des Commandements, selon les lois et leurs conditions strictes, est de faire plaisir à son Créateur et non pas pour une satisfaction personnelle. Il n’est possible d’y arriver que par un grand labeur et beaucoup d’efforts pour purifier le corps.
Le premier stratagème est de s’habituer à ne rien recevoir pour son propre plaisir, même les choses permises et nécessaires à l’existence de son corps, telles que manger, boire, dormir et autres nécessités. Ainsi, il se détache complètement de tout plaisir qui se présente à lui, même du nécessaire vital, en cessant de se le procurer, jusqu’à vivre littéralement une vie pénible.
Alors, après s’y être habitué et que son corps ne désire plus recevoir aucun plaisir pour lui-même, il lui est alors possible de s’engager aussi dans la Torah et d’exécuter les Mitsvot, c’est-à-dire contenter son Créateur et non pas pour un quelconque plaisir personnel.
Quand il en est récompensé, il est alors récompensé de goûter la vie heureuse, remplie de tout le bien et le plaisir, qui apparaissent par l’engagement dans la Torah et des Commandements Lishma, [en Son nom], sans aucun défaut dû à la peine. C’est comme Rabbi Meir dit (Traité des Pères 6:1) « Celui qui s’engage dans la Torah Lishma, est récompensé de nombreuses choses. Qui plus est, le monde entier le favorise … et les secrets de la Torah lui sont révélés et il devient comme une source abondante ».
C’est à son sujet que le verset dit: « Goûtez et voyez que le Seigneur est bon ». Celui qui goûte la saveur de l’engagement dans la Torah et des Mitsvot Lishma, est récompensé de voir par lui-même l’intention de la Création, qui est uniquement de faire le bien à Ses créatures, puisque c’est la voie de Celui qui est bon de faire le bien. Il est joyeux et content des nombreuses années de vie que le Créateur lui a attribuées et le monde entier le soutient.
7) Maintenant vous comprendrez les deux côtés de l’engagement dans la Torah et les Mitsvot. D’un côté, c’est la voie de la Torah, c’est-à-dire une préparation considérable par laquelle l’homme doit préparer la purification de son corps, avant d’être récompensé d’observer la Torah et les Mitsvot.
Il pratique alors forcément la Torah et les Mitsvot Lo Lishma [pas en Son nom], mais en y mêlant son propre plaisir car il n’a pas encore eu le temps de nettoyer ni de purifier son corps du désir de recevoir les plaisirs des vanités de ce monde. C’est à ce moment qu’il doit vivre une vie pénible et travailler dur dans la Torah, comme il est écrit dans la Mishna.
Certes, lorsqu’il a accompli la voie de la Torah, qu’il a déjà purifié son corps et qu’il est maintenant prêt à observer la Torah et les Mitsvot Lishma, pour satisfaire son Créateur, il arrive alors de l’autre côté, qui est la vie de plaisir et de grande sérénité qui était l’intention de la Création de « faire le bien à Ses créatures », c’est-à-dire une vie la plus heureuse dans ce monde et dans le monde à venir.
8) Ceci explique bien la grande différence entre la sagesse de la Torah et les autres enseignements du monde: acquérir les autres enseignements dans le monde n’améliore pas du tout à la vie dans ce monde, parce qu’ils ne donnent même pas la moindre gratification pour les tourments et les souffrances que l’individu subit durant sa vie. Il n’est donc pas obligé de corriger son corps; le travail qu’il donne en
contrepartie est tout à fait suffisant, comme c’est le cas avec toutes les autres possessions matérielles acquises en contrepartie du labeur et du travail.
Cependant, le seul but de l’engagement dans la Torah et les Mitsvot est de rendre l’individu capable de recevoir toute cette bonté qui est dans l’intention de la Création, « de faire le bien à Ses créatures ». Il doit donc certainement purifier son corps pour mériter et bénéficier de cette bonté divine.
9) Ceci clarifie bien, aussi, les paroles de la Mishna, « Si tu agis ainsi, heureux tu seras dans ce monde ». Cette précision est donnée intentionnellement pour indiquer qu’une vie heureuse dans ce monde n’est préparée que pour ceux qui ont accompli la voie de la Torah. Donc, la question de la mortification en mangeant, buvant, dormant et en ayant une vie pénible, mentionnée ici, ne dure que quand il est sur la voie de la Torah. C’est pourquoi ils précisent et disent: « Ainsi est la voie de la Torah ».
Quand l’individu a terminé cette voie de Lo Lishma dans une vie pénible et dans la mortification, la Mishna termine en disant: « heureux es-tu dans ce monde », parce que tu acquerras le même bonheur et la même bonté qui sont dans l’intention de la Création et le monde entier te favorisera à savoir même ce monde ci et encore plus, le monde à venir.
10) Le Zohar (Genèse 72) écrit à propos du verset « Et Dieu dit: Que la lumière soit et la lumière fut. La lumière était dans ce monde et la lumière était dans le monde à venir ». Ce qui veut dire que l’œuvre de la création a été créée dans son entière forme et stature, c’est-à-dire dans leur perfection et gloire absolues. En conséquence, la Lumière qui a été créée le premier jour, est apparue dans toute sa perfection et contenait également la vie de ce monde dans une douceur et une délicatesse totales, comme exprimées dans les mots « la lumière fut ».
Cependant, pour préparer un espace où choisir et travailler, Il se dressa et la dissimula pour les justes à la fin des temps, comme nos sages le disent. Ainsi ils dirent dans leur langue pure « la Lumière était dans ce monde » Cependant, ce n’est pas resté ainsi mais « la Lumière était dans le monde à venir ».
En d’autres termes, ceux qui observent la Torah et les Commandements Lishma n’en seront récompensés qu’à la fin des temps, c’est-à-dire dans l’avenir après la purification de leur corps par la voie de la Torah car ils sont alors également dignes de cette formidable Lumière dans ce monde, comme nos sages disent « Tu verras ton monde dans ta vie ».
11) Cependant, nous trouvons et voyons dans les mots des sages du Talmud, qu’ils nous ont facilités davantage la voie de la Torah que les sages de la Mishna, en disant « L’homme pratiquera toujours la Torah et les Commandements, même Lo Lishma et de Lo Lishma il arrivera à Lishma, car la Lumière en elle le ramène vers le bien ».
Ainsi ils nous ont inventé un nouveau moyen pour remplacer l’ascétisme, présenté dans la Mishna (Traité des Pères) et qui est la « Lumière dans la Torah ». Elle a suffisamment de puissance pour le ramener vers le bien et le mener à pratiquer la Torah et les Commandements Lishma.
Ils n’ont pas mentionné ici la mortification, mais uniquement l’engagement dans la Torah et les Commandements seuls, cette Lumière lui suffit et le ramène vers le bien, pour qu’il puisse s’engager dans la Torah et les Commandements, pour procurer contentement à son Créateur et en aucun cas pour son plaisir personnel. Ceci est appelé Lishma.
12) Mais nous devons apparemment y réfléchir. Après tout, n’avons-nous pas trouvé que l’engagement dans la Torah de quelques étudiants n’a pas aidé à venir à Lishma à travers la Lumière qui est en elle? En effet, observer la Torah et les Mitsvot Lo Lishma veut dire qu’il croit en le Créateur et en la Torah et en la récompense et punition. Il s’engage dans la Torah parce que le Créateur en a ordonné la pratique, mais il associe son propre plaisir avec la satisfaction de son Créateur.
Si après tout son labeur dans la pratique de la Torah et des Mitsvot, il savait qu’il ne lui reviendrait aucun plaisir, ni gratification personnelle de ce grand labeur et effort, il regretterait d’avoir accompli tous ces efforts, car dès le début il se serait torturé, en pensant qu’il se réjouirait lui aussi de ce travail. Ceci est appelé Lo Lishma.
Néanmoins, nos sages ont aussi permis le début de l’engagement dans la Torah et les Mitsvot Lo Lishma, parce que de Lo Lishma il arrivera à Lishma. En effet, il n’y a pas de doute que si cet étudiant n’a pas acquis la foi en le Créateur et en Sa Torah, mais demeure dans le doute, ce n’est pas à son sujet que nos sages ont dit « de Lo Lishma il viendra à Lishma » et ce n’est pas de lui qu’ils ont dit « qu’en s’y engageant la Lumière qui est en elle le ramène vers le bien ».
La Lumière de la Torah n’illumine que ceux qui ont la foi. De plus, la mesure de cette Lumière est à la mesure de la force de sa foi. C’est l’opposé pour ceux qui n’ont pas la foi, car ils reçoivent les ténèbres de la Torah et leurs yeux s’obscurcissent.
13) Les sages ont composé une belle allégorie à propos de ce verset « Malheur à vous qui désirez le jour du Seigneur! Pourquoi voulez-vous le jour du Seigneur? Il est ténèbres et non lumière » (Amos 5:18). C’est l’histoire d’un coq et d’une chauve-souris qui attendaient la lumière. Le coq dit à la chauve-souris « J’attends la lumière parce que la lumière est mienne, mais toi, pourquoi as-tu besoin de la lumière? » (Sanhédrin 98).
On comprend bien, que ces mêmes étudiants qui n’ont pas été récompensé de venir de Lo Lishma à Lishma, à cause de leur manque de foi, n’ont reçu aucune lumière de la Torah et donc ils marchent dans les ténèbres et mourront sans sagesse.
Mais ceux qui ont été récompensés d’une foi complète, il leur est garanti, dans les mots de nos sages, qu’en s’engageant dans la Torah même Lo Lishma, la lumière qui est en elle les ramènera vers le bien et ils seront récompensés de la Torah Lishma qui apporte une vie heureuse et bonne dans ce monde et dans le monde à venir, même sans souffrance préalable ni vie pénible. C’est d’eux que le verset dit « Alors tu te délecteras dans le Seigneur et Je te ferai chevaucher sur les hauts lieux de la terre ».
14) Concernant le propos évoqué ci-dessus, j’ai autrefois interprété le dicton de nos sages: « Celui dont la Torah est son art ». La mesure de sa foi est apparente dans sa pratique de la Torah parce que les lettres du mot Oumanouto [son art] sont les mêmes en hébreu que les lettres du mot Emounato [Sa foi].
C’est comme une personne qui a confiance en son ami et lui prête de l’argent. Elle peut lui faire confiance pour un Euro, mais si il lui demande deux Euros elle refusera de lui prêter et elle peut lui faire confiance jusqu’à cent Euros, mais pas plus. Elle peut aussi lui faire confiance pour la moitié de ses biens, mais pas tous ses biens. Enfin, elle peut aussi lui faire confiance pour la totalité de ses biens, sans le moindre soupçon de peur. Cette dernière foi est considérée comme une foi complète, mais dans les cas précédents, elle est considérée comme une foi incomplète. C’est plutôt une foi partielle, soit plus soit moins.
Ainsi, l’un alloue seulement une heure par jour pour pratiquer la Torah et travailler à la mesure de sa foi en le Créateur. L’autre alloue deux heures, en fonction de sa foi en le Créateur. Le troisième ne néglige même pas un seul instant de son temps libre, sans s’engager dans la Torah et le travail. Ainsi, seule la foi du dernier est complète puisqu’il fait confiance au Créateur pour tous ses biens. Mais les précédents, n’ont pas encore une foi tout à fait complète.
15) Ainsi, il a été très bien clarifié que l’homme ne doit pas s’attendre à ce que la Torah et les Commandements Lo Lishma l’amènent à Lishma, sauf quand il sait dans son âme qu’il a été récompensé de la foi en le Créateur et en Sa Torah. C’est alors que la Lumière qui est en elle le ramène vers le bien et il sera récompensé du jour du Créateur qui est entièrement Lumière. La sainteté de la foi purifie les yeux de l’homme pour se réjouir de Sa Lumière, jusqu’à ce que la Lumière de la Torah le ramène vers le bien.
Cependant, ceux qui sont sans foi ressemblent à des chauves-souris qui ne peuvent pas regarder la lumière du jour, parce que la lumière du jour s’est transformée en une obscurité plus terrible que les ténèbres de la nuit, car elles ne se nourrissent que dans l’obscurité de la nuit.
De même, les yeux de ceux qui n’ont pas la foi sont aveuglés par Sa Lumière et ainsi la Lumière devient pour eux obscurité et la potion de vie devient pour eux une potion de mort. C’est à leur sujet que le texte dit : « Malheur à vous qui désirez le jour du Seigneur! Pourquoi voulez-vous le jour du Seigneur? Il est ténèbres et non lumière ». Il faut donc, d’abord, faire que la foi soit complète.
16) Ceci répond à une question dans les Tossafot (Taanit p7) « Pour celui qui s’engage dans la Torah Lishma, Sa Torah devient pour lui une potion de vie. Pour celui qui s’engage dans la Torah Lo Lishma, Sa Torah devient une potion de mort ». Ils demandent « L’homme s’engagera toujours dans la Torah et les Commandements Lo Lishma, car de Lo Lishma il viendra à Lishma ».
Selon ce qui a été expliqué, il faut diviser cela simplement: celui qui s’engage dans la Torah au nom du Commandement d’étudier la Torah et qui croit en la récompense et punition, bien qu’il associe son plaisir et son utilité personnelle avec l’intention de contenter son Créateur, la Lumière qui est en elle le ramènera vers le bien et il viendra à Lishma.
Celui qui étudie la Torah, non parce que c’est un Commandement d’étudier la Torah, puisqu’il ne croit pas en la récompense et punition au point de travailler dur pour elle, mais ne fait des efforts que pour son propre plaisir, elle devient donc une potion de mort pour lui, car la Lumière qui est en elle sera pour lui obscurité.
17) C’est pourquoi l’élève se doit, avant son étude, de renforcer sa foi en Dieu et en Sa Providence de la récompense et la punition, comme l’ont dit nos sages « sache… qui est ton employeur qui te payera le salaire pour ton travail ». L’élève orientera son effort vers les Mitsvot [commandements] de la Torah et ainsi il sera récompensé de se réjouir de Sa Lumière. Par la Sgoula [remède/mérite] de Sa Lumière, il renforcera et augmentera aussi sa foi, comme il est écrit « ce sera le remède à ta chair et la potion pour tes os » (Proverbes 3: 8).
Ainsi, il est certain que son cœur sera prêt, car de Lo Lishma il viendra à Lishma. De cette façon, même celui qui sait qu’il n’a pas encore été récompensé de la foi, aura l’espoir d’y arriver aussi en étudiant la Torah. Par cela, il n’y a pas de plus grande Mitsva, que celle de mettre tout son cœur et tout son esprit pour être récompensé de la foi en le Créateur, comme le disent nos sages « Habacuc arriva et insista: le juste vivra dans sa foi » (Makot 24).
Non seulement cela, mais il n’a pas d’autre conseil, comme il est écrit (dans Massekhet Baba Batra) « Raba dit: Job demanda à ce que le monde entier soit exempt du jugement. Il Lui dit: Maitre du monde, Tu as créé les justes, Tu as créé les méchants, qui Te retient ? ». Rachi explique « Tu as créé des justes par le bon penchant, Tu as créé des méchants par le mauvais penchant, personne n’échappe à Tes mains, car qui T’en empêcherait. Les pécheurs y sont obligés. Que lui ont répondu ses amis (Job 15 :4) : même toi tu transgresses la crainte et tu apaises ta dévotion devant Dieu. Le Créateur a créé le mauvais penchant et a créé l’épice de la Torah ».
Et Rachi interprète « Il lui a créé la Torah, qui est l’épice et qui annule les pensées de transgression » comme il est écrit (dans Kidoushin page 30) « si ce scélérat t’a blessé, emmène-le au séminaire. S’il est pierre, il se rompra, leur voie n’est pas forcée, car ils peuvent se sauver ».
18) Il est clair qu’ils ne peuvent pas échapper au jugement, s’ils ont dit qu’ils ont reçu cette épice et qu’ils ont encore des pensées de transgression, c’est-à-dire qu’ils vivent encore dans le doute et leur mauvais penchant ne s’est pas encore dissous. Car le Créateur, qui a créé et a donné au mauvais penchant sa validité, savait évidemment créer aussi son remède et l’épice, qui infailliblement épuisent la force du mauvais penchant et l’anéantissent complètement.
Si quelqu’un s’est engagé dans la Torah et n’a pas réussi à se défaire de son mauvais penchant, ce n’est que parce qu’il a négligé d’y mettre tout le labeur et les efforts exigés pour étudier la Torah, comme il est écrit « Je n’ai pas fait d’effort et j’ai trouvé, n’y crois pas » mais il se peut qu’il ait donné « la quantité » d’efforts exigée, mais a négligé « la qualité ».
C’est-à-dire qu’ils n’ont pas mis leur esprit ni leur cœur, tout en s’engageant dans la Torah, pour être récompensé d’attirer la Lumière de la Torah, qui apporte la foi dans le cœur de l’homme, mais s’y sont engagés sans être attentifs au point principal exigé dans la Torah, qui est sa Lumière qui amène à la foi. Bien qu’ils en aient eu l’intention au début, ils en ont dévié pendant l’étude.
Quoi qu’il en soit, il ne peut pas s’exempter du jugement en plaidant la contrainte, suite à l’impératif de nos sages « J’ai créé le mauvais penchant, Je lui ai créé l’épice de la Torah », car s’il existait une exception, la question de Job serait encore valide.
19) Par toutes ces clarifications, j’ai ôté une grande revendication quant à ce qui étonne dans les écrits de Rabbi Haim Vital, dans son introduction à Shaar HaHakdamot du Ari et dans l’introduction au livre L’arbre de vie et je cite :
« En effet, un homme ne devrait pas dire : je vais m’engager dans la sagesse de la Kabbale avant de m’engager dans la Torah et la Mishna et le Talmud », car nos sages ont déjà dit: « un homme n’entrera pas dans le Pardes, si son ventre n’est pas plein de viande et de vin ». Cela ressemble à une âme sans corps, qui n’a ni récompense, ni action, ni compte, jusqu’à ce qu’elle se relie au corps, quand il est complet, corrigé dans les Mitsvot de la Torah, les 613 Mitsvot.
De même, à l’inverse, quand il s’engage dans la sagesse de la Mishna et du Talmud de Babylone, sans consacrer une part aux secrets de la Torah et à ses mystères, c’est comme un corps assis dans l’obscurité sans une âme humaine, la chandelle de Dieu, qui l’éclaire à l’intérieur. De sorte que le corps est sec et n’attire pas une source de vie.
Donc, l’élève intelligent qui s’engage dans la Torah Lishma, doit d’abord étudier la sagesse de la Bible, de la Mishna et du Talmud, autant que son esprit puisse l’endurer et ensuite il se mettra à connaître son Créateur par la sagesse de la vérité. Tel que le roi David a ordonné à son fils Salomon « Connais le Dieu de ton père et sers-Le ». Si l’homme trouve l’étude du Talmud difficile et pesante, après s’y être donné une chance, il ferait mieux d’y renoncer et de s’engager dans la sagesse de la vérité.
Il est écrit que l’élève qui n’a pas vu de bon signe de son étude en cinq ans, n’en verra plus (Houlin page 24). Cependant, tout homme qui étudie facilement, doit étudier une heure ou deux par jour la Halakha, expliquer et interpréter les questions qui se posent dans les lois littérales ».
20) Et voilà qu’apparemment ses paroles étonnent beaucoup, car il dit, qu’il aille s’engager dans la sagesse de la vérité, avant d’avoir réussi dans l’étude du révélé, ce qui est en contradiction avec ses propres paroles précédentes, que la sagesse de la Kabbale sans la Torah révélée, est comme une âme sans corps et n’a ni action, ni compte, ni récompense. La preuve est que l’élève qui n’a pas vu de bon signe, est encore plus étonnante, car nos sages n’ont-ils pas dit de renoncer à l’étude de la Torah que pour cette raison? Mais évidemment, c’est pour l’avertir de vérifier sa conduite et d’essayer chez un autre Rav, ou dans une autre partie de la Torah. Mais il ne doit en aucun cas renoncer à la Torah, pas même à la Torah révélée.
21) Une autre difficulté dans les paroles du Rabbi Haim Vital et celles de la Guémara dont il ressort que l’homme a besoin d’une certaine préparation et d’une excellence spéciale pour être récompensé de la sagesse de la Torah. Mais nos sages ont dit (dans Midrash Raba portion « et c’est la bénédiction »): « Le Saint béni soit-Il dit à Israël: votre vie, toute la sagesse et toute la Torah sont des choses faciles. Tous ceux qui Me craignent et observent les paroles de la Torah, toute la sagesse et toute la Torah sont dans leur cœur ». Donc, il n’y a aucun besoin d’une excellence préalable et c’est seulement par la vertu de la crainte du Créateur et l’observation des Mitsvot, que l’on est récompensé de toute la sagesse de la Torah.
22) Ainsi, en faisant attention à ses paroles, elles sont claires comme un ciel sans nuage. Le texte « il ferait mieux d’y renoncer, après s’être donné une chance dans la sagesse révélée », ne se réfère pas à la chance d’être perspicace et érudit, mais comme nous l’avons expliqué plus haut dans « J’ai créé le mauvais penchant, J’ai créé l’épice de la Torah », c’est-à-dire qu’il a mis son labeur et ses efforts dans la Torah révélée, mais le mauvais penchant se trouve encore là, valide et ne se dissout pas du tout, car il n’est pas encore sauvé de pensées de transgression, comme l’a écrit Rachi, plus haut dans l’explication de « Je lui ai créé l’épice de la Torah ».
C’est pourquoi il lui conseille d’y renoncer et de s’engager dans la sagesse de la vérité, car il est plus facile d’attirer la Lumière de la Torah en étudiant et en faisant des efforts dans la sagesse de la vérité, qu’avec l’effort dans la Torah révélée. La raison est simple, car la sagesse de la Torah révélée est revêtue de vêtements extérieurs et matériels, comme le vol, la nuisance etc., ce qui rend difficile à tout homme d’orienter son esprit et son cœur pendant l’étude vers le Créateur, pour attirer la Lumière de la Torah.
De plus, cet homme, qui a déjà de lourdes difficultés à étudier le Talmud, comment pourrait-il encore se rappeler du Créateur pendant l’étude, alors qu’elle traite de sujets matériels, qui ne peuvent être en lui en même temps que l’intention pour le Créateur?
C’est pourquoi il lui conseille de s’engager dans la sagesse de la Kabbale, qui est une sagesse vêtue entièrement des noms du Créateur et alors évidemment il pourra, sans peine, orienter son esprit et son cœur vers le Créateur durant l’étude, même si elle est des plus difficiles, car traiter de sujets de sagesse et du Créateur, est la même chose, et c’est très facile.
23) C’est pourquoi, il apporte une belle preuve des écrits de la Guémara « de là, l’élève qui n’a pas vu de bon signe de son étude en cinq ans, n’en verra plus », car pourquoi n’a-t-il pas vu de bon signe de son étude? Ce n’est certainement qu’à cause du manque d’intention de son cœur et non pas parce qu’il n’a pas de disposition pour la Torah, car la sagesse de la Torah n’a besoin d’aucun talent.
Mais d’après le verset ci-dessus, « Le Saint béni soit-Il dit à Israël: votre vie, toute la sagesse et toute la Torah sont des choses faciles. Tous ceux qui Me craignent et observent les paroles de la Torah, toute la sagesse et toute la Torah sont dans leurs cœurs ».
Certes, cela lui demande du temps pour s’habituer à la Lumière de la Torah et aux Mitsvot et je ne sais pas combien. L’homme peut attendre ainsi soixante-dix ans de sa vie. C’est pourquoi la Braita (Houlin 24) nous prévient qu’il ne faut pas attendre plus de cinq ans. Rabbi Yossi dit que trois ans sont plus que suffisants pour être récompensé de la sagesse de la Torah. S’il n’a pas vu de bon signe durant cette période, qu’il ne se berce pas de faux espoirs et ne soit pas frustré ni déçu, mais qu’il sache qu’il ne verra jamais un bon signe.
C’est pourquoi il doit immédiatement se trouver un beau stratagème, par lequel il réussira à atteindre Lishma et être récompensé de la sagesse de la Torah. La Braita n’a pas spécifié quel stratagème, mais met en garde de ne pas rester dans la même situation, à attendre. C’est ce que dit le Rav, que le stratagème le plus fructueux et le plus sûr pour lui, est de s’engager dans la sagesse de la Kabbale. Il renoncera complètement à la sagesse de la Torah révélée, vu qu’il s’y est déjà donné une chance et n’y a pas réussi et il dédiera tout son temps à la sagesse de la Kabbale, par laquelle sa réussite sera certaine.
24) C’est très simple, car il n’y a là rien de l’enseignement de la Torah révélée qu’il faille savoir pratiquement, car « l’ignorant n’est pas pieux, un enseignement erroné conduit à la malveillance et un pécheur fera perdre beaucoup de bien ». De sorte qu’il soit obligé de les répéter jusqu’à ne plus y échouer en pratique.
Mais tout ce dont on parle ici n’est que d’étudier la sagesse de la Torah révélée, de voir et d’expliquer les questions qui se posent dans les lois littérales, comme en déduit Rabbi Haim Vital lui-même, c’est-à-dire la partie de l’étude de la Torah qui n’est pas du tout pratiquée par des actions, ni par des lois.
On peut donc en faciliter l’étude par les écrits abrégés au lieu de la source. Cela aussi exige une grande attention, car celui qui connaît la loi par sa source, ne ressemble pas à celui qui la connaît par la lecture d’un résumé. Pour ne pas s’y tromper, Rabbi Haim Vital déclare dès le début de ses paroles, que l’âme ne se lie au corps que quand celui-ci est complet et corrigé par les Mitsvot de la Torah, des 613 Mitsvot.
25) Vous verrez à présent, que toutes les questions que nous avons posées au début de l’introduction ne sont que des futilités. Ce sont ces filets mêmes que le mauvais penchant déploie pour piéger les âmes naïves et les tourmenter dans ce monde sans pitié.
Voyons la première question, où ils prétendent pouvoir pratiquer la Torah entière sans avoir aucune connaissance de la sagesse de la Kabbale. Je leur dis, en effet, si vous pouvez étudier la Torah et pratiquer ses Mitsvot, suivant les lois, Lishma, c’est-à-dire, uniquement, pour contenter le Créateur, alors vous n’avez vraiment pas besoin de l’étude de la Kabbale, car alors on dira de vous « L’âme de l’homme nous enseignera », car alors tous les secrets de la Torah vous sont révélés, comme une source abondante, comme le dit Rabbi Meir, dans la Mishna (Avot), sans avoir besoin d’aide des livres.
Mais si vous étudiez encore Lo Lishma et que vous espérez être récompensé de Lishma, je dois donc vous demander, combien de temps étudiez-vous ainsi? Si vous vous trouvez encore dans les cinq ans, d’après Tana Kama, ou bien les trois ans, d’après Rabbi Yossi, vous avez alors encore le temps d’attendre et d’espérer.
Mais si, dans l’engagement de la Torah Lo Lishma, vous avez dépassé les trois ans, d’après Rabbi Yossi et les cinq ans, d’après Tana Kama, la Braita vous avertit que vous ne verrez pas de bon signe sur la voie prise!
Pourquoi donc bercer votre âme de faux espoirs, alors que vous possédez un conseil aussi proche et sûr que l’étude de la sagesse de la Kabbale, comme j’en ai prouvé le sens plus haut, vu que l’étude des sujets de la sagesse ne font qu’un avec le Créateur ?
26) La seconde question touche à ce qui est écrit, qu’il faut d’abord remplir son ventre avec la Mishna et la Guémara. Certes, tout le monde est d’accord avec cela. Mais il est évident que tout cela est vrai si vous avez déjà été récompensé de l’étude Lishma, ou même Lo Lishma, si vous êtes encore dans les trois ans ou les cinq ans. Mais après cela, la Braita vous avertit que vous ne verrez jamais de bon signe. Vous devez donc tenter votre chance dans l’étude de la Kabbale.
27) Nous devons aussi savoir que la sagesse de la vérité comprend deux parties:
La première partie est nommée « les secrets de la Torah », qu’il est interdit de révéler, excepté à travers des indices, de la bouche d’un sage kabbaliste, à quelqu’un qui en comprend le sens. Et les Maassé HaMerkava et Maassé Béréshit appartiennent à cette partie. Les sages du Zohar nomment cette partie « les trois premières Sefirot », « Kéter, Hokhma, Bina ». Elle est également nommée « Roch HaPartsouf » [la tête du Partsouf].
La deuxième partie est nommée « les goûts de la Torah » [Taamim], qu’il est permis de dévoiler et c’est aussi une grande Mitsva de les révéler. Elle est appelée dans le Zohar « les sept Sefirot inférieures du Partsouf ». Elle est aussi appelée Gouf HaPartsouf » [le corps du Partsouf].
Car dans chaque Partsouf de sainteté, il y a dix Sefirot, nommées : Kéter, Hokhma, Bina, Hessed, Guevoura, Tifféret, Netsakh, Hod, Yessod, Malkhout. Les trois premières Sefirot sont appelées « Roch HaPartsouf ». Les sept Sefirot inférieures sont nommées « Gouf HaPartsouf ». L’âme de l’homme inférieur contient également les dix Sefirot sous leurs noms ci-dessus et de même dans chaque discernement, les supérieurs comme les inférieurs.
La raison pour laquelle les sept Sefirot inférieures, qui sont le corps du Partsouf, sont nommées Taamim de la Torah « les goûts de la Torah », est le sens de : « un palais qui mange goûte », car les lumières qui se révèlent sous les trois premières, qui sont le sens de Roch, s’appellent « les goûts » et Malkhout de Roch est nommée « Palais » (Heikh). C’est pourquoi ils sont appelés « les goûts de la Torah », c’est-à-dire qui apparaissent dans le palais de la bouche, qui est la source de tous les goûts, qui est Malkhout de Roch. Et de là et en bas, il n’est pas interdit de révéler. Au contraire, il n’y a pas de plus grande récompense pour celui qui les dévoile.
Et donc ces trois premières et ces sept inférieures sont expliquées, ou bien dans leur entièreté, ou bien dans les plus petits détails possibles, de sorte que même les trois premières de Malkhout de la fin du monde Assiya appartiennent à la partie « des secrets de la Torah » dont la révélation est interdite et les sept Sefirot inférieures de Kéter de Roch Atsilout, appartiennent aux « goûts de la Torah », qu’il est permis de révéler. Toutes ces choses sont écrites dans les livres de Kabbale.
28) Vous trouverez la source de tous ces écrits dans Massekhet Pessakhim (page 119), comme il est écrit (Isaïe 23) « et son négoce et son salaire seront consacrés à Dieu, il ne sera ni prisé ni conservé, car son salaire sera pour ceux qui demeurent devant Dieu pour se nourrir à satiété et se vêtir majestueusement ». Que veut dire « se vêtir majestueusement »? C’est ce qui couvre les choses qu’Atik Yomin couvrait. Et que sont-elles? Les secrets de la Torah. Il y en a qui disent, ce qui révèle les choses couvertes par Atik Yomin. Que sont-elles? Les goûts de la Torah ».
L’interprétation du Rashbam : Atik Yomin est le Saint béni soit-Il, comme il est écrit « Atik Yomin est assis ». Les secrets de la Torah sont Maassé Merkava et Maassé Béréshit. La signification du « Nom » est comme il est écrit « C’est Mon Nom à jamais ». « Le vêtement » veut dire qu’il ne les transmet pas à n’importe qui, mais seulement à celui dont le cœur est anxieux.
« Ce qui découvre les choses que Atik Yomin recouvre » - qui veut dire recouvre les secrets de la Torah, qui étaient couverts au début et que Atik Yomin a dévoilé et a permis de révéler. Celui qui les révèle est récompensé de ce qui est dit dans ce verset.
29) Voici explicitement la grande différence entre les secrets de la Torah, dont celui qui les atteint en reçoit toute cette grande récompense pour les avoir couverts, sans les dévoiler et leur contraire, les Taamim de la Torah, dont celui qui les atteint en reçoit toute cette grande récompense pour les avoir révélés aux autres. On ne contredit pas le premier avis, mais seulement l’examen des différentes significations entre elles.
Le Lishna Kama déclare que c’est la fin, comme il est dit : « se vêtir majestueusement ». Ainsi interprète-t-on l’atteinte de la grande récompense pour avoir couvert les secrets de la Torah. D’autres déclarent que c’est le début comme il est dit « Manger à satiété » qui veut dire Taamim de la Torah, comme il est écrit « le palais qui mange goûtera », car les lumières des Taamim sont nommées nourriture.
C’est ainsi qu’on explique l’atteinte de la grande récompense, pour celui dont il est dit qu’il dévoile les Taamim de la Torah. (Il n’y a pas de différence entre eux, l’un parle des secrets de la Torah et l’autre des Taamim de la Torah). Mais les deux pensent qu’il faut couvrir les secrets de la Torah et révéler les goûts de la Torah.
30) Et voici donc une réponse claire aux quatrième et cinquième questions du début de l’introduction. Les paroles des sages et des livres saints expliquent aussi qu’il ne faut les transmettre qu’à celui dont le cœur est anxieux, en l’occurrence cette partie nommée « secrets de la Torah », qui sont les trois premières Sefirot et Roch, qu’on ne transmet qu’aux humbles sous certaines conditions, car tu n’en trouveras même pas une seule mention dans tous les livres de Kabbale écrits et imprimés, car ce sont les choses qu’Atik Yomin a recouvertes cité dans la Guémara.
De plus, pouvez-vous dire que l’on puisse penser et même concevoir, que tous ces saints et ces justes renommés, qui sont les plus grands et les meilleurs de la nation, comme le Sefer Yetsira (livre de la Création), le livre du Zohar et la Braita de Rabbi Ismaël, Rabbi Hai Gaon, et Rabbi Hamai Gaon, Rabbi Eléazar de Garmiza et le reste des Richonim (les premiers) jusqu’au Nahamanide et Baal HaTourim et Baal Shoulchan Aroukh jusqu’au Gaon de Vilna et le Gaon de Ladi et les autres justes, que ce sont d’eux qu’est sortie toute la Torah révélée et que nous vivons de leur mots, pour savoir ce qu’il faut faire pour plaire aux yeux du Créateur. Ils ont tous écrit et imprimé des livres sur la sagesse de la Kabbale et il n’y a pas de plus grande révélation que d’écrire un livre et l’écrivain ne sait pas qui le lira et il se peut que des méchants le lisent et il n’y a donc plus de grande révélation des secrets de la Torah que cela.
Ne vous imaginez pas que ces saints et purs aient pu transgresser d’un iota ce qui est écrit et expliqué dans la Mishna et la Guémara, qu’il est interdit de les révéler, comme écrit dans Massekhet Haguiga dans Ein Dorshin.
Mais forcément, tous ces livres écrits et imprimés, sont les Taamim de la Torah, qu’Atik Yomin avait recouvert au début et qu’il a révélé plus tard dans le sens du « palais qui mange goûtera » et que non seulement, il n’est pas interdit de dévoiler ces secrets, mais au contraire, c’est une grande Mitsva de les révéler (ci-dessus Pessakhim 119). La récompense de celui qui sait les découvrir et les révèle, est très grande, car du dévoilement de ces lumières à un grand nombre et expressément à un grand nombre, dépend la venue du Messie, bientôt de nos jours Amen.
31) Pour une fois, il faut expliquer pourquoi la venue du Messie dépend de la diffusion de l’enseignement de la Kabbale aux masses, qui a été tellement publiée dans le Zohar et les livres de Kabbale. Les foules considèrent cela vain et c’est insupportable.
L’explication de ce sujet est commentée dans les Tikounim [corrections] du Zohar (Tikoun 30 « Netiv Tanina »). Traduction abrégée : « Quand la Sainte Shékhina [Divinité] est descendue en exil, cet esprit s’est répandu sur ceux qui étudient la Torah, car la Sainte Shékhina se trouve parmi eux. Ils sont tous comme des animaux ruminants du foin. Quelque faveur qu’ils fassent, c’est dans leur propre intérêt. De même pour tous ceux qui étudient la Torah, quelque faveur qu’ils fassent, c’est dans leur propre intérêt. A ce moment-là, l’esprit les quitte et ne reviendra plus jamais. C’est l’esprit du Messie.
Malheur à celui qui fait partir l’esprit du Messie et fasse qu’il ne revienne plus jamais. Ils rendent la Torah aride et ne veulent pas faire d’efforts dans la sagesse de la Kabbale. Ces personnes font que la source de la sagesse s’en va, qui est le Youd du nom HaVaYaH. L’esprit du Messie part, le saint esprit, l’esprit de la sagesse et de la compréhension, l’esprit du conseil et de la puissance, l’esprit de la connaissance et de la crainte de Dieu. « Et Dieu dit: que la Lumière soit », c’est la Lumière de l’amour, l’amour de la Grâce, comme il est écrit : je t’ai aimé d’un amour éternel.
A ce sujet il est dit « si vous éveillez et attisez l’amour jusqu’à ce qu’il satisfasse… » C’est l’amour qui ne reçoit pas de récompense. Car si la crainte et l’amour sont pour recevoir une récompense, c’est une servante…une servante qui hérite de sa maîtresse».
32) Nous commencerons à expliquer les Tikounim du Zohar de la tête aux pieds, car il dit que la crainte et l’amour, que l’homme a dans la pratique de la Torah et des Mitsvot afin d’avoir une récompense, c’est-à-dire espérer en récolter un bienfait dû à la Torah et au travail, sont considérés comme la servante, de laquelle il est écrit « la servante qui hérite de sa maîtresse ».
C’est apparemment dur, car il est écrit : « L’homme pratiquera toujours la Torah et les Mitsvot Lo Lishma ». Pourquoi la terre s’est-elle mise en colère? Il faut aussi comprendre le rapport entre la pratique Lo Lishma et la servante, spécifiquement, ainsi que l’expression « qui hérite de sa maîtresse », de quel héritage parle-t-on ici?
33) Vous comprendrez cette question par tout ce qui est expliqué plus-haut dans cette introduction. Ils n’ont permis de pratiquer Lo Lishma que parce que, de Lo Lishma on arrive à Lishma, car sa Lumière ramène vers le bien et inversement, la pratique de Lo Lishma est considérée comme la servante qui aide et fait les basses corvées pour sa maîtresse, qui est la Sainte Shékhina, car à la fin, il arrivera à Lishma et sera récompensé de l’inspiration de la Shékhina. Alors la servante, considérée comme l’engagement dans Lo Lishma, sera aussi considérée comme la servante de la Sainteté, car c’est elle qui aide à préparer la Sainteté, mais est appelée le monde de Assiya de Kedousha.
Cependant, si sa foi n’est pas complète et ne s’engage dans la Torah et le travail seulement parce que le Créateur lui en a ordonné l’étude, il a déjà été expliqué plus haut que dans cette Torah et ce travail, Sa Lumière n’apparaîtra pas du tout car ses yeux sont défectueux et comme avec la chauve-souris, la lumière devient obscurité.
Cette façon d’étudier l’a fait sortir de l’autorité de la servante de la Sainteté, car il ne sera pas récompensé d’arriver à Lishma, mais il sera sous l’autorité de la servante des Klipot, qui hérite de cette Torah et de ce travail et se les approprie. C’est pourquoi la terre s’est mise en colère, c’est-à-dire la Sainte Shékhina qui est nommée la Terre, car cette même Torah et ce même travail, qui devaient lui revenir et être la propriété de la Sainte Shékhina, la mauvaise servante se l’est appropriée et les a réduits à la possession des Klipot. La servante se retrouve donc à hériter de sa maîtresse.
34) Les Tikounim du Zohar ont expliqué le sens du serment, « si vous éveillez et attisez l’amour jusqu’à ce qu’il satisfasse ». L’insistance est sur le point qu’Israël attirera la lumière de Hessed supérieur, qui est nommée « l’amour de la Grâce », car c’est ce qui est « désirable » et qui est attiré expressément par la pratique de la Torah et des Mitsvot, sans en recevoir de récompense. Le sens en est que, c’est par cette Lumière de Hessed que la Lumière de Hokhma supérieure s’étend sur Israël et se dévoile et se revêt de cette Lumière de Hessed qu’Israël a attiré.
Cette lumière de Hokhma est le sens du verset « Et l’esprit du Seigneur repose sur lui, l’esprit de la sagesse et de la compréhension, l’esprit du conseil et de la puissance, l’esprit de la connaissance et de la crainte de Dieu » (Isaïe 11), qui se rapporte au Roi Messie « Il portera un drapeau pour les peuples et rassemblera ceux qui sont loin d’Israël et regroupera ceux de Juda qui sont dispersés aux quatre coins du monde », car après qu’Israël aura attiré la lumière de Hokhma à travers la lumière de Hessed, le Messie se dévoilera et regroupera ceux qui sont loin d’Israël.
Tout cela dépend de l’engagement dans la Torah et du travail dans Lishma, qui est capable d’attirer la grande lumière de Hessed, dans qui se revêt et est attirée la lumière de Hokhma. Et c’est le sens du serment « si vous éveillez et attisez », car la rédemption complète et le rassemblement des exilés sont impossibles sans cela, vu que c’est ainsi que les voies saintes sont ordonnées.
35) Il est aussi expliqué : « et l’esprit de Dieu planait sur les eaux ». Quel est « l’esprit de Dieu»? Pendant l’exil, quand Israël s’engagent encore dans la Torah et les Mitsvot Lo Lishma, et s’il en est vraiment ainsi, que de Lo Lishma ils arrivent à Lishma, alors la Shékhina est parmi eux, bien qu’ils soient en exil car ils ne sont pas encore dans Lishma.
Il est écrit que la Shékhina est cachée, mais à la fin ils seront récompensés de découvrir la Shékhina et alors l’esprit du Roi Messie planera sur ceux qui s’y engagent et les éveillera pour arriver à Lishma, car « Sa Lumière les ramène vers le bien ». C’est elle qui aide et prépare à l’inspiration de la Shékhina, qui est sa maîtresse.
Au contraire, si leur engagement dans Lo Lishma ne les amènent pas à Lishma, la Shékhina est alors désolée et déclare qu’elle ne se trouve pas chez ceux qui s’engagent dans la Torah, ce même esprit qui élève l’homme, car ils se contentent de l’esprit animal qui abaisse et tout leur engagement dans la Torah et les Mitsvot n’est que dans leur propre intérêt et satisfaction personnelle. L’engagement dans la Torah n’est pas capable de les amener à Lishma, car l’esprit du Messie ne plane pas sur eux, mais s’en éloigne et ne reviendra plus à eux, car la servante impure s’approprie leur Torah et hérite de la maîtresse, parce qu’ils ne sont pas sur la voie pour aller de Lo Lishma à Lishma.
Bien qu’ils ne réussissent pas dans l’engagement de la Torah révélée, car elle ne contient pas de Lumière et est aride à cause de leur petitesse d’esprit, ils peuvent quand même réussir dans l’étude de la Kabbale, car sa Lumière est vêtue des vêtements du Créateur, c’est-à-dire des Noms sacrés et des Sefirot, qui les amèneraient bien facilement de Lo Lishma à Lishma, et alors l’esprit de Dieu planera sur eux, car « Sa Lumière les ramène vers le bien ».
Mais ils ne veulent en aucun cas étudier la Kabbale. C’est pourquoi il est écrit qu’ils causent la misère, le saccage, la destruction, le massacre et la destruction dans le monde, car l’esprit du Messie est parti, le saint esprit, l’esprit de la sagesse et de la compréhension.
36) Les Tikounim du Zohar expliquent qu’il y a un serment : la Lumière de Hessed et l’amour dans le monde n’apparaîtront pas tant que les actions d’Israël, dans la Torah et les Mitsvot, ne seront pas avec l’intention de ne pas en recevoir de récompense, mais uniquement pour plaire au Créateur, ce qui est le sens du serment « Je vous en conjure, filles de Jérusalem ».
De sorte que toute la durée de l’exil et les souffrances que nous subissons dépendent de nous et attendent que nous soyons récompensés de nous engager dans la Torah et les Mitsvot Lishma. Dès que nous en serons récompensés, cette lumière de l’amour et de Hessed s’éveillera immédiatement, comme il est écrit « et l’esprit de la sagesse et de la compréhension reposera sur lui ». Alors nous serons récompensés de la rédemption complète.
Il a aussi été expliqué qu’il n’est pas possible que tout Israël atteigne cette grande pureté, sauf par l’étude de la Kabbale, qui est la voie la plus facile et elle suffit aussi aux plus simples d’esprit. Ce qui n’est pas le cas dans la pratique seule de la Torah révélée, par laquelle on ne peut pas y arriver, sauf quelques élus et avec beaucoup d’efforts, mais pas par la majorité du peuple (pour les raisons expliquées au point 22). Ainsi, l’insignifiance des quatrième et cinquième questions du début de l’introduction a été bien démontrée.
37) La troisième question qui est la crainte de mal tourner, il n’y a aucune crainte ici, car le fait de dévier de la voie du Créateur, qui est arrivé dans le passé, s’est passé pour deux raisons : ou bien ils ont transgressé les paroles de nos sages au sujet de ce qui est interdit de dévoiler, ou bien ils ont saisis les paroles de la Kabbale dans leur signification extérieure, c’est-à-dire comme des directives matérielles et ont transgressé « Tu ne te feras point de sculpture, ni d’image ».
C’est pourquoi, il y avait une muraille fortifiée autour de cette sagesse jusqu’à ce jour et nombreux ont essayé de commencer à étudier et n’ont pas pu continuer à cause d’un manque de compréhension et en raison des expressions matérielles. C’est pourquoi j’ai pris la peine, dans le commentaire de Panim Meirot et Panim Masbirot, d’expliquer l’important livre L’arbre du vie du Ari, en rendant abstraite les formes matérielles et en les plaçant sous les lois de la spiritualité, au-delà de l’espace et du temps, de sorte que chaque débutant puisse comprendre le sens et le motif des choses, dans un esprit clair et d’une grande simplicité, comme quiconque comprend la Guémara grâce aux commentaires de Rachi.
38) Continuons à élargir l’obligation de l’étude de la Torah et des Mitsvot Lishma. Il faut comprendre ce terme « Torah Lishma ». Pourquoi ce travail complet et désiré est-il défini par ce terme « Lishma » et le travail non désiré par le terme « Lo Lishma »? Dans le sens élémentaire, où celui qui s’engage dans la Torah et les Mitsvot doit orienter son cœur pour plaire à Dieu et non à lui-même, n’aurait-il pas fallu le définir par le terme « Torah Lishmo » et « Torah Lo Lishmo » qui veut dire pour le Créateur ? Et pourquoi le définir par « Lishma » et « Lo Lishma », qui veut dire pour la Torah?
Il doit certainement y avoir un autre sens à que ce qui est dit, car l’expression prouve que la Torah Lishmo (pour Lui), c’est-à-dire pour satisfaire son Créateur, ne suffit pas encore et il faut s’engager Lishma, qui veut dire pour la Torah. Cela nécessite une explication.
39) Nous savons que la Torah porte le nom de « Torah de la vie », comme il est dit « Car c’est la vie pour ceux qui la trouvent » (Proverbes 4 :22), « Ce n’est pas une chose vaine pour vous, c’est votre vie » (Deutéronome 32:47). Vu qu’il en est ainsi, la signification de Torah Lishma est donc, que l’engagement dans la Torah et des Mitsvot donne vie et longévité et alors la Torah porte bien son nom.
Pour celui qui n’oriente pas son cœur ni son esprit vers ce qui a été dit, l’engagement dans la Torah et des Mitsvot lui apporte le contraire de la vie et de la longévité, à savoir tout à fait « Lo Lishma », car son nom est « Torah de la vie » et comprenez cela. Ces paroles sont expliquées par nos sages (Taanit 7 p1) « Celui qui s’engage dans la Torah Lo Lishma, sa Torah devient pour lui un élixir de mort. Celui qui s’engage dans la Torah Lishma, sa Torah devient pour lui un élixir de vie ».
Mais leurs paroles doivent être éclairées pour comprendre comment et en quoi la Sainte Torah devient pour lui un élixir de mort. Cela est très déconcertant.
40) Comprenons d’abord les paroles de nos sages (Méguila 6), qui disent « j’ai fait des efforts et j’ai trouvé, crois-le. Je n’ai pas fait d’efforts et j’ai trouvé, ne le crois pas ». Il faut examiner l’expression « j’ai fait des efforts et j’ai trouvé », qui parait contradictoire, car « l’effort » veut dire un travail et un labeur qui sont le prix de toute possession désirée et on fait beaucoup d’efforts pour une possession importante et on fait moins d’efforts pour une moindre possession.
Son opposé est de « trouver », c’est une chose qui arrive à l’homme sans qu’il y pense, sans qu’il soit préparé à un labeur, à un travail ou à un prix. S’il en est ainsi, comment peut-on dire « j’ai fait des efforts et j’ai trouvé »? S’il y a là un effort, il aurait fallu dire « j’ai fait des efforts et j’ai acheté » ou bien « j’ai fait des efforts et j’ai gagné » etc. et non « j’ai fait des efforts et j’ai trouvé ».
41) Le Zohar pose la question au sujet de « Mes adeptes Me trouveront », où trouve-t-on le Créateur? Et ils dirent que l’on ne trouve le Créateur que dans la Torah. C’est ce qu’ils disent du verset « Tu es un Dieu qui se cache », car le Créateur se cache dans la Torah. Il convient de comprendre correctement les paroles de nos sages car, apparemment, le Créateur ne se cache que d’éléments et de voies matériels et de toutes les futilités de ce monde qui sont extérieurs à la Torah. Alors comment peut-on dire le contraire, qu’Il ne se cache que dans la Torah?
Il y a aussi la signification générale, que le Créateur se cache pour qu’on Le cherche. Pourquoi a-t-Il besoin de se cacher? Aussi « tous ceux qui Le cherchent Le trouveront », que l’on comprend du verset « tous Mes adeptes me trouveront », il faut bien comprendre cette recherche et cette découverte, que sont-elles et quel est leur but?
42) Il faut néanmoins savoir qu’il n’y a qu’une seule raison à notre grand éloignement du Créateur et à notre possible transgression de Sa volonté et cette seule raison est devenue la source de tous nos maux et souffrances, de toutes les malveillances et erreurs qui nous font échouer et sur qui nous nous heurtons.
De plus, on comprend qu’en supprimant cette raison, on se défait immédiatement de toute peine et de toute douleur et on est récompensé immédiatement d’une grande adhésion à Lui, dans le cœur, âme et force. Je vous dirai que cette raison première n’est autre que « notre peu de compréhension de Sa Providence sur Ses créatures », nous ne comprenons pas le Créateur correctement.
43) Supposons, par exemple, que Sa Providence soit révélée à Ses créatures, de sorte que quiconque mangerait une chose interdite étoufferait sur place et quiconque ferait une Mitsva y trouverait un plaisir merveilleux ressemblant aux meilleurs plaisirs de ce monde matériel. Qui donc serait assez sot pour penser goûter une chose interdite, en sachant qu’il y perdrait sa vie immédiatement, de même qu’il ne penserait pas à se jeter dans le feu?
De même, qui serait assez sot pour abandonner une Mitsva, sans la pratiquer promptement et au plus vite, de même qu’il ne pourrait abandonner ou retarder un grand plaisir matériel se présentant à lui, sans le recevoir sur le champ et le plus vite possible. Il est évident que si la Providence était manifeste, tout le monde serait des justes complets.
44) A vos yeux donc, rien ne nous manque dans notre monde sauf la Providence manifeste. Si la Providence manifeste existait, tout le monde serait des justes complets. Ils adhéreraient aussi au Créateur d’un amour absolu. Ce serait assurément un grand honneur pour chacun de se lier d’amitié et d’aimer le Créateur de tout cœur et de toute leur âme et d’adhérer toujours à Lui sans perdre un seul instant.
Mais vu que ce n’est pas le cas et que la Mitsva n’est pas récompensée en ce monde, de même, ceux qui transgressent Sa volonté ne seront pas punis à nos yeux et le Créateur est patient avec eux. Qui plus est, parfois c’est l’inverse, comme dans le verset (Psaumes 73-12) « Ainsi sont les méchants, toujours sereins, ils accroissent leurs puissances ». Donc, ce n’est pas tous ceux qui veulent atteindre le Créateur qui l’atteindront, car nous trébuchons à chaque pas, comme l’ont écrit nos sages (VaYikra Rabba 82) au sujet du verset « J’ai trouvé un homme sur mille, et mille entrent en classe et un seul en sort pour enseigner ».
Donc, comprendre Sa Providence est la raison de tout le bien et son incompréhension est la raison de tout le mal. Il s’avère qu’elle est donc l’axe autour duquel tout le monde tourne, pour le meilleur ou pour le pire.
45) En observant bien l’atteinte de la Providence que les hommes ressentent, nous en trouvons quatre. Chacune reçoit la Providence divine spécifiquement. De sorte qu’il y a quatre discernements dans l’atteinte de la Providence.
En vérité, il n’y en a que deux : la dissimulation de la face et la révélation de la face. Mais il y a quatre divisions, qui sont : Deux discernements de la Providence dans la dissimulation de la face qui sont la simple dissimulation et la dissimulation dans la dissimulation. Deux discernements de la Providence dans la révélation de la face qui sont la Providence de la récompense et de la punition et la Providence éternelle.
46) Il est écrit (Deutéronome 31 : 17) : « Et Ma colère s’enflammera contre lui en ce jour-là; et Je les abandonnerai et Je leur cacherai Ma face; et il sera dévoré et de nombreux maux et détresses l’atteindront; et il dira en ce jour-là: N’est-ce pas parce que mon Dieu n’est pas en moi que ces maux m’ont atteint? Et Moi, Je cacherai et dissimulerai Ma face, en ce jour-là, à cause de tout le mal qu’il a fait; parce qu’il se sera tourné vers d’autres dieux ».
En examinant le verset vous trouverez qu’au début il est écrit : « Et Ma colère s’enflammera... et Je leur cacherai Ma face », c’est-à-dire une seule dissimulation. Ensuite il est écrit : « et de nombreux maux et détresses l’atteindront…Et Moi, Je cacherai et dissimulerai Ma face », c’est-à-dire une double dissimulation. Nous devons comprendre quelle est cette double dissimulation.
47) Pour commencer, comprenons quel est le sens de la Face du Créateur, dont le verset en dit « Et Je leur cacherai Ma face »? Tu comprendras cela comme un homme qui, en voyant le visage de son ami, le reconnaît tout de suite. Mais quand il le voit de dos, il n’est plus sûr de le reconnaître et il se peut qu’il doute « Peut-être est-ce un autre et non son ami? »
C’est le cas présent, car tout le monde sait et ressent que le Créateur est Bon et Il fait le Bien et c’est pourquoi quand le Créateur fait le bien aux créatures qu’Il a créées, comme un cadeau de Sa main généreuse, nous considérons que Sa Face est révélée aux créatures, et alors toutes savent et Le reconnaissent, vu qu’il se conduit selon Son Nom, comme cela a été expliqué plus haut au sujet de la Providence manifeste.
48) Mais quand Il se conduit avec Ses créatures contrairement à ce qui a été dit, c’est-à-dire quand elles éprouvent des souffrances et des maux dans Son monde, nous considérons ceci comme le dos du Créateur car Sa face, qui est la mesure du Bien parfait, leur est entièrement cachée, et cette conduite ne convient pas à Son Nom. Et cela ressemble à celui qui voit son ami de dos et qui pourrait douter et penser « c’est peut-être un autre ? »
Et le verset « Ma colère s'enflammera... Je leur cacherai ma face», est qu’au moment de la colère, les créatures éprouvent des souffrances et des maux, et il se trouve que le Créateur cache Sa face, qui est la mesure du Bien parfait, et seul Son dos est apparent. Et c’est alors qu’il faut se renforcer fortement dans Sa foi, pour prendre garde de ne pas tomber dans des pensées de transgression, car c’est difficile de Le reconnaître de dos. Cela s’appelle la « simple dissimulation ».
49) Cependant, les souffrances et les maux, augmentant dans une très grande mesure, causent une double dissimulation, qui s’appelle dans les livres « la dissimulation dans la dissimulation ». Cela signifie que même Son dos n’est pas vu, c’est-à-dire, qu’ils ne croient pas que le Créateur soit irrité contre eux et les punit, mais ils attribuent cela au hasard et à la nature, et donc ils renient Sa Providence dans la récompense et punition. C’est le sens du verset « Je cacherai et dissimulerai Ma Face, car il se sera tourné vers d’autres dieux », c’est-à-dire, qu’ils profanent et se tournent vers l’idolâtrie.
50) Mais dans le cas précédent, où le verset parle seulement de la dissimulation unique, il se termine par : « et il dira en ce jour-là: N'est-ce pas parce que mon Dieu n’est pas en moi que ces maux m’ont atteint?». Ce qui veut dire qu’ils croient encore en la Providence dans la récompense et punition, et qu’ils disent que les calamités et les souffrances leur viennent car ils n’adhèrent pas au Créateur, comme il est écrit « N'est-ce pas parce que mon Dieu n’est pas en moi que ces maux m’ont atteint», et c’est considéré qu’ils voient encore le Créateur mais seulement Son dos. Cela s’appelle la « simple dissimulation », c’est-à-dire la dissimulation de la Face seulement.
51) Nous avons expliqué, ici, les deux discernements de la perception de la Providence cachée ressentie par les créatures, la simple dissimulation, et la dissimulation dans la dissimulation.
La simple dissimulation, veut dire la dissimulation de la face seulement, le dos leur étant dévoilé. C’est-à-dire qu’ils reconnaissent que le Créateur leur a causé les souffrances comme punition. Et bien qu’il leur soit dur de connaître le Créateur, toujours de dos, car c’est ce qui les amène à la transgression, ils sont quand même appelés « méchants incomplets ». C’est-à-dire que ces transgressions ressemblent à des erreurs, car ils y sont arrivés à cause de nombreuses souffrances, mais en général, ils croient en la récompense et la punition.
52) La dissimulation dans la dissimulation veut dire que, même le dos du Créateur leur est caché, car ils ne croient pas en la récompense et la punition. Leurs transgressions sont considérées comme des malveillances. Ils sont appelés « méchants complets », car ils sont insoumis et déclarent que Sa Providence ne veillent pas sur ses créatures, et ils se tournent vers l’idolâtrie, comme il est écrit : « parce qu’il se sera tourné vers d’autres dieux ».
53) Il faut savoir, que tout le travail qui s’applique dans la pratique de la Torah et des Mitsvot, par le choix, se base principalement sur les deux discernements mentionnés de la Providence cachée. Et au sujet de cette période Ben Hé Hé dit « le salaire sera proportionnel à la peine » (Avot 5 :26). Etant donné que Sa Providence n’est pas révélée, et que nous ne pouvons Le voir que dans la dissimulation de Sa face, c’est-à-dire de dos seulement, de même qu’un homme voit son ami de dos et peut douter et penser que c’est un autre. De même, le choix de respecter Sa volonté ou de la transgresser se trouve toujours entre les mains de l’homme.
Les calamités et les douleurs qu’il éprouve le mènent à douter de l’existence de Sa Providence sur Ses créatures sous le premier aspect, qui sont les erreurs, ou sous le second aspect qui sont les malveillances. Et quoi qu’il en soit, il se trouve dans une grande détresse, et fait beaucoup d’efforts. Et de cette période, il est écrit : « ce que tu as la force de faire, fais-le » (Ecclésiaste 9), car il ne sera pas récompensé de découvrir Sa face, ce qui veut dire la complète mesure de Sa bonté, avant d’avoir fait tous les efforts possibles de toutes ses forces. (Le salaire sera proportionnel à la peine).
54) En effet, quand le Créateur voit que l’homme a terminé la mesure de ses efforts, et a achevé tout ce qu’il avait la force de faire, de son propre choix et par le renforcement de sa foi en Dieu, alors le Créateur l’aide et il est récompensé d’atteindre la Providence révélée, à savoir la révélation de la face. Il est alors récompensé de la repentance complète, ce qui veut dire qu’il adhère de nouveau à Lui, de tout son cœur et âme et force, comme s’il était attiré de lui-même vers l’atteinte de la Providence révélée.
55) L’atteinte et le repentir mentionnés, viennent à l’homme en deux degrés, dont le premier est l’atteinte de la Providence de l’absolue récompense et punition. En plus de l’atteinte claire de la récompense pour chaque Mitsva dans le monde à venir, il est aussi récompensé d’un plaisir merveilleux au moment même de la Mitsva dans ce monde. De même, en plus de la punition amère pour chaque transgression après sa mort, il mérite aussi de goûter l’amertume de chaque transgression alors qu’il est encore en vie. Il est évident, que celui qui atteint cette Providence révélée est certain de ne plus pécher, de même qu’un homme ne s’amputerait pas un organe, ce qui lui causerait de terribles souffrances. Il est également sûr de lui de ne pas manquer la pratique d’aucune Mitsva, au moment même où elle se présente, de même qu’il serait certain de ne manquer aucun plaisir de ce monde, ou grand bénéfice qui se présenterait à lui.
56) Vous comprendrez ce que nos sages ont écrit : « A quoi ressemble le repentir ? Quand Celui qui connaît les mystères témoignera qu’il ne retournera plus à sa bêtise. » Ce qui est apparemment étonnant, car qui montera au ciel pour entendre le témoignage du Créateur? Et aussi, devant qui le Créateur doit-il témoigner ? Ne suffit-il pas que le Créateur lui-même sache que l’homme s’est repenti de tout son cœur et ne péchera plus ?
L’explication est des plus simples. En effet, l’homme n’est jamais absolument sûr de ne plus pécher avant d’être récompensé d’atteindre la Providence de la récompense et punition, qui a été expliquée, à savoir la révélation de la face. Cette révélation de la face, de la part du salut du Créateur s’appelle « témoignage », car Son salut en lui-même, par cette atteinte de la récompense et punition, lui assure qu’il ne péchera plus.
Pour lui ceci est considéré comme le témoignage du Créateur. Il est écrit « A quoi ressemble le repentir ? » c’est-à-dire quand l’homme sera-t-il sûr qu’il a été récompensé de la complète repentance? Pour cela un signe clair lui a été donné, à savoir, quand celui qui connait les mystères témoignera pour lui qu’il ne retournera plus à sa bêtise. C’est-à-dire qu’il aura été récompensé de la révélation de la face, car alors Son salut témoigne pour lui qu’il ne retournera plus à sa bêtise.
57) Et cette repentance s’appelle « la repentance par crainte », car bien qu’il se soit repenti devant Lui, de tout son cœur et de toute son âme, et que Celui qui connaît les mystères ait témoigné qu’il ne retournera plus à sa bêtise, cette assurance de ne plus pécher ne provient que de son atteinte et de sa perception de la punition et des terribles souffrances, découlant des transgressions, et il est donc sûr de lui de ne pas pécher, dans le sens qu’il est sûr de ne plus s’infliger de terribles souffrances.
Cependant, finalement, cette repentance et cette assurance ne proviennent que de la crainte des punitions découlant des transgressions. Sa repentance ne provient donc que de la crainte de la punition, et s’appelle donc « la repentance par crainte ».
58) Par cela nous comprenons les paroles de nos sages, que « celui qui se repent par crainte voit que ces malveillances deviennent des erreurs ». Il faut comprendre comment cela se produit-il ? Et par ce qui a été dit plus haut, vous comprendrez bien, car cela a été expliqué plus haut (point 52), que les malveillances de l’homme proviennent de la Providence de la double dissimulation, qui est la dissimulation dans la dissimulation, ce qui veut dire qu’il ne croit pas en la Providence de la récompense et punition.
La simple dissimulation veut dire qu’il croit en la Providence de la récompense et punition. Néanmoins, à cause de nombreuses souffrances, il pense parfois commettre une infraction. Il en est ainsi, parce que même s’il croit que les souffrances sont la punition, il est comme celui qui voit son ami de dos, et pourrait douter et penser que c’est peut-être un autre, c’est pourquoi ces péchés-là ne sont que des erreurs, car il croit en la Providence de la récompense et punition.
59) C’est pourquoi, après avoir été récompensé de la repentance par crainte, qui veut dire l’atteinte claire de la Providence de la récompense et punition, jusqu’à être sûr de ne plus pécher, la dissimulation dans la dissimulation est complètement corrigée. A présent, il voit manifestement que la Providence de la récompense et punition existe. Il lui est évident que toutes les souffrances qu’il avait toujours ressenties, étaient la punition de Sa Providence pour les péchés qu’il avait commis. Il découvre par la suite, qu’il avait commis une erreur amère, et c’est pourquoi toutes ces malveillances sont déracinées de leur racine.
Cependant, pas entièrement, mais elles deviennent des erreurs, c’est-à-dire elles ressemblent aux transgressions qu’il avait commises dans la simple dissimulation, où il avait échoué à cause de sa confusion due aux nombreuses souffrances, qui désorientent l’homme. Elles sont regardées comme des erreurs.
60) Pourtant, par cette repentance, il n’a absolument pas corrigé la première dissimulation de la face, celle qu’il avait auparavant, qui ne sera corrigée qu’à partir du moment où il aura été récompensé de la révélation de la face. Mais avant d’avoir été récompensé de la repentance, la dissimulation de la face et toutes les erreurs restent telles quelles, sans aucune correction, ni changement. Par le passé, il croyait aussi que les ennuis et les souffrances étaient une punition, comme il est écrit « et il dira en ce jour-là: n’est-ce pas parce que mon Dieu n'est pas en moi que ces maux m’ont atteint? »
61) C’est pourquoi il ne s’appelle pas encore un juste complet. Celui qui été récompensé de la révélation de la face, ce qui signifie la mesure de Sa bonté parfaite, comme il sied à Son Nom, porte le nom de juste (point 55), car il justifie Sa Providence telle qu’elle est en vérité, à savoir, qu’Il agit envers Ses créatures avec une bonté absolue et une perfection absolue, de sorte qu’Il fait le bien aux méchants et aux gentils.
Etant donné qu’il a été récompensé de la révélation de la face, par la suite il lui convient de porter le nom de « juste ». Néanmoins, vu qu’il n’a corrigé que la dissimulation dans la dissimulation, et qu’il n’a pas encore corrigé la première dissimulation, et ce n’est qu’à partir de maintenant, à ce moment-là, avant d’être récompensé de la repentance, qu’il ne peut pas encore être appelé « juste ». Il en est ainsi car la dissimulation de la face reste telle qu’elle était. Pour cette raison, il est appelé « juste incomplet », signifiant qu’il doit encore corriger son passé.
62) Il est également appelé « moyen », car après avoir été récompensé de la repentance par crainte, il devient apte par la pratique complète de la Torah et des bonnes actions, à être aussi récompensé de la repentance par amour, ce qui lui vaudra alors d’être un « juste complet ». En effet, à présent, il est l’intermédiaire, entre la crainte et l’amour, et de là appelé « moyen/intermédiaire ». Ce qui n’était pas le cas avant, quand il n’était absolument pas apte à se préparer même à la repentance par amour.
63) Ceci a bien expliqué le premier degré d’atteinte de la révélation de la face, c’est-à-dire, l’atteinte et la perception de la Providence de la récompense et punition, par le témoignage de Celui qui connait les mystères qu’il ne retournera plus à sa bêtise, s’appelle « la repentance par crainte », et où toutes ses malveillances deviennent des erreurs. Il est appelé « juste incomplet », et aussi « moyen/intermédiaire ».
64) Nous allons maintenant expliquer le second degré d’atteinte de la révélation de la face, qui est l’atteinte de la Providence complète, véritable, éternelle. Cela signifie que le Créateur veille sur Ses créatures sous la forme du bien qui fait le bien aux méchants et aux gentils. A présent il s’appelle un « juste complet » et « la repentance par amour » quand il a été récompensé de changer ses malveillances en mérites.
Ceci explique les quatre discernements de perception de la Providence qui s’appliquent aux créatures. Les trois premiers discernements, la double dissimulation, la simple dissimulation et l’atteinte de la Providence de la récompense et punition, ne sont que des préparations, par lesquelles l’homme atteindra le quatrième discernement, qui est l’atteinte de la Providence véritable, éternelle.
65) Cependant, il faut comprendre pourquoi le troisième discernement, qui est l’atteinte de la Providence de la récompense et punition n’est pas suffisante. Nous avons dit qu’il a déjà été récompensé de Celui qui connaît les mystères témoigne pour lui qu’il ne retournera plus à sa bêtise. Pourquoi est-il encore appelé « moyen » ou « juste incomplet », ces noms prouvent que son travail n’est pas encore désirable aux yeux du Créateur, et qu’il y a encore un manque et un défaut dans sa Torah et dans son travail ?
66) Commençons par examiner la question que les commentateurs ont posée au sujet de la Mitsva de l’amour du Créateur. Comment la Torah nous a-t-elle obligés à faire une Mitsva, que nous sommes incapables de respecter ? L’homme peut s’obliger et s’asservir à tout faire, mais pour ce qui est de l’amour, aucune servitude ni contrainte au monde ne l’aidera.
La raison est qu’en faisant toutes les 612 Mitsvot selon les lois, l’amour de Dieu s’étend à lui de lui-même. C’est pourquoi elles sont faisables, car il peut s’asservir et se forcer à faire les 612 Mitsvot selon les lois, et alors il atteindra l’amour du Créateur.
67) Cependant, ces paroles doivent encore être largement expliquées. Car finalement, l’amour de Dieu ne devait pas nous venir en tant que Mitsva, puisque nous n’avons aucune action ni astreinte qui soit entre nos mains et cet amour nous vient de lui-même après avoir complété les 612 Mitsvot. Par conséquent, le commandement des 612 Mitsvot nous suffisent amplement. Et pourquoi la Mitsva de l’amour a-t-elle été écrite ?
68) Pour comprendre cela, il nous faut d’abord comprendre véritablement l’essence de l’amour même du Créateur. Il faut savoir que toutes les tendances et les qualités implantées dans l’homme, pour être utilisées envers ses amis, sont toutes des tendances et des qualités naturelles et sont toutes sont nécessaires pour le Son travail. Dès le début, elles ont été créées et implantées dans l’homme uniquement pour leur rôle final mentionné, qui est le but et l’achèvement de tout homme, comme il est écrit « Et Il ne repoussera pas de Lui le banni », car alors les hommes en ont besoin pour se parfaire dans les voies de réception de l’abondance et accomplir la volonté du Créateur.
Il est écrit « Tous ceux qui appellent en Mon Nom, et que J’ai créé en Mon honneur » (Isaïe 43 :7), et aussi « Le Seigneur a tout fait pour Son propre but » (Proverbes 16 :4). Mais, entre-temps, un monde entier a été préparé pour l’homme pour que toutes ses tendances et ses qualités naturelles se développent et se complètent, en les appliquant aux gens, de sorte qu’elles soient dignes de leur but.
Il est écrit : « L’homme doit dire, le monde a été créé pour moi ». Car toutes les créatures du monde sont nécessaires à l’individu, car ce sont elles qui développent et disposent les tendances et les qualités de chaque individu, jusqu’à ce qu’il devienne un instrument apte pour Son travail.
69) Puisqu’il en est ainsi, il nous faut donc comprendre l’essence de l’amour du Créateur, d’après les qualités de l’amour dans la conduite de l’homme envers son ami, car forcément, l’amour du Créateur est aussi influencé par ces qualités, qui, dès le début, n’ont été implantées dans l’homme qu’en Son Nom. En observant les qualités de l’amour entre l’homme et son prochain, on y trouvera quatre mesures d’amour, l’une au-dessus de l’autre, deux qui font quatre.
70) La première est « l’amour conditionnel ». Ce qui veut dire, qu’à force de bonté et de plaisir et l’utilité qu’il a reçu de son ami, son âme s’y est attachée d’un amour merveilleux.
En cela, il y a deux mesures : la première mesure est avant de se rencontrer et de tomber amoureux, ils se faisaient du mal, mais ils ne veulent pas s’en souvenir, car « l’amour couvre tous les crimes ». La seconde mesure est qu’ils se sont toujours fait du bien et se sont entraidés, et il n’y a pas le moindre souvenir de nuisance ni de mal, entre eux.
72) La seconde mesure est « l’amour inconditionnel ». Ce signifie qu’il connaît la qualité de son ami, qui est excellente et dépasse de très loin toute supposition et imagination, et c’est en cela que son âme est attachée à lui dans un grand amour à l’infini. Et ici aussi, il y a deux mesures : la première mesure est avant qu’il ne connaisse toutes les habitudes et les actions de son ami avec autrui, et cet amour est considéré comme « l’amour qui n’est pas absolu ».
C’est parce que son ami se comporte ainsi avec autrui, ce qui superficiellement fait penser qu’il leur nuit par négligence. De sorte que, si celui qui l’aime les voyait, toute la qualité de son ami serait entachée, et l’amour se détériorerait entre eux. Mais il n’a pas encore vu agir ainsi. Et c’est pourquoi leur amour est encore, fort, complet et vraiment grand.
73) La seconde mesure de l’amour inconditionnel est la quatrième mesure de l’amour en général, et provient aussi de la connaissance du mérite de son ami. Mais à présent, il connaît aussi toutes ses actions et son comportement avec tout homme, aucun ne manque. Et en examinant il trouve que, non seulement ils ne contiennent aucune trace d’imperfection, mais que sa bonté dépasse toute supposition et imagination. A présent c’est « l’amour éternel et absolu ».
74) Ces quatre mesures d’amour qui existent entre les hommes, existent aussi entre l’homme et le Créateur. En outre, dans l’amour du Créateur, elles deviennent des degrés allant de cause à effet.
On ne peut en acquérir aucune avant d’avoir obtenu la première mesure de l’amour conditionnel. Et après l’avoir acquise à la perfection, cette première mesure fait qu’il est récompensé de la seconde mesure. Et après avoir acquis pleinement cette seconde mesure, elle lui permet d’acquérir la troisième mesure. Finalement, de la troisième mesure à la quatrième mesure, l’amour éternel.
75) Ainsi, la question se pose : comment l’homme pourra acquérir le premier degré de l’amour du Créateur, la première mesure de l’amour conditionnel, qui est l’amour qui provient de l’immense bonté qu’il a reçue du bien-aimé, alors qu’il n’y a pas de récompense pour la Mitsva dans ce monde ?
De plus, il a été expliqué, que chaque homme est obligé de passer par les deux premiers aspects de la Providence par la dissimulation de la face, ce qui veut dire que la Face du Créateur, à savoir la mesure de Sa bonté - la voie du bien est de faire le bien- est cachée durant cette même période (point 47). C’est pourquoi il reçoit alors douleurs et souffrances.
Il a été expliqué en effet que toute la pratique de la Torah et du travail par le choix existe principalement en cette période de dissimulation de la face. S’il en est ainsi, comment pourrait-il acquérir la seconde mesure d’amour conditionnelle, signifiant que jusqu’à présent, le bien aimé ne lui a fait que de nombreuses et merveilleuses bontés, et ne lui a jamais fait de mal ? Et à plus forte raison, pour acquérir la troisième ou quatrième mesure ?
76) Nous avons en effet plongé dans des eaux formidables. Il nous faut cependant en retirer un joyau précieux. Nous expliquerons pour cela, un article de nos sages (Brakhot 17) « Tu verras ton monde dans ta vie, et après toi, la vie du monde à venir ». Et il faut comprendre, pourquoi n’ont-ils pas dit « tu recevras ton monde dans ta vie », mais seulement « tu verras ». Et s’ils venaient bénir, ils auraient dû bénir parfaitement, c’est-à-dire qu’il atteigne et reçoive son monde dans sa vie ? Il faut également comprendre, pourquoi l’homme devrait-il voir son monde à venir dans sa vie, la moindre des choses ne serait-elle pas que sa fin soit la vie du monde à venir ? De plus, pourquoi cette bénédiction est-elle la première ?
77) Il faut tout d’abord comprendre quelle est cette vision de son monde à venir dans sa vie ? Il est évident qu’avec des yeux physiques on ne voit rien de spirituel. Il n’est pas non plus dans les coutumes du Créateur de changer les ordres de la Création. Dès le début, le Créateur n’a organisé l’ordre de la Création que parce qu’il est le plus fructueux pour son dessein désiré, qui est que l’homme soit récompensé d’adhérer au Créateur, comme il est écrit, « le Seigneur a agi dans Son propre but ». Il faut donc comprendre, comment l’homme se figurera-t-il la vision de son monde dans sa vie ?
78) Je vous dirai que cette vision vient à l’homme par l’ouverture de ses yeux dans la Torah, comme il est écrit « Dessille mes yeux et je contemplerai les merveilles de Ta Torah ». Et c’est ce qu’on fait jurer à l’âme avant qu’elle n’arrive dans le corps (Nida p 30), que « même si tout le monde te dit que tu es un juste, sois un méchant à tes yeux ». Ce qui veut dire, à vos yeux expressément.
Cela signifie que tant que vous n’avez pas été récompensé de l’ouverture « des yeux » dans la Torah, considérez-vous méchant. Ne vous dupez pas de votre réputation de juste dans le monde. Vous comprendrez aussi pourquoi ils ont mis en premier la bénédiction « tu verras ton monde dans ta vie », c’est parce qu’avant cela, il ne peut même pas être récompensé du nom de « juste incomplet »
79) Il faut comprendre en effet, que s’il sait vraiment qu’il a accompli toute la Torah et que tout le monde est d’accord avec lui, pourquoi cela ne lui suffit pas ? Au contraire, il doit jurer de continuer à se considérer comme un méchant. Et est-ce parce qu’il lui manque ce merveilleux degré d’ouvrir les yeux dans la Torah, de voir son monde dans sa vie, que vous le comparez à un méchant ?
80) Certes, les quatre voies par lesquelles les hommes atteignent Sa Providence ont déjà été expliquées. Deux d’entre elles sont dans la dissimulation de la Face et deux sont dans la révélation de la Face.
Le sens de « la dissimulation de la Face » aux créatures a été expliqué. Elle est intentionnelle, pour donner aux hommes l’espace de faire des efforts et de s’engager dans Son travail dans la Torah et les Mitsvot par « choix ». C’est parce que le Créateur a plus de satisfaction de leur travail dans Sa Torah et Ses Mitsvot, que de satisfaction de Ses anges en haut qui n’ont pas de choix mais sont contraints par leur mission.
81) Malgré les louanges faites pour la phase de la dissimulation de la Face, elle n’est pas considérée parfaite car c’est uniquement une phase de « transition ». C’est l’endroit d’où l’on est récompensé de toute la perfection espérée. Cela signifie que toute récompense pour une Mitsva, préparée pour l’homme, n’est obtenue que par son labeur dans la Torah et les bonnes actions durant la période de dissimulation de la Face, ce qui veut dire quand il travaille par « choix ».
Il en est ainsi parce qu’il ressent de la peine en renforçant Sa foi pour accomplir Sa volonté. Et toute la récompense de l’homme n’est mesurée que par la peine qu’il endure dans l’observation de la Torah et des Mitsvot comme il est écrit « le salaire sera proportionnel à la peine ».
82) C’est pourquoi chaque homme doit passer cette « transition » pendant la période de dissimulation de la Face. Quand il la complète, il est récompensé alors d’atteindre la Providence révélée, soit la révélation de la Face. Avant d’être récompensé de la révélation de la Face, et bien qu’il voie le dos, il ne peut pas s’empêcher de commettre une infraction.
Non seulement il ne peut accomplir les 613 Mitsvot, car l’amour ne vient ni par contrainte ni par force, mais il ne peut même pas non plus accomplir les 612 Mitsvot, parce que même sa crainte n’est pas stable comme il se doit.
C’est le sens de « Torah » étant 611 en Guématria (toute Guématria signifie le dos), car il ne peut même pas accomplir les 612 Mitsvot correctement. C’est le sens de « Il ne contestera pas ». Mais à la fin, il sera récompensé de la révélation de la Face.
83) Le premier degré de la révélation de la Face est l’atteinte de la Providence de la récompense et punition dans une clarté absolue. Elle ne vient à l’homme que par Son salut, quand il est récompensé de l’ouverture des yeux dans la Torah par une prodigieuse atteinte, « et devient comme une source abondante » (Avot 6). Pour chaque Mitsva de la Torah, qu’il a déjà respectée de son propre choix, il est récompensé de voir la récompense de la Mitsva qui lui est destinée dans le monde à venir. De même, la grande perte qu’entraîne une transgression.
84) Bien qu’il n’ait pas encore la récompense en main, car la récompense de la Mitsva n’est pas dans ce monde, cette atteinte claire lui suffit par la suite, pour ressentir le grand plaisir de faire une Mitsva « car tout ce qui est sur le point d’être collecté est considéré collecté ».
Par exemple, un commerçant qui a fait une affaire et a gagné beaucoup d’argent, même si le profit ne viendra qu’après une longue période, s’il est certain, sans le moindre doute, qu’il fera du profit en son temps, il est heureux comme s’il l’avait reçu immédiatement.
85) Naturellement, une telle Providence révélée témoigne pour lui que par la suite, il adhérera à la Torah et aux Mitsvot de tout son cœur, âme, et force. Il abandonnera et fuira les transgressions, comme il fuirait le feu. Et bien qu’il ne soit pas encore un juste complet, car il n’a pas encore été récompensé de la repentance par amour, sa grande adhésion à la Torah et aux bonnes actions l’aide peu à peu à être récompensé de la repentance par amour, soit le deuxième degré de « la révélation de la Face ». Il peut alors observer toutes les 613 Mitsvot à la perfection, et devient un juste complet.
86) Maintenant nous comprenons très bien notre question relative au serment, qu’on fait jurer à l’âme avant son arrivée dans ce monde « même si tout le monde te dit que tu es un juste, sois à tes yeux un méchant ». Nous avons demandé, « puisque tout le monde est d’accord avec lui qu’il est un juste, pourquoi est-il obligé de se considérer comme méchant, n’aurait-il pas confiance en le monde entier ?
Nous devons également ajouter à propos de la phrase « et même si le monde entier dit ». Quel est ici l’intérêt du témoignage de tout le monde ? L’homme ne se connait-il pas mieux que tout le monde? Il aurait dû lui jurer, « que même si tu sais toi-même que tu es juste ».
Plus difficile encore est le commentaire de la Guémara (Brakhot 61), que l’homme doit savoir en son âme, s’il est un juste complet ou non. Il y a donc une obligation et une possibilité d’être véritablement un juste complet. Qui plus est, il est obligé de rechercher et de connaitre cette vérité. Et s’il en est ainsi, comment fait-on jurer à l’âme d’être, à ses yeux, toujours méchante, et de ne jamais connaître la vérité, quand nos sages ont obligé l’inverse ?
87) Les paroles sont cependant très exactes, car tant que l’homme lui-même n’a pas été récompensé de l’ouverture des yeux dans la Torah par une atteinte merveilleuse, qui lui suffira pour atteindre clairement l’atteinte de la récompense et de la punition, il ne pourra évidemment pas se leurrer, ni se considérer juste, car il ressentira forcément, qu’il lui manque les deux Mitsvot les plus globales de la Torah, qui sont « l’amour et la crainte ».
Même s’il atteint la crainte complète, comme dans « Celui qui connaît les mystères témoigne pour lui qu’il ne retournera plus à ses bêtises », en raison de sa forte crainte de la punition, et de la perte que cause la transgression, l’homme ne peut pas se l’imaginer avant d’avoir été récompensé de l’atteinte complète, claire et absolue de la Providence de la récompense et de la punition.
Cela fait référence à l’atteinte du premier degré de la révélation de la Face qui vient à l’homme par l’ouverture des yeux dans la Torah. Sans parler de l’amour, qui est tout à fait au-dessus de sa capacité, car il dépend de la compréhension du cœur, et aucun effort ni contrainte ne l’aidera ici.
88) Par conséquent, le serment affirme « et même si le monde entier te dit que tu es un juste ». Il en est ainsi par que ces deux Mitsvot « amour et crainte » ne sont données qu’à l’homme, et il n’y a personne au monde, à part lui, qui puisse les discerner et les connaître.
C’est pourquoi, en le voyant complet dans les 611 Mitsvot, ils disent immédiatement qu’il a probablement aussi les Mitsvot d’amour et de crainte. Et comme la nature humaine l’oblige à croire le monde, il risquerait fort de tomber dans une erreur amère.
C’est la raison pour laquelle on fait jurer à l’âme, avant même son arrivée dans ce monde, et espérons que cela nous aide. Néanmoins, c’est à l’homme évidemment qu’il appartient de rechercher et de savoir dans son âme s’il est un juste complet.
89) Nous comprenons aussi notre question « Comment le premier degré de l’amour peut-il être atteint alors qu’il n’y a pas de récompense pour une Mitsva dans ce monde ? (dans cette vie)». Maintenant il est clair que l’homme n’a pas besoin en fait de recevoir une récompense pour une Mitsva dans sa vie d’où leur précision « Tu verras ton monde durant ta vie et après toi, la vie dans le monde à venir », indiquant que la récompense pour une Mitsva n’est pas dans ce monde, mais dans le monde à venir.
Pourtant, pour voir, savoir, et ressentir la future récompense de la Mitsva dans le monde à venir, l’homme doit le savoir de la façon la plus certaine durant sa vie, par la merveilleuse atteinte dans la Torah. Il en est ainsi parce qu’alors l’homme atteint l’amour conditionnel, qui est le premier degré de la sortie de la dissimulation de la face, et son entrée dans la révélation de la face, qu’il doit avoir afin d’observer la Torah et les Mitsvot correctement, de façon que « Celui qui connaît tous les mystères témoignera qu’il ne retournera plus à ses bêtises ».
90) A présent, en travaillant pour observer la Torah et les Mitsvot sous la forme de l’amour conditionnel, qui vient à lui par la connaissance de la récompense future dans le monde à venir, comme dans « tout ce qui est sur le point d’être collecté est comme collecté », l’homme atteint alors le second degré de la révélation de la face – Sa providence sur le monde par Son éternité et Sa véracité, c’est-à-dire qu’Il est bon et fait le bien aux gentils et aux méchants.
Dans cet état l’homme atteint l’amour inconditionnel et ses malveillances deviennent des mérites. De là, il est appelé « juste complet », puisqu’il peut garder la Torah et les Mitsvot avec amour et crainte. Et il est appelé « complet » parce qu’il a les 613 Mitsvot en totalité.
91) Cela répond à notre question : « Celui qui atteint la troisième mesure de Providence, c’est-à-dire la Providence de la récompense et punition, quand « Celui qui connait tous les mystères témoigne qu’il ne retournera plus à ses bêtises », est néanmoins encore considéré comme « juste incomplet ». Maintenant nous comprenons entièrement qu’il lui manque toujours une Mitsva, la Mitsva de l’amour. Bien sûr, l’homme est incomplet, puisqu’il doit nécessairement compléter les 613 Mitsvot, ce qui est nécessairement la première étape au seuil de la perfection.
92) Avec tout ce qui a été dit plus haut, nous comprenons ce que nous avons demandé « Comment est-ce que la Torah nous oblige à la Mitsva de l’amour quand pour cette Mitsva il n’est pas en notre pouvoir de nous y engager ni même de la toucher » ? Maintenant vous voyez et comprenez que c’est à ce propos que nos sages nous ont averti « J’ai travaillé et je n’ai pas trouvé, n’y crois pas » et aussi « L’homme s’engage toujours dans la Torah et les Mitsvot Lo Lishma car de Lo Lishma il vient à Lishma » (Pessakhim 50). Le verset « ceux qui Me cherchent Me trouveront » (Proverbes 8), en témoigne aussi.
93) Voici les paroles de nos sages (Méguilla p. 6) : « Rabbi Yitzhak disait ‘Si un homme te dit ‘j’ai travaillé et je n’ai pas trouvé’, n’y crois pas ; ‘je n’ai pas travaillé et j’ai trouvé’ n’y crois pas ; ‘j’ai travaillé et j’ai trouvé’, crois-le’ ».
Et nous demandons à propos de « J’ai travaillé et j’ai trouvé », que ces mots semblent contradictoires, puisque le travail se rapporte aux possessions, et une trouvaille est quelque chose qui lui vient sans aucun effort et sans y penser. Il aurait dû dire, « J’ai travaillé et j’ai acheté ».
Cependant, vous devriez savoir que ce terme « trouvé » mentionné ici, se rapporte au verset « ceux qui Me cherchent Me trouveront ». Cela se réfère à trouver la face du Créateur, comme il est écrit dans le Zohar, qu’Il n’est trouvé que dans la Torah. Cela signifie que l’homme, par son travail dans la Torah, est récompensé de trouver la face du Créateur. De ce fait, nos sages ont été précis dans leurs mots et ont dit « J’ai travaillé et j’ai trouvé, crois-le », parce que le travail est dans la Torah et la trouvaille est dans la révélation de la face de Sa providence.
Ils se sont délibérément abstenus de dire « J’ai trouvé et gagné, crois », ou « J’ai trouvé et acheté », parce qu’alors cela aurait pu induire en erreur, puisque gagner et posséder se seraient référés uniquement à la possession de la Torah. De ce fait, ils ont précisé en utilisant le mot « trouvé », indiquant qu’il se réfère à une chose de plus que l’acquisition de la Torah, c’est-à-dire la révélation de la face de Sa providence.
94) Cela explique le verset « Je n’ai pas travaillé et j’ai trouvé, ne le crois pas ». Cela semble déconcertant car qui penserait qu’il soit possible d’atteindre la Torah sans avoir travaillé pour elle ? Mais puisque les mots sont en rapport avec le verset « Ceux qui Me chercheront Me trouveront » (Proverbes 8 :17), cela veut dire que quiconque, petit ou grand, qui Le cherche, Le trouve immédiatement. C’est ce que le mot « cherche » suggère.
L’homme pourrait penser que cela ne requière pas tant de travail, et que même la moindre des personne, ne voulant faire aucun effort pour cela, Le trouverait aussi. Nos sages nous avertissent à ce propos de ne pas croire une telle explication, mais que le travail est obligatoire ici, et « Je n’ai pas travaillé et j’ai trouvé, n’y crois pas ».
95) Maintenant vous voyez pourquoi la Torah est appelée « Vie » comme il est écrit « Vois, J’ai mis devant toi aujourd’hui la vie et le bien » (Deutéronome 30 :15) et aussi « et tu choisiras la vie » et « Car elle est la vie pour ceux qui la trouvent » (Proverbes 4 : 22). Cela vient du verset « Dans la lumière du visage du roi est la vie » (Proverbes 16 :15), puisque le Créateur est la source de toute vie et de tout le bien.
De ce fait, la vie s’étend dans les branches mêmes qui adhèrent à leur source. Cela se réfère à ceux qui ont travaillé et trouvé la lumière de Sa face dans la Torah, à ceux qui ont été récompensé de l’ouverture de leurs yeux dans la Torah par une merveilleuse atteinte, jusqu’à être récompensé de la révélation de la face, qui signifie l’atteinte de la véritable Providence qui s’accorde à Son nom, « Le Bien », car la voie du Bien est de faire le bien.
96) Ces privilégiés ne peuvent plus s’arrêter de respecter la Mitsva correctement, comme un homme ne peut s’empêcher de saisir un merveilleux plaisir qui se présente à lui. De ce fait, ils fuient la transgression comme on s’enfuit devant le feu.
Il est dit d’eux « Et vous, qui adhérez au Seigneur votre Dieu vous vivez tous aujourd’hui », car Son amour, leur vient en abondance dans un amour naturel, par des canaux naturels préparés pour l’homme par la nature de la création. Il en est ainsi parce que maintenant la branche adhère à sa racine comme il se doit, et la vie lui est donnée en abondance depuis Sa source et sans arrêt. C’est pourquoi la Torah est appelée « Vie ».
97) Nos sages nous ont donc avertis à beaucoup d’endroits de la condition obligatoire dans l’engagement dans la Torah, qui est spécifiquement Lishma. L’homme sera récompensé de la vie grâce à elle, car elle est la Torah de la vie, et c’est pourquoi elle nous a été donnée comme il est écrit : « et tu choisiras la vie ».
De ce fait, durant la pratique de la Torah, chaque personne doit y travailler et y mettre son esprit et son cœur pour y trouver la lumière « de la face du roi vivant ». Cela veut dire l’atteinte de la Providence révélée appelée « lumière de la face ».
Tout homme est en digne comme il est écrit « ceux qui Me cherchent Me trouveront ». Et comme il est écrit « J’ai travaillé et je n’ai pas trouvé, ne le crois pas ».
Ainsi, rien ne lui manque, à part de faire l’effort. Il est écrit « Quiconque pratique la Torah Lishma sa Torah lui devient une potion de vie» (Taanit 7a). Cela signifie que l’homme doit seulement mettre son cœur et son esprit à atteindre la vie, c’est cela le sens de Lishma.
98) Vous verrez à présent que la question des interprètes de la Mitsva de l’amour, disant que cette Mitsva n’est pas entre nos mains, puisque l’amour ne vient ni par contrainte ni par servitude, n’est plus pertinente, parce qu’elle est entièrement entre nos mains. Chaque personne peut travailler dans la Torah jusqu’à y trouver l’atteinte de Sa Providence révélée, comme il est écrit « J’ai travaillé et j’ai trouvé, crois-le ».
Quand l’homme atteint la Providence révélée, l’amour se répand en lui de lui-même par les canaux naturels. Celui qui ne croit pas qu’il puisse en être récompensé par ses efforts, pour quelque raison que ce soit, ne croit forcément pas en les paroles de nos sages. Il s’imagine à la place, que le travail n’est pas suffisant pour chaque personne, ce qui est l’opposé du verset « J’ai travaillé et je n’ai pas trouvé, n’y crois pas » et également contraire au verset « ceux qui Me cherchent Me trouveront » ; spécifiquement ceux qui « Me cherchent », quels qu’ils soient, petit ou grand. Cependant, il doit certainement faire des efforts.
99) De ce qui précède, vous comprendrez le sens de « Quiconque pratique la Torah LoLishma sa Torah devient une potion de mort » (Taanit 7a), et le verset « Vraiment Tu es un Dieu qui se cache », signifie que le Créateur Lui-même se cache dans la Torah.
Nous avons demandé « Il semblerait raisonnable que le Créateur soit caché dans les vanités de ce monde, qui sont en-dehors de la Torah, et non pas dans la Torah elle-même. Le lieu de la révélation se trouverait-il en elle uniquement ? » Et allons plus loin, cette dissimulation où le Créateur se cache, pour être cherché et trouvé, à quoi bon ?
100) D’après l’explication susmentionnée, vous comprendrez bien que cette dissimulation, où le Créateur se cache afin d’être recherché, est la dissimulation de la face par laquelle il mène Ses créatures de deux manières : la simple dissimulation, et la dissimulation dans la dissimulation.
Le Zohar nous dit que nous ne devrions même pas penser que le Créateur souhaite rester dans la Providence de la face dissimulée envers Ses créatures, mais cela ressemble plutôt à un homme qui se cache délibérément afin que son ami le cherche et le trouve.
De même, quand le Créateur se comporte selon la dissimulation de la face vis-à-vis de Ses créatures, ce n’est que parce qu’Il veut que les créatures recherchent la révélation de Sa face et Le trouvent. En d’autres mots, les créatures n’auraient pas d’autre façon d’être récompenser de la Lumière de la face du Roi vivant, s’Il ne se comportait pas tout d’abord avec elles selon la dissimulation de la face. Ainsi, toute la dissimulation n’est qu’une simple préparation à la révélation de la face.
101) Il est écrit que le Créateur se cache dans la Torah. En effet, les souffrances et les douleurs que l’homme éprouve durant la dissimulation de la face, sont différentes pour celui qui a commis des infractions et a peu pratiqué la Torah et les Mitsvot, et pour celui qui s’est engagé largement dans la Torah et les bonnes actions. Il en est ainsi parce que le premier est bien capable de juger son Créateur favorablement, en pensant que les souffrances endurées viennent des infractions et de son peu de pratique de la Torah.
Pour l’autre cependant, il est très dur de juger son Créateur favorablement, parce qu’à son avis il ne mérite pas de punitions aussi dures et de plus, il voit que ses amis, qui sont pires que lui, ne souffrent pas autant, comme il est écrit : « les méchants, toujours heureux, s’enrichissent » et aussi « en vain j’ai purifié mon cœur ».
Ainsi vous verrez que tant que l’homme n’a pas été récompensé de la Providence de la révélation de la face, l’abondance de la Torah et des Mitsvot alourdit encore plus la dissimulation de la face. C’est le sens de « le Créateur se cache dans la Torah ».
En effet, toute cette lourdeur qu’il ressent par la Torah sont des appels avec lesquels la Torah elle-même l’appelle, l’éveillant à se presser et à faire les efforts requis, pour être récompensé immédiatement de la révélation de la face, tel qu’Il le veut.
102) C’est pourquoi quiconque étudie la Torah Lo Lishma, sa Torah devient pour lui, une potion de mort. Non seulement il ne sort pas de la dissimulation de la face vers la révélation de la face, puisqu’il n’a pas l’intention de travailler ni de l’atteindre, mais en plus, la Torah qu’il accumule lui ajoute d’avantage la dissimulation de la face. Finalement, il tombe dans la dissimulation de la dissimulation qui est considérée comme la mort, car il est complètement détaché de sa racine. Ainsi sa Torah devient pour lui, une potion de mort.
103) Ceci clarifie les deux noms portés par la Torah : « révélée » et « dissimulée ». Nous devons comprendre pourquoi nous avons besoin la Torah dissimulée et pourquoi la Torah entière n’est pas révélée.
En effet, il y a une intension profonde. La Torah « dissimulée » suggère que le Créateur « se cache dans la Torah » d’où son nom « la Torah du caché ». Inversement, elle est appelée « révélée » parce que le Créateur est révélé par la Torah.
Par conséquent les kabbalistes ont dit, et nous trouvons aussi cela dans le livre de prières du Gaon de Vilna, que l’ordre d’atteinte de la Torah commence avec le dissimulé et se termine par le révélé. Cela signifie que par un travail approprié, où l’homme peine dès le début dans la Torah du caché, il est ainsi récompensé de la Torah révélée, celle qui est littérale. Ainsi, l’homme commence avec le dissimulé, appelé Sod (secret) et quand il est récompensé, il aboutit au littéral.
104) Il a été bien clarifié comment il est possible d’atteindre le premier degré de l’amour, qui est l’amour conditionnel. Nous avons appris que, bien qu’il n’y ait pas de récompense pour une Mitsva dans ce monde, l’atteinte de la récompense pour la Mitsva existe néanmoins dans la vie terrestre. Elle vient à l’homme par l’ouverture des yeux dans la Torah. Et cette claire atteinte ressemble entièrement à recevoir une récompense immédiate pour une Mitsva.
De ce fait, l’homme ressent le bénéfice merveilleux contenu dans la pensée de la Création, qui est de délecter Ses créatures de Sa main pleine, bienfaisante et généreuse. Grâce à l’abondance de faveurs que la personne atteint, un amour merveilleux apparaît entre elle et le Créateur. Il se déverse sans cesse sur la personne à travers les mêmes chemins et canaux par lesquels l’amour naturel apparaît.
105) Cependant, tout cela n’arrive à l’homme qu’à partir du moment de son atteinte. Pourtant, il ne veut pas se souvenir de tous les tourments dus à la Providence en dissimulation de la face, dont il a souffert avant qu’il n’atteigne la révélation de la face, puisque « l’amour couvre tous les crimes ». Ils sont néanmoins considérés comme un grand défaut, même pour l’amour entre les gens, et il va sans dire envers la véracité de Sa providence, puisqu’Il est bon et fait le bien aux méchants et aux gentils.
Par conséquent, nous devons comprendre comment l’homme peut-il être récompensé de Son amour d’une telle façon, qu’il ressentira et saura que le Créateur lui a toujours fait un bien merveilleux, dès sa naissance, et qu’Il ne lui a jamais causé le moindre mal, ni ne lui en fera jamais ; c’est cela le deuxième aspect de l’amour.
106) Pour comprendre cela, nous avons besoin des paroles de nos sages. Ils disent : « celui qui se repent par amour, ses malveillances deviennent des mérites ». Cela signifie que non seulement le Créateur lui pardonne ses malveillances, mais aussi que chaque malveillance et infraction que l’homme a commise, est transformée en Mitsva par le Créateur.
107) De ce fait, après que l’homme ait atteint l’illumination de la face dans une telle mesure, que chaque infraction qu’il a commise, même délibérément, soit transformée en Mitsva, il se réjouit de toutes les souffrances et afflictions amères, et des nombreux tourments dont il a souffert depuis toujours, dès le moment où il a été placé dans les deux discernements de la dissimulation de la face. Ce sont eux qui l’ont amené à toutes ces malveillances, qui sont devenues maintenant des Mitsvot, par l’illumination de Sa face, qui réalise des merveilles.
Et tout ennui ou problème qui lui a fait perdre ses esprits, et l’a fait échouer en faisant des erreurs, comme dans la première dissimulation, ou bien par malveillance comme dans la double dissimulation, est maintenant devenu une cause et une préparation pour l’observance d’une Mitsva et la réception d’une grande récompense merveilleuse et éternelle. Par conséquent tout ennui s’est transformé en une grande joie et tout mal en un bien merveilleux.
108) Cela ressemble à la légende du Juif qui était l’intendant de la maison d’un certain propriétaire. Le propriétaire l’aimait tendrement. Un jour, le propriétaire partit en voyage et laissa son affaire à son substitut, qui haïssait Israël.
Que fit-il ? Il prit le Juif et le fouetta cinq fois devant tout le monde pour l’humilier grandement. Au retour du propriétaire, le Juif alla le trouver et lui raconta ce qu’il lui était arrivé. Ce dernier se mit en colère, et appela le substitut et lui ordonna de donner immédiatement au Juif mille pièces d’or pour chaque coup donné.
Le Juif prit l’argent et rentra chez lui. Sa femme le trouva en pleurs. Elle lui demanda anxieuse, ce qu’il lui était arrivé avec le propriétaire. Il lui raconta. Elle lui dit alors pourquoi tu pleures ? Il lui dit : « Je pleure parce qu’il ne m’a fouetté que cinq fois. J’aurais souhaité qu’il me batte au moins dix fois, car maintenant j’aurai dix milles pièces d’or. »
109) Maintenant vous voyez que l’homme, après avoir été pardonné pour ses iniquités, ses malveillances deviennent des mérites, il est alors récompensé du discernement du deuxième degré d’amour du Créateur, où Celui Qui est aimé n’a jamais causé aucun mal, ni même une ombre de mal, à celui qui L’aime, mais Il lui a fait, plutôt, un bien merveilleux et abondant, depuis toujours et à jamais, de façon à ce que la repentance par amour et la transformation des malveillances en mérites arrivent ensemble.
110) Jusqu’ici, nous n’avons examiné que les deux degrés de l’amour conditionnel. Cependant, nous devons encore comprendre comment l’homme est récompensé d’arriver aux deux discernements de l’amour inconditionnel pour son Créateur.
Pour cela nous devons comprendre complètement ce qui est écrit (Kidoushin page 40) : « L’homme doit toujours se considérer à moitié coupable et à moitié innocent. S’il réalise une Mitsva, heureux soit-il, car il a fait pencher la balance du côté du mérite. S’il commet une infraction, malheur à lui, car il fait pencher la balance du côté de la faute.
Rabbi Eléazar, fils de Rabbi Shimon, dit « puisque le monde est jugé selon sa majorité et l’individu est jugé par la majorité, s’il réalise une Mitsva, heureux soit-il, car il fait pencher la balance du côté du mérite pour lui et le monde entier. S’il commet une infraction, malheur à lui, car il s’est condamné, lui et le monde entier, à la faute, car à cause de ce seul péché qu’il a commis, lui et le monde ont perdu beaucoup de bien ».
111) Ces mots semblent déconcertants du début à la fin. Il dit que celui qui réalise une Mitsva, fait pencher immédiatement la balance du côté du mérite, car il est jugé par la majorité. Pourtant cela se réfère à ceux qui sont à moitié coupables et à moitié innocents. Et Rabbi Eléazar, fils de Rabbi Shimon, ne parle pas de cela du tout. Ainsi le principal manque dans le livre.
Rachi a interprété ses paroles comme se référant aux mots: « L’homme devrait toujours se considérer comme à moitié coupable et à moitié innocent ». Rabbi Eléazar, fils de Rabbi Shimon, ajoute que l’homme devrait toujours considérer le monde comme s’il était à moitié coupable et à moitié innocent. Pourtant le principal manque toujours et pourquoi a-t-il changé ses paroles si le sens en est le même ?
112) Ceci est encore plus difficile pour ce qui est du sujet lui-même, c’est-à-dire pour que l’homme se voit lui-même comme à moitié coupable. C’est étonnant, car si l’homme connaît ses nombreux méfaits, se mentirait-il en disant qu’il est à moitié ceci et à moitié cela ?
La Torah déclare « Eloigne-toi des mensonges ! » De plus, il est écrit « un pécheur perd beaucoup de bien ». Il en est ainsi parce qu’une infraction condamne une personne et le monde entier à la faute. C’est donc bien par une réalité évidente, et non par une imagination trompeuse, que l’homme devrait se représenter lui-même et le monde.
113) Il y a une autre source de confusion : se peut-il qu’il y ait peu de personnes dans chaque génération qui réalisent une Mitsva ? Ainsi comment le monde est-il jugé d’après le mérite ? Est-ce que cela veut dire que la situation ne change pas, et qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil ? En effet, une grande profondeur est requise ici, car les mots ne doivent pas être compris superficiellement.
Cependant, il ne s’agit pas d’un homme qui sait que ses iniquités sont nombreuses, pour lui apprendre à mentir, qu’il est à moitié ceci ou à moitié cela, ni pour insinuer qu’il ne lui manque qu’une seule Mitsva. Cela n’est absolument pas la voie des sages.
Mais cela fait référence à un homme qui ressent et qui s’imagine être totalement un juste complet, et qui pense être dans la perfection absolue. Il en est ainsi parce qu’il a déjà été récompensé du premier degré de l’amour par l’ouverture des yeux dans la Torah, et que « Celui qui connaît tous les mystères témoigne déjà qu’il ne retournera plus à sa bêtise ».
Les écrits lui montrent le chemin et prouvent qu’il n’est pas encore un juste, mais entre les deux – à moitié coupable et à moitié innocent. Il en est ainsi parce qu’il lui manque encore l’une des 613 Mitsvot dans la Torah, la Mitsva de l’amour.
Tout le témoignage de Celui qui connait les mystères qu’il ne pêchera plus, existe uniquement à cause de la clarté de l’atteinte de l’homme, de la grande perte en transgressant. Ceci est considéré comme la crainte de la punition et par conséquent appelé « la repentance par crainte ».
114) Nous avons aussi appris que ce degré de la repentance par crainte ne corrige un homme qu’à partir du moment de la repentance. En effet, toute la peine et souffrances vécues, avant la récompense de la révélation de la face, restent telles quelles, non corrigées. De même, les infractions que l’homme a commises ne sont pas entièrement corrigées mais subsistent en tant qu’erreurs.
115) C’est pourquoi il est dit d’un homme, à qui il manque encore une Mitsva, se considérera comme à moitié coupable et à moitié innocent. C’est-à-dire qu’il devra s’imaginer que la période où il a été récompensé de la repentance était au milieu de ses années. De ce fait, il est toujours « à moitié coupable », pour la moitié des années qu’il a vécues avant de se repentir. A ce moment, l’homme est certainement coupable puisque la repentance par crainte ne les corrige pas.
Il s’avère qu’il est également à moitié innocent, pour la moitié de ses années, depuis qu’il a été récompensé de la repentance. A ce moment, il est certainement innocent car il est sûr qu’il ne péchera plus. Ainsi, dans la première moitié de ses années il est coupable et dans la dernière moitié de ses années, il est innocent.
116) Il lui est dit de penser de lui-même, que s’il a réalisé une Mitsva, cette même Mitsva qu’il lui manque des 613, heureux sera-t-il car il s’est jugé du côté du mérite. Il en est ainsi parce que celui qui a été récompensé de la Mitsva de l’amour, par la repentance par amour, grâce à elle, est récompensé de changer ses malveillances en mérites.
Ainsi, chaque peine et chaque chagrin ressentis depuis toujours, avant d’être récompensé de la repentance, sont transformés en de merveilleux et infinis plaisirs pour lui, au point qu’il regrette de ne pas avoir souffert deux fois plus, comme dans l’histoire du propriétaire et du Juif qu’il aimait. Ceci est appelé « faire pencher la balance du côté du mérite », puisque toutes les émotions de l’homme, les erreurs et les malveillances se sont transformées en « mérites ». Ainsi, faire pencher « la balance du côté du mérite » signifie que le plateau [de la balance] qui était rempli de fautes est devenu un plateau rempli de mérites. Cette inversion est appelée par les sages « juger ».
117) Il nous avertit plus loin et dit, que tant que l’homme est au milieu et n’a pas encore été récompensé de cette « seule Mitsva » qu’il lui manque des 613, il ne devrait pas croire en lui jusqu’au jour de sa mort. Il ne devrait pas non plus compter sur le témoignage de Celui qui connaît tous les mystères, qu’il ne retournera plus à sa bêtise, car il pourrait commettre une infraction. De ce fait, l’homme devrait toujours penser de lui-même que s’il a commis une infraction, malheur à lui, car il s’est condamné à la faute.
Il en est ainsi parce qu’alors, il perdra immédiatement toute sa merveilleuse atteinte dans la Torah, et toute la révélation de la face dont il a été récompensé, et il retournera à la dissimulation de la face. Ainsi il se condamnera à la faute car il perdra tous les mérites et le bien, même ceux de la dernière moitié de ses années. Et comme preuve, il cite le verset « un pécheur perd beaucoup de bien ».
118) Maintenant vous comprenez l’ajout de Rabbi Eléazar, fils de Rabbi Shimon, et pourquoi il ne cite pas la phrase « à moitié coupable et à moitié innocent ». Il en est ainsi parce qu’il s’agit des deuxième et troisième discernements de l’amour, alors que Rabbi Eléazar fils de Shimon parle du quatrième discernement de l’amour, l’amour éternel – la révélation de la face, telle qu’elle est en vérité, bonne et bienfaisante aux mauvais et aux gentils.
119) Nous avons appris qu’il est impossible d’atteindre le quatrième discernement, sauf quand l’homme est compétent et connaît tous les agissements de l’aimé et son comportement envers tous les autres, jusqu’à ce qu’aucun ne lui manque. C’est aussi pourquoi le grand privilège dont l’homme est récompensé, en faisant pencher la balance du côté du mérite, n’est toujours pas suffisant pour qu’il soit récompensé de l’amour complet, c’est-à-dire le quatrième discernement. Il en est ainsi parce que maintenant il n’atteint pas Sa qualité du bien qui fait le bien aux méchants et aux gentils, mais que Sa Providence sur lui.
Cependant, il ne connaît toujours pas Sa Providence, dans cette sublime et merveilleuse façon, vis-à-vis du reste des gens dans le monde. Ainsi, nous avons appris ci-dessus, que tant que l’homme ne connaît pas les agissements de l’aimé avec autrui, jusqu’à ce qu’aucun ne manque, l’amour n’est toujours pas éternel. De ce fait, l’homme est obligé de faire aussi pencher la balance du monde entier vers le mérite. Ce n’est qu’alors que l’amour éternel lui apparaît.
120) C’est ce que Rabbi Eléazar, fils de Rabbi Shimon, dit « Puisque le monde est jugé par sa majorité et l’individu est jugé par sa majorité », et puisqu’il considère le monde entier, il ne peut pas dire, comme il est écrit, qu’il les considère à moitié coupable et à moitié innocent. Une personne n’atteint ce degré, que quand elle est récompensée de la révélation de la face et de la repentance par crainte. Pourtant, comment peut-il dire cela du monde entier, alors qu’il n’a pas encore été récompensé de cette repentance? Ainsi, l’homme doit seulement dire que le monde est jugé par la majorité et l’individu est jugé par la majorité.
L’explication est qu’on pourrait penser que l’homme n’est récompensé d’être un juste complet, que s’il n’a commis aucune infraction et qu’il n’a jamais péché, et que ceux qui ont échoué en commettant des péchés et des malveillances ne méritent plus de devenir des justes complets. C’est pourquoi, Rabbi Eléazar, fils de Rabbi Shimon, nous apprend qu’il n’en est pas ainsi, mais que le monde est plutôt jugé selon sa majorité, de même que l’individu.
Cela veut dire qu’après ne plus être considéré comme moyen, ce qui veut dire après s’être repenti par crainte, et avoir été récompensé immédiatement des 613 Mitsvot et d’être appelé « moyen », c’est-à-dire durant la moitié de ses années il est coupable et durant l’autre moitié il est innocent, ce n’est qu’après, si l’homme ajoute une seule Mitsva, la Mitsva de l’amour, qu’il est considéré essentiellement innocent et fait pencher la balance vers le mérite. Ainsi, la balance des infractions devient aussi celle des mérites.
Il s’avère que même si l’homme a une balance pleine d’iniquités et de malveillances, elles se transforment toutes en mérites. Alors, l’homme ressemble à celui qui n’a jamais péché et est considéré « un juste complet ». C’est le sens du verset que le monde et l’individu sont jugés par la majorité. Ainsi, les transgressions commises par l’homme avant la repentance ne sont pas prises en compte, car elles sont devenues des mérites. En fait, même « les méchants complets » sont considérés « justes complets » après avoir été récompensés de la repentance par amour.
121) Par conséquent, il dit que si un individu réalise « une seule Mitsva », c’est-à-dire après s’être repenti par crainte, car alors il ne lui manque plus « qu’une seule Mitsva », « il est heureux car il a fait pencher la balance pour lui-même et pour le monde entier vers le mérite ». Ainsi, non seulement il est récompensé de s’être repenti par amour, en faisant pencher la balance vers le mérite, comme le verset le dit, mais il est aussi récompensé de faire également pencher la balance du monde entier vers le mérite.
Cela signifie qu’il est récompensé de s’élever vers de merveilleuses atteintes dans la Torah, jusqu’à découvrir comment tous les peuples du monde seront finalement récompensés de la repentance par amour. Ensuite, eux aussi découvriront et verront cette merveilleuse providence, comme il l’a atteinte lui-même. Et eux aussi feront tous pencher la balance vers le mérite. A ce moment, « les péchés cesseront sur la terre et les méchants ne seront plus ».
Et bien que les peuples du monde n’aient même pas encore été récompensés de la repentance par crainte, toujours est-il qu’après qu’un individu ait fait pencher la balance vers le mérite, destiné à lui revenir par une atteinte claire et absolue. Cela ressemble à « Vous verrez votre monde dans votre vie », qui est dit à propos de celui qui se repent par crainte. Nous avons dit que l’homme est impressionné et ravi par cela, comme s’il l’avait atteint instantanément, puisque « tout ce qui doit être collecté est considéré comme collecté ».
Cela concerne aussi ici l’individu qui atteint la repentance du monde entier précisément comme s’il avait été récompensé et en était venu à la repentance par amour. Chacun d’entre eux a fait pencher la balance de leur culpabilité vers les mérites, au point de connaître suffisamment toutes les actions du Créateur avec chaque individu dans le monde.
C’est pourquoi Rabbi Eléazar, fils de Rabbi Shimon dit « Heureux est-il car il a fait pencher la balance pour lui-même et pour le monde entier vers le mérite ». A partir de là, l’homme connaît entièrement les voies de Sa providence, avec chaque création, du fait de la révélation de Son véritable visage, c’est-à-dire le Bien qui fait le bien aux méchants et aux gentils. Et puisqu’il sait cela, il a été par conséquent récompensé du quatrième discernement de l’amour, soit « l’amour éternel ».
Rabbi Eléazar, fils de Rabbi Shimon, avertit comme dans le verset, que même après que l’homme ait fait pencher la balance du monde entier vers le mérite, il ne devrait toujours pas croire en lui-même jusqu’au jour de sa mort. S’il chute avec une seule infraction, il perdra immédiatement toutes ses merveilleuses atteintes et faveurs, comme il est écrit « un pécheur perd beaucoup de bien ».
Cela explique la différence à propos de laquelle Rabbi Eléazar, fils de Rabbi Shimon, écrit. L’écrit parle uniquement du deuxième et du troisième discernement de l’amour, et de ce fait elles ne mentionnent pas le jugement du monde entier.
En effet, Rabbi Eléazar, fils de Rabbi Shimon, parle du quatrième discernement de l’amour, qui ne peut être représenté que par l’atteinte de juger le monde entier sur l’échelle du mérite. Cependant, il nous reste encore à comprendre comment atteindre cette merveille qui est de juger le monde entier sur l’échelle du mérite.
122) Nous devons comprendre ce qui est écrit (Taanit 11, p 1), « Quand le public se désole, l’homme ne devrait pas dire ‘Je rentre chez moi pour manger et boire et mon âme sera en paix’. S’il agit ainsi, l’écrit dit de lui : Voici la joie et le plaisir, tuer un bœuf et égorger un mouton, manger de la viande et boire du vin – buvons et mangeons car demain nous mourrons ! ».
Qu’est-il écrit à ce sujet? « Et le Seigneur des armées se révèle dans mes oreilles : certainement ton iniquité ne sera pas expiée jusqu’à ta mort. Jusque-là l’attribut des moyens. Mais il est écrit de l’attribut des méchants, ‘Viens, j’apporterai du vin et nous nous enivrerons ; et demain sera comme aujourd’hui ».
Qu’est-il écrit de cela ? « Le juste périt et personne n’y prête attention, car le juste est pris à cause du mal ». A la place, l’homme se désole avec le public, il en est récompensé du réconfort du public ».
123) Ces mots semblent complètement hors sujet, car il souhaite donner la preuve du verset, que l’homme devrait s’affliger avec le public. De ce fait, pourquoi devrions-nous différencier et séparer l’attribut des moyens de l’attribut des méchants ? De plus, qu’elle est la précision qui est faite pour « l’attribut des moyens » et « l’attribut des méchants » ? Et pourquoi ne dit-il pas « intermédiaires » et « méchants » ? Pourquoi ai-je besoin des attributs ? De plus, où est-il suggéré que l’écrit parle d’une iniquité où l’homme ne souffre pas avec le public ? Qui plus est, nous ne voyons pas aucune punition dans l’attribut des méchants, mais seulement dans ce qu’il est écrit « Le juste périt et personne n’y prête attention ». Si les méchants ont péché, qu’a fait le juste pour qu’il soit puni, et qu’importe aux méchants si le juste périt ?
124) Pourtant sachez que ces attributs, « moyens/intermédiaire », « méchants » et « juste » ne sont pas dans des personnes spéciales, mais plutôt tous les trois existent dans chacun d’entre nous. Ces trois attributs sont discernables dans chaque personne. Pendant la période de dissimulation de la Face chez l’homme, c’est-à-dire avant même qu’il ne soit récompensé de la repentance par crainte, il est considéré comme étant dans l’attribut des méchants.
Ensuite, s’il est récompensé de la repentance par crainte, il est considéré comme moyen. Et ensuite, s’il est aussi récompensé de la repentance par amour, dans son quatrième discernement, c’est-à-dire l’amour éternel, il est considéré « juste complet ». C’est pourquoi, ils n’ont pas dit moyens et justes tout simplement, mais l’attribut des moyens et l’attribut des méchants.
125) Nous devons aussi nous rappeler qu’il est impossible d’être récompensé du quatrième discernement de l’amour, sans d’abord avoir été récompensé de la révélation de la face, qui sera révélée au monde entier. Cela donne à l’homme la force de faire pencher la balance du monde vers le mérite comme Rabbi Eléazar, fils de Rabbi Shimon, le dit. Nous avons déjà vu que la question de la révélation de la face transformera toute peine et tristesse survenues durant la dissimulation de la face, en plaisirs merveilleux, au point que l’homme regrettera d’avoir si peu souffert.
De ce fait, nous devons poser la question : quand l’homme fait pencher sa balance vers le mérite, il se souvient certainement de toutes les peines et les douleurs subies durant la dissimulation de la face. C’est pourquoi il est possible qu’elles se transforment toutes en plaisirs merveilleux pour lui, comme nous l’avons dit plus haut. Mais quand il fait pencher la balance du monde entier vers le mérite, comment connaît-il la mesure de toutes les peines et les douleurs dont souffrent toutes les créatures du monde, afin de pouvoir le comprendre et comment elles font pencher la balance vers le mérite, comme nous l’avons expliqué quand l’homme se juge lui-même?
Pour éviter que l’échelle du mérite du monde entier ne manque, quand l’homme sera qualifié pour faire pencher leur balance vers le mérite, l’homme n’a d’autre stratagème que de toujours souffrir avec les peines du public, comme il souffre des siennes. Car alors, l’échelle de la culpabilité du monde entier sera prête en lui, comme sa propre échelle de culpabilité. Ainsi, s’il est récompensé de se juger sur la balance du mérite, il pourra également juger le monde entier sur l’échelle du mérite, et sera récompensé d’être un juste complet.
126) Ainsi si l’homme ne souffre pas avec le public, même s’il est alors récompensé de la repentance par crainte, c’est-à-dire l’attribut du moyen, l’écrit dit de lui « Voici la joie et le plaisir ». Cela veut dire que celui qui a été récompensé de la bénédiction « tu verras ton monde dans ta vie », et voit toute sa récompense pour sa Mitsva préparée pour le monde à venir, est certainement « rempli de joie et de plaisir ». Et il se dit « tuer le bœuf et égorger le mouton, manger de la viande et boire du vin – Mangeons et buvons, car demain nous mourrons ! »
En d’autres mots, il est rempli d’une grande joie à cause de la récompense qui lui est assurée dans le monde à venir. C’est pourquoi il dit si joyeusement « car demain nous mourrons », et je récolterai la vie du monde à venir et je paierai après ma mort.
Cependant il est écrit à ce sujet : « Et le Seigneur des armées se révéla dans mes oreilles : cette iniquité ne sera pas expiée jusqu’à ta mort ». Cela veut dire que le texte lui montre les malveillances qu’il a commises. Il s’avère que les malveillances de celui qui se repent par crainte deviennent de simples erreurs. De ce fait, puisqu’il n’a pas souffert avec le public et ne peut pas être récompensé de la repentance par amour, moment auquel ses malveillances se transformeront en vertus, il est donc nécessaire que les malveillances qu’il a commises ne soient pas expiées dans sa vie.
Ainsi comment peut-il se réjouir de sa vie dans le monde à venir ? C’est pourquoi il est écrit : « cette iniquité ne sera pas expiée par toi », c’est-à-dire les erreurs, « jusqu’à ta mort », c’est-à-dire avant qu’il ne meure, et ainsi il a empêché d’expier.
127) Il est aussi écrit « l’attribut du moyen », c’est-à-dire que ce texte parle du moment où l’homme s’est repenti par crainte. A ce moment, l’homme est appelé « moyen ». Pourtant, qu’est-il écrit à propos de « l’attribut des méchants » ? En d’autres mots, qu’advient-il de la période où il était dans la dissimulation de la face, qui était alors appelée « l’attribut des méchants » ? Nous avons appris que la repentance par crainte ne corrige pas le passé de l’homme, avant qu’il ne se soit repenti.
De ce fait, le texte apporte un autre verset : « Viens, j’apporterai du vin et nous nous enivrerons ; et demain sera comme aujourd’hui ». Cela veut dire que ces jours et ces années passés depuis le temps de la dissimulation de la face, qu’il n’a pas encore corrigés, appelés « l’attribut des méchants », ils ne veulent pas qu’il meurt, puisqu’ils n’ont aucune part après la mort dans le monde à venir, étant l’attribut des méchants.
Par conséquent, dès que l’attribut du moyen en lui est joyeux et se réjouit, « car demain nous mourrons », et il sera récompensé de la vie dans le monde à venir, en même temps, l’attribut des méchants en lui ne dit pas la même chose. Il dit plutôt « et demain sera comme aujourd’hui », c’est-à-dire qu’il souhaite vivre heureux dans ce monde pour toujours, car il n’a toujours pas de part dans le monde à venir, puisqu’il ne l’a pas corrigé, et qu’il n’est corrigé que par la repentance par amour.
128) Il est écrit « Le juste perd », c’est-à-dire l’attribut du juste complet, qu’un homme devrait mériter, est perdu pour lui. « Et personne ne prête attention au juste qui est éliminé à cause du mal ». En d’autres mots, le moyen n’a pas souffert avec le public, il ne peut donc pas atteindre la repentance par amour, qui transforme les malveillances en vertus et les maux en plaisirs merveilleux. A la place, toutes les erreurs et le mal dont l’homme a souffert avant d’avoir été récompensé de la repentance par crainte, subsistent encore dans l’attribut des méchants, qui ressentent des désastres de Sa Providence. Et à cause de ces désastres qu’ils ressentent encore, ils ne peuvent pas être récompensés ni être des justes complets.
Les écrits disent « et personne ne prête attention » c’est-à-dire que cet homme ne prend pas à cœur « à cause du mal ». En d’autres mots, à cause des « désastres » que l’homme ressent encore de son passé dans Sa providence, « le juste périt » c’est-à-dire qu’il perd l’attribut du juste. Et il mourra et quittera le monde comme un simple moyen. Tout cela concerne celui qui ne souffre pas avec le public et qui n’est pas récompensé ni ne voit le réconfort du public, car il ne sera pas capable de le juger favorablement ni de voir son réconfort. De ce fait, il ne sera jamais récompensé de l’attribut du juste.
129) De tout ce qui a été dit plus haut, nous avons mérité de savoir qu’il n’y a pas d’être né d’une femme qui n’expérimentera pas les trois attributs susmentionnés: l’attribut des méchants, l’attribut des moyens, l’attribut des justes.
Ils sont appelés Midot (attributs) puisqu’ils proviennent de Midot (mesures) de leur atteinte de Sa providence. Et comme nos sages l’ont dit : « l’homme est mesuré selon la mesure avec laquelle il mesure » (Soutah 8).Car ceux qui atteignent Sa Providence dans la dissimulation de la face sont considérés méchants, soit méchants incomplets d’après la simple dissimulation ou méchants complets dans la double dissimulation.
Et parce qu’ils pensent et ressentent que le monde est conduit par une mauvaise Providence, c’est comme s’ils se condamnaient eux-mêmes, puisqu’ils reçoivent des tourments et des peines de Sa providence et ils se sentent mal toute la journée. Et ils condamnent encore plus en pensant qu’une mauvaise providence veille sur tous les peuples du monde, comme sur eux.
De ce fait, ceux qui atteignent la Providence selon la perspective de la dissimulation de la face sont appelés « méchants », puisque ce nom apparaît en eux de la profondeur de leur sensation. Or cela dépend de la compréhension du cœur. La parole ou la pensée qui justifie Sa providence ne compte pas du tout, quand elle s’oppose à la sensation de tous les organes et des sens qui ne savent pas se forcer à mentir comme elle peut le faire.
De ce fait, ceux qui sont dans cette mesure d’atteinte de Sa providence sont considérés comme s’étant condamnés eux-mêmes et ayant condamné le monde entier à la faute, comme il est écrit à propos des paroles de Rabbi Eléazar, fils de Rabbi Shimon. Il en est ainsi parce qu’ils imaginent qu’une mauvaise providence veille sur les peuples du monde, comme sur eux, comme cela sied à Son nom, « le Bien qui fait le bien aux méchants et aux gentils ».
130) Ceux qui ont été récompensés de la sensation de Sa providence, dans la forme du premier degré de la révélation de la face, appelée « repentance par crainte », sont appelés moyens. Il en est ainsi parce que leurs émotions sont partagées en deux parties, appelées les « deux plateaux de la balance ». Maintenant qu’ils ont été récompensés de la révélation de la face, selon « tu verras ton monde durant ta vie », ils ont déjà tout du moins atteint dès à présent, Sa bonne providence comme il sied à Son nom de « Bon ». Ils sont, de ce fait, sur l’échelle du mérite.
Cependant, toute la peine et les tourments amers qui ont bien été gravés dans leurs sentiments durant toutes les journées et les années où ils ont reçu la Providence de la face cachée, c’est-à-dire, dans le passé, avant d’être récompensé de ladite repentance, voici qu’ils subsistent tous et sont appelés « la balance de la faute ».
Puisqu’ils ont ces deux plateaux, se tenant l’un en face de l’autre, de façon qu’avant leur repentance se dresse la balance de la faute, et après leur repentance c’est la balance du mérite qui leur est assuré. Le « moment » de la repentance se tient « entre » la faute et le mérite, et de ce fait ils sont appelés « moyens ».
131) Ceux qui sont récompensés de la révélation de la face du second degré, appelée « repentance par amour », quand les malveillances deviennent des mérites, et font pencher le plateau des fautes, vers le plateau du mérite. Cela signifie que toute la peine et les afflictions gravées dans leurs os, durant la providence de la dissimulation de la face, se sont maintenant rendues et sont devenues la balance du mérite ». Il en est ainsi parce que chaque peine et affliction s’est transformée en un plaisir magnifique et sans fin. Ils sont appelés maintenant « justes », car ils justifient Sa providence.
132) Nous devons savoir que l’attribut des moyens, ci-dessus, s’applique même quand l’homme est sous la providence de la dissimulation de la face, car par de grands efforts dans la foi en la récompense et la punition, une grande lumière de confiance dans le Créateur leur apparaît. Ils sont alors récompensés du degré de la révélation de Sa face, dans la mesure des moyens. Mais l’inconvénient est qu’ils ne peuvent pas rester de façon permanente à leurs degrés, puisque qu’y rester en permanence n’est possible que par la repentance par crainte.
133) Nous devons aussi savoir que ce que nous avons dit, qu’il n’y a de choix que lorsqu’il y a dissimulation de la face, et ne veut pas dire qu’après qu’une personne ait été récompensée de la providence de la révélation de la face, il n’y ait plus de travail ou d’effort à faire dans l’engagement dans la Torah et les Mitsvot. Bien au contraire, l’essentiel du travail dans la Torah et les Mitsvot, comme il se doit, commence après que l’homme ait été récompensé de la repentance par amour. Ce n’est qu’alors qu’il est capable de s’engager dans la Torah et les Mitsvot avec amour et crainte, comme il nous est ordonné, « Et le monde n’a été créé que pour le juste complet » (Brakhot 61).
La chose ressemble à un roi qui souhaitait choisir pour lui-même ses plus loyaux sujets de son pays, et les amener à son palais pour qu’ils y travaillent. Qu’a-t-il fait ? Il a publié un décret qui stipulait que quiconque le souhaitait, jeune ou vieux, pouvait venir au palais pour s’engager dans des travaux à l’intérieur du palais. Cependant, il assigna beaucoup de ses serviteurs pour garder l’entrée du palais et toutes les routes y menant, et leur ordonna d’induire en erreur, avec ruse, tous ceux qui s’approcheraient du palais et de les détourner du chemin qui mène au palais.
Naturellement, tous les gens du pays commencèrent à affluer vers le palais du roi, et, en effet, furent repoussés avec ruse par les gardes diligents. Beaucoup d’entre eux réussirent à passer les gardes et à se rapprocher de l’entrée du palais, mais les gardes à l’entrée étaient des plus diligents, et si quelqu’un s’approchait de la porte, ils le déviaient et le repoussaient avec grande astuce, jusqu’à ce qu’il s’en aille comme il était venu. Et ainsi ils retournaient, et venaient et repartaient, et regagnaient de la force et revenaient et repartaient, ainsi de suite jour après jour, d’année en année, jusqu’à ce qu’à se lasser de réessayer. Et, uniquement, les héros parmi eux, ceux qui ont été patients et qui ont vaincu ces gardes, et qui ont ouvert la porte, ont été récompensés d’être accueilli immédiatement par le Roi, qui assigna à chacun d’eux le rôle lui convenant. Bien sûr, à partir de ce moment, ils n’ont plus eu à faire avec ces gardes, qui les avaient détournés et repoussés, et leur avaient rendu la vie amère pendant plusieurs jours et années, à aller et venir vers l’entrée. Ils ont ainsi été récompensés de travail et de servir devant la splendeur de la lumière de la face du Roi dans Son palais.
Tel est le travail des justes complets. Le choix appliqué durant la dissimulation de la face, ne s’applique certainement plus dès qu’ils ont ouvert la porte pour atteindre la providence révélée. Ils commencent, en effet, principalement, Son travail dans le discernement de la révélation de la face. A ce moment, ils commencent à gravir les nombreux degrés de l’échelle établie sur terre, et dont le sommet atteint le ciel, comme il est écrit « Les justes iront de force en force ». C’est comme nos sages ont dit « Chaque juste est brûlé par le dais de son ami ». Ces travaux les préparent à la volonté du Créateur, pour que Sa pensée de la Création se réalise en eux, qui est de « réjouir Ses créatures » selon Sa bonne et généreuse main.
134) Il faut connaître cette loi supérieure, qu’il n’y a de révélation qu’à l’endroit où il y avait une dissimulation. C’est comme dans ce monde où l’absence précède l’existence, comme le blé pousse uniquement là où il a été semé et a pourri. De même des choses élevées, où la dissimulation et la révélation ont la même relation que la mèche et la lumière qui s’y attrape. C’est parce que chaque dissimulation, une fois corrigée, est la raison de la révélation de la lumière relative à ce type de dissimulation, et la lumière qui apparaît y adhère comme la lumière à la mèche. Rappelez-vous de cela en chemin.
135) Maintenant vous pouvez comprendre ce que nous sages ont écrit, que la Torah entière porte les noms du Créateur. C’est en quelque sorte déroutant, vu que nous y trouvons beaucoup de grossièretés, comme les noms des méchants – Pharaon, Balaam etc., interdiction, impureté, malédictions impitoyables dans les deux admonestations et ainsi de suite. Ainsi, comment pouvons-nous comprendre que tous ces noms soient ceux du Créateur ?
136) Pour comprendre cela, nous devons savoir que Ses voies ne sont pas les nôtres. Par nos voies nous arrivons de l’imperfection à la perfection, et par Sa voie, toutes les révélations nous viennent de la perfection à l’imperfection. Car au début, la perfection complète émane et émerge de Lui, et cette perfection descend de Sa face, et s’enchaine de restriction en restriction à travers plusieurs étapes, jusqu’à la dernière phase, la plus réduite, convenant à notre monde matériel. Et cela nous apparait ici dans ce monde.
137) Et de ce qui a été dit, vous saurez que la Torah, dont la hauteur de sa grâce est infinie, n’a pas émané et émergé immédiatement de Lui, telle que nous la trouvons sous nos yeux ici dans ce monde, car nous savons bien que « la Torah et le Saint Béni soit-il ne font qu’Un ». Cela n’apparait pas dans la Torah de ce monde, et plus encore, à celui qui l’étudie Lo Lishma, Sa Torah devient une potion de mort.
Cependant, comme ci-dessus, quand elle émana de Lui, elle émana et émergea dans une perfection absolue, ce qui veut dire, selon « la Torah et le Créateur ne sont qu’Un ». C’est ce qui est nommé Torah de Atsilout dans l’introduction aux corrections du Zohar (p 3) « Lui, Sa vie et Lui-même sont Un ». Ensuite, elle descendit de Sa face, et se réduisit à travers les échelons par de nombreuses restrictions, jusqu’à être donnée du Sinaï, étant écrite telle qu’elle est sous nos yeux ici dans ce monde, revêtue de l’habillement grossier du monde matériel.
138) Cependant vous saurez que, bien que la distance entre l’habillement de la Torah dans ce monde, et l’habillement dans le monde d’Atsilout soit infinie, malgré tout, la Torah elle-même, c’est-à-dire, la lumière qui se trouve dans l’habillement, ne change pas du tout entre la Torah d’Atsilout et celle de ce monde, comme il est dit « Moi le Seigneur, Je ne change pas » (Malachie 3-6)
De plus, cet habillement grossier de notre Torah de Assya, ne rabaisse en aucune manière la valeur de la lumière qui s’en revêt. Bien au contraire, son importance a de loin plus de valeur du point de vue de son Gmar Tikoun, que tout son habillement pur des mondes supérieurs.
Il en est ainsi car la dissimulation est la cause de la révélation. La dissimulation, après avoir été corrigée au moment de la révélation, devient la révélation, comme la mèche et la flamme qui y adhère. Plus la dissimulation est grande, plus la lumière qui y apparaîtra et s’y maintiendra sera grande pendant sa correction. Donc tous ces habillements grossiers, dont la Torah s’est revêtue dans ce monde, ne dévaluent en aucune manière la Lumière qui s’y revêt, mais bien au contraire.
139) C’est en cela que Moïse vainquit les anges, par son argument « Il n’y a pas de jalousie entre vous, le mauvais penchant est entre vous » (Shabbat 89). Ce qui veut dire, comme expliqué, que la dissimulation la plus grande révèle la plus grande Lumière. Et il leur a montré que par l’habillement pur dont la Torah se revêt en eux dans le monde des anges, ils ne peuvent pas découvrir les lumières les plus grandes, comme cela est possible dans l’habillement de ce monde.
140) Il est déjà clair, qu’il n’y a aucun changement dans la Torah de Atsilout, où « la Torah et le Créateur sont Un », jusqu’à la Torah de ce monde. Tout le discernement n’est que dans l’habillement. Car les habillements de ce monde dissimulent le Créateur et Le cachent.
Et sachez que selon Son revêtement dans la Torah, il porte le nom « enseignant », pour vous informer que même pendant la dissimulation de la face, et même dans la double dissimulation, le Créateur réside et se revêt dans la Torah. Car Il est « l’enseignant » et elle est la « Torah » [enseigment]. Mais, à nos yeux, les habits grossier de la Torah sont comme des ailes, qui couvrent et cachent l’Enseignant qui en est revêtu et qui S’y cache.
Certes, quand l’homme est récompensé de la révélation de la face par la repentance par amour du quatrième discernement, il est dit de lui « Et ton enseignant ne se cachera plus, et tes yeux verront ton enseignant » (Isaïe 30-20), car à partir de là, les habits de la « Torah » ne dissimulent et ne cachent plus l’enseignant ». Et il découvre éternellement que « la Torah et le Créateur sont Un ».
141) Par cela vous comprendrez ce qui est écrit : « Abandonnez-Moi, et gardez Ma Torah ». Ce qui veut dire : « Je souhaite qu’ils Me laissent et qu’ils gardent Ma Torah, la lumière en elle les ramènera au bien » (Talmud de Jérusalem, Haguiga page 6b). Ce qui est en quelque sorte bizarre. En effet leur intention était de jeûner et de se tourmenter pour trouver la révélation de Sa face, comme dans le verset « Ils aiment la proximité de Dieu » (Isaïe 58-2).
Et le texte leur dit, au nom du Créateur: « Je souhaite que vous m’abandonniez, car tout votre travail est en vain, et ne sert à rien, car Je ne me trouve nulle part, excepté dans la Torah. C’est pourquoi, gardez la Torah et cherchez-y Moi, et la lumière en elle vous ramènera au bien, et vous Me trouverez », comme il est expliqué dans le verset « Et ceux qui Me cherchent me trouveront ».
142) Nous pouvons à présent expliquer un peu l’essence de la sagesse de la Kabbale, pour avoir une notion fidèle et suffisante de la qualité de cette sagesse, pour ne pas nous tromper à cause de fausses idées que la majorité des foules s’imagine.
Vous devez savoir que la Torah est divisée en quatre aspects, qui incluent toute la réalité. Car trois aspects sont distingués dans toute la réalité de ce monde, et sont nommés : le monde, l’année, l’âme. Et le quatrième aspect est la voie d’existence de ces trois parties de la réalité, à savoir, leur alimentation, leur conduite, et toutes leurs circonstances.
143) L’extériorité de la réalité, comme le ciel et le firmament, la terre et les mers, etc., qui sont inscrits dans la Torah, tous ceux-là sont nommés « monde ».
L’intériorité de la réalité, à savoir, l’homme et la bête, et l’animal et les sortes d’oiseaux, etc., mentionnés dans la Torah, et qui se trouvent dans les endroits ci-dessus appelés « extériorité », sont intitulés « âme ».
L’évolution de la réalité à travers les générations est nommée cause et effet. Par exemple, la succession des chefs des générations, depuis Adam HaRishon jusqu’à Josué et Caleb qui sont entrés dans le pays, qui est cités dans la Torah, et où le père est discerné comme la « cause » de son fils qui a été «causé » par lui. Cet aspect de l’évolution des détails de la réalité de cause à effet mentionné, est nommé « année ».
Et toutes les voies de subsistance de toute la réalité, extérieures et intérieures ci-dessus, dans toutes leurs conduites et circonstances, rapportées dans la Torah, sont appelées « l’existence de la réalité ».
144) Sachez que les quatre mondes, appelés dans la sagesse de la Kabbale Atsilout, Briya, Yetsira, Assya, quand ils se sont enchainés et sortis, sont issus l’un de l’autre comme le sceau et l’empreinte. C’est-à-dire, comme tout ce qui est inscrit dans le sceau est forcément découvert et sort dans son empreinte, ni plus ni moins. C’est ainsi que les mondes ont évolué. De sorte que les quatre discernements qui sont monde-année-âme et leurs existences dans le monde d’Atsilout, en ont tous émergé et en ont été empreints, et leur modèle est également apparu dans le monde de Briya. Et ainsi du monde de Briya au monde de Yetsira, jusqu’au monde d’Assya.
De sorte que tous les trois discernements qui sont dans la réalité qui est devant nous, appelés monde-année-âme et toutes leurs voies d’existence présentées à nos yeux, ici, dans ce monde, se sont étendus et sont apparus ici du monde de Yetsira. Et dans Yetsira de celui au-dessus de lui.
De sorte que l’origine de tous ces nombreux détails, sous nos yeux, se trouve dans le monde d’Atsilout. Et plus encore, même ces nouveautés qui se renouvellent de nos jours dans ce monde, chaque innovation doit être forcément découverte d’abord en-haut dans le monde d’Atsilout. Et de là, elle s’enchaine et apparaît dans ce monde.
Nos sages ont écrit « Il n’y a aucune herbe en bas, qui n’ait pas sur elle un destin et un gardien en haut, qui la frappe et lui dise de pousser » (Bereshit Raba 81). Il est écrit « Il n’y a personne qui lève le doigt en bas, avant que ce ne soit proclamé en haut » (Khoulin p 7).
145) Sachez que l’habit de la Torah dans les trois discernements de la réalité monde-année-âme, et leurs existences matérielles dans ce monde, engendre l’interdiction et l’impureté et la proscription, qui se trouvent dans la Torah révélée, comme expliqué ci-dessus, dont le Créateur se revêt, dans « la Torah et le Créateur sont Un », mais en dissimulation et en grande cachette, car ces habits matériels sont les ailes qui Le couvrent et Le cachent.
En effet, l’habit de la Torah dans les formes pures monde-année-âme et leur existence dans les trois mondes supérieurs, appelés Atsilout, Briya, Yetsira, s’appelle généralement « la sagesse de la Kabbale ».
146) De sorte que la sagesse de la Kabbale et la Torah révélée sont identiques. Mais quand l’homme reçoit la providence de la dissimulation de la face, et que le Créateur se cache dans la Torah, cela est considéré comme l’étude de la Torah révélée. Ce qui veut dire, qu’il ne peut recevoir aucune illumination de la Torah de Yetsira, et il est même inutile de dire au-dessus de Yetsira.
Quand l’homme est récompensé de la révélation de la face, il commence alors à s’engager dans la sagesse de la Kabbale. C’est parce que les habits de la Torah révélée eux-mêmes se sont purifiés et sa Torah est devenue la Torah de Yetsira, qui est appelée « sagesse de la Kabbale ». Et même celui qui est récompensé de la Torah d’Atsilout, cela ne veut pas dire que les lettres de la Torah ont changé, mais plutôt que ces habits mêmes de la Torah révélée se sont purifiés en lui et sont devenus des habits très purs, car ils sont devenus comme il est écrit « Et ton enseignant ne se cachera plus, et tes yeux verront ton enseignant», car alors ils sont devenus comme « Lui, Sa vie et Lui-même sont Un ».
147) Et pour un peu rapprocher cela de l’esprit, je vous en donnerai un exemple. Quand l’homme était dans la dissimulation de la face, les lettres et les habits de la Torah cachaient forcément le Créateur, et donc il échouait dans les malveillances et les erreurs qu’il a commises. Et il était alors sous la verge de la punition, les habits grossiers dans la Torah, qui sont l’impureté, l’interdiction et la proscription etc.
Cependant, quand il est récompensé de la providence révélée, et de la repentance par amour, où les malveillances deviennent des mérites, toutes les malveillances et les erreurs, dans lesquelles il a échoué étant sous la dissimulation de la face, se sont dévêtues à présent de leurs habits grossiers et très amers, et se sont revêtues d’habits de lumière et de Mitsva et de mérites. Car ces mêmes habits grossiers se sont transformés en mérites, qui sont maintenant des habits s’étendant du monde d’Atsilout ou Briya, qui n’enveloppent pas ni ne recouvrent « l’Enseignant », mais au contraire « et tes yeux verront ton Enseignant ».
Il n’y a donc aucun changement entre la Torah d’Atsilout et la Torah de ce monde, à savoir entre la sagesse de la Kabbale et la Torah révélée, mais la seule différence est entre les personnes qui s’engagent dans la Torah. Les deux s’engagent dans la Torah selon la même loi et le même langage, et malgré tout, pour l’une cette Torah sera la sagesse de la Kabbale et la Torah d’Atsilout, et pour l’autre la Torah sera celle d’Assya, la révélée.
148) Par cela vous comprendrez la justesse des mots du Gaon de Vilna dans le livre de prière dans la bénédiction de la Torah, où il a écrit, que l’on commence la Torah par Sod [secret], à savoir la Torah révélée d’Assya, qui est dissimulée, où Il se cache complètement. Et ensuite par Remez [indice], ce qui veut dire qu’il découvre beaucoup plus de la Torah de Yetsira. Jusqu’à être récompensé de Pshat (sens littéral), qui est la Torah d’Atsilout, appelée ainsi car elle s’est dévêtue de tous les habits qui cachent le Créateur.
149) Et après être arrivé ici, nous pouvons donner quelques notions et discernements des quatre mondes connus dans la sagesse de la Kabbale, sous les noms de Atsilout, Briya, Yetsira, Assya de sainteté, et des quatre mondes ABYA des écorces, présentés l’un opposé à l’autre, opposé à ABYA de la sainteté.
Vous comprendrez cela dans les quatre discernements de l’atteinte de Sa providence, et dans les quatre degrés de l’amour. Nous expliquerons d’abord les quatre mondes ABYA de sainteté [Kedousha]. Nous commencerons par le bas, du monde d’Assya.
150) Les deux premiers discernements de la providence de la dissimulation de la face, ont été expliqués plus haut. Sachez que les deux sont considérés comme le monde d’Assya. C’est pourquoi il est écrit dans le livre « L’arbre de vie », que le monde d’Assya est principalement mauvais, et même le peu de bien qui s’y trouve, est mêlé à la méchanceté et est méconnaissable.
De la première dissimulation découle surtout la méchanceté, à savoir les tourments et les douleurs que ressentent ceux qui reçoivent cette providence. De la double dissimulation, le bien est également mêlé au mal, et le bien est complètement méconnaissable.
Et le premier discernement de la révélation de la face est le monde de Yetsira, et il est écrit à ce sujet dans le livre « L’arbre de Vie » (porte 48 ch.3), que le monde de Yetsira est à moitié bon et à moitié mauvais. Ce qui veut dire, que celui qui atteint le premier discernement de la révélation de la face, étant le premier aspect de l’amour conditionnel, considéré seulement la « repentance par crainte », est appelé « moyen », et est à moitié coupable et à moitié innocent.
Le second discernement de l’amour est aussi conditionnel, mais où il n’y a aucune réminiscence entre eux d’aucun grief ni de mal, et le troisième discernement de l’amour est le premier discernement de l’amour inconditionnel, sont tous les deux considérés comme « du monde de Briya ».
Il est donc écrit à ce sujet dans le livre « L’arbre de vie », que le monde de Briya est en grande partie bon et un peu mauvais, et le peu de mal est indiscernable. A savoir, que le « moyen » est récompensé d’une seule Mitsva, il se juge sur la balance du mérite, et il est donc considéré comme « essentiellement bon » signifiant le deuxième discernement de l’amour.
Le peu de mal qui est indiscernable dans Briya, s’étend du troisième discernement de l’amour, lequel est inconditionnel. Et il s’est déjà jugé favorablement, mais il n’a pas encore jugé le monde entier, et c’est en cela que se trouve le peu de mal, car cet amour n’est pas encore considéré éternel. Cependant ce peu est indiscernable, car il n’a pas encore ressenti de méchanceté ni de grief même envers les autres.
Le quatrième discernement de l’amour, qui signifie l’amour inconditionnel, est lui aussi éternel, c’est celui du monde d’Atsilout. Il est écrit dans le livre « L’arbre de vie », qu’il n’y a pas du tout de mal dans le monde d’Atsilout. Et là, « le mal ne séjournera pas en toi ».
Après avoir également jugé favorablement le monde entier, l’amour est éternel et absolu, et aucun revêtement ni dissimulation n’existera plus jamais. Car c’est là l’endroit de la révélation complète de la face, comme dans le verset « Et ton Enseignant ne se cachera plus, et tes yeux verront ton Enseignant ». Il en est ainsi, car il connait déjà toutes les actions du Créateur envers toutes les créatures du point de vue de la providence véritable, découverte dans Son nom de Bien qui fait le bien pour les méchants et pour les gentils.
151) Vous comprendrez par cela aussi le discernement des quatre mondes d’ABYA de Klipa (écorce), opposés à ABYA de Kedousha, dans le verset « Dieu fit l’un opposé à l’autre ». Car le char des Klipot d’Assya vient de la dissimulation de la face dans ses deux degrés, car ce char domine pour que l’homme juge tout défavorablement.
Le monde de Yetsira de Klipa attrape dans ses mains la balance des fautes, qui n’est pas corrigée dans le monde de Yetsira de Kedousha. C’est ainsi qu’ils dominent les moyens, qui reçoivent du monde de Yetsira comme dans le verset « Dieu fit l’un opposé à l’autre ».
Le monde de Briya de Klipa, a entre ses mains la même force pour annuler l’amour conditionnel, ce qui veut dire annuler uniquement ce dont l’amour dépend. C’est-à-dire l’imperfection de l’amour du second discernement.
Le monde d’Atsilout de Klipa, attrape dans ses mains ce peu de mal qui est imperceptible dans Briya par le troisième discernement de l’amour. Car bien qu’il soit l’amour véritable par la force du Bien qui fait le bien pour les méchants et pour les gentils, qui est considéré comme Atsilout de Kedousha, et vu qu’il n’a pas été récompensé de juger favorablement le monde entier, les Klipot ont toute la force de faire échouer l’amour par la Providence sur les autres.
152) Il est écrit dans « L’arbre de vie » que le monde d’Atsilout de Klipot se tient en face du monde de Briya, et non en face du monde d’Atsilout, car du monde d’Atsilout de Kedousha, ne provient que le quatrième discernement de l’amour, et donc les Klipot n’ont aucun contrôle, vu qu’il a déjà jugé le monde entier favorablement, et qu’il connaît aussi toutes les actions du Créateur, dans sa Providence sur toutes les créatures, par la Providence de Son nom, de Bien et qui fait le bien pour les méchants et les gentils.
Mais dans le monde de Briya, d’où provient le troisième discernement, il n’a pas encore jugé le monde entier, et c’est pourquoi les Klipot s’y accrochent encore. Mais ces Klipot sont considérées comme Atsilout de Klipa, car elles sont en face du troisième discernement, qui est l’amour inconditionnel. Et cet amour est d’Atsilout.
153) Les quatre mondes ABYA de Kedousha et les Klipot ont donc été bien expliqués, les Klipot étant l’opposé de chacun des mondes. Ils sont considérés comme le manque qu’il y a dans leur monde correspondant, dans la Kedousha, et ils sont appelés les quatre mondes ABYA des Klipot.
154) Ces mots suffisent à chaque lecteur, pour ressentir quelque peu dans son esprit l’essence de la sagesse de la Kabbale. Et il convient que vous sachiez, que la plupart des auteurs de livres de Kabbale n’ont écrit leurs livres que pour des lecteurs qui ont déjà été récompensés de la révélation de la face, et de toutes les atteintes supérieures. Et ne posons pas la question, s’ils ont déjà été récompensés de l’atteinte, ils savent donc tout par leur propre atteinte, pourquoi devraient-ils donc encore étudier dans les livres de sagesse de la Kabbale des autres ?
Cependant cette question n’est pas intelligente, car cela ressemble à celui qui étudie la Torah révélée, et qui ne sait absolument rien des affaires de ce monde du point de vue monde-année-âme de ce monde, et ne sait rien de la conduite des gens et de leur comportement envers eux-mêmes et envers les autres. Et il ne sait rien des bêtes, des animaux et des oiseaux de ce monde.
Et vous viendriez-t-il à l’esprit, qu’une telle personne puisse comprendre correctement quelque texte dans la Torah ? Elle inverserait le sens des textes de la Torah de mauvais à bon, et de bon à mauvais, et ne s’y retrouverait pas.
De même notre cas : bien que l’homme ait été récompensé de l’atteinte, et même de l’atteinte de la Torah d’Atsilout, néanmoins, il ne percevrait pas ce qui touche à sa propre âme. Et il faut quand même encore connaitre les trois discernements monde-année-âme dans toutes leurs circonstances et conduites par une connaissance absolue, pour pouvoir comprendre les cas de la Torah relatifs à ce même monde.
Ces cas sont expliqués dans le livre du Zohar et les véritables livres de Kabbale dans tous leurs détails et précisions, ainsi tout sage et érudit doit examiner jour et nuit.
155) D’après cela il faut poser la question: s’il en est ainsi, pourquoi les kabbalistes ont-ils obligé chaque personne à étudier la sagesse de la Kabbale? En effet il y a en elle quelque chose d’élevé, qu’il est approprié de publier: il y a une Sgoula (remède) merveilleuse et infinie pour ceux qui s’engagent dans la sagesse de la Kabbale, et bien qu’ils ne comprennent pas ce qu’ils étudient, leur envie et leur fort désir de comprendre ce qu’ils étudient éveillent sur eux les lumières qui entourent leurs âmes.
Ce qui signifie que chaque personne d’Israël est assurée d’atteindre finalement toutes les merveilleuses atteintes que le Créateur a conçues dans la pensée de la création afin de réjouir chaque créature. Et celui qui n’en en pas été récompensé dans cette vie, le sera dans la prochaine, et ainsi de suite, jusqu’à être récompensé de compléter Sa pensée qu’Il a conçue pour lui.
Et tant que l’homme n’a pas atteint la perfection, toutes ces mêmes lumières, qui lui sont destinées, sont considérées comme des Lumières Environnantes (Orot Mekifim). Ce qui signifie qu’elles sont prêtes pour lui, mais elles attendent que l’homme purifie son Kli (récipient) de réception, et c’est alors que ces lumières se revêtiront dans ces récipients adéquats.
C’est pourquoi, même quand l’homme n’a pas les Kélim, mais qu’il s’engage dans cette sagesse, et mentionne les noms des lumières et des Kélim, qui sont relatives à son âme, elles l’illuminent immédiatement, dans une certaine mesure. Elles l’illuminent sans le revêtement de l’intériorité de son âme, vu que les Kélim appropriés pour leur réception manquent. Cependant l’illumination qu’il reçoit chaque fois qu’il étudie, attire sur lui la Grâce des Cieux, et lui accorde une abondance de sainteté et de pureté, qui rapprochent beaucoup l’homme de l’atteinte de sa perfection.
156) Mais il y a une condition sévère à l’engagement dans cette sagesse, qui est de ne pas la réaliser à des fins imaginaires ni matérielles, qui transgressent le commandement « Tu ne feras pas d’idole ni de représentation quelconque ». Car cela, au contraire, leur nuira plutôt que de leur servir. C’est pourquoi nos sages ont averti de n’étudier la sagesse qu’après l’âge de quarante ans, ou bien de la bouche d’un Rav, etc., autres précautions. Et tout cela pour la raison ci-dessus.
Et c’est pour sauver les lecteurs de toute matérialisation, que j’ai composé le livre « Talmud des dix Sefirot » du Ari, où je rassemble les livres du Ari, tous les articles principaux touchant à l’explication des dix Sefirot, en simplicité et dans un langage aussi facile que possible. J’en ai ordonné le tableau de questions et le tableau de réponses, pour tous les mots et tous les sujets. « Et que la volonté de Dieu réussisse entre ses mains ».